Lors de la première séance plénière des deux chambres du Parlement, le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch a exposé les grandes lignes de son programme devant les élus de la Nation, conformément à l'article 88 de la Constitution. Un programme social par excellence qui compte traduire en réalité les recommandations du nouveau modèle de développement. Détails. Le programme présenté par M. Akhannouch veut institutionnaliser la justice sociale afin d'élargir la classe moyenne promouvoir son pouvoir d'achat et ses capacités d'épargne. A cet égard, le gouvernement s'engage à créer les conditions propices à l'émergence d'une classe moyenne surtout dans le monde rural. Etat social : Priorité à l'amélioration des services publics Lors de son allocution, le Chef de l'Exécutif a désigné trios priorités qui devraient guider l'action gouvernementale. Le nouveau gouvernement s'engage à édifier un nouvel Etat social, protecteur et garant des équilibres sociaux économiques. Le projet royal de la généralisation de la couverture sociale constitue la pierre angulaire de ce futur Etat providence. Aziz Akhannouch s'est engagé devant les parlementaire à mettre en œuvre progressivement le chantier de sécurité sociale universelle, prévu sur cinq ans (2020-2025). En outre, le nouveau gouvernement est déterminé à accompagner ce projet en créant parallèlement un mécanisme de soutien des familles en situation de précarité. Parmi les mesures prévues dans ce sens: le versement d'un revenu minimum au profit des personnes âgées et d'allocations familiales aux foyers vulnérables. Le Chef du gouvernement s'est engagé également à réformer le système d'aide social, en intégrant les différentes caisses existences pour aboutir à un système d'aide direct. Pour ce faire, le programme de l'Exécutif compte accélérer la mise en place du registre social unifié qui permet un ciblage efficace des bénéficiaires. Outre cela, le gouvernement veut mettre en place une carte sanitaire destinée à limiter les dépenses directes des ménages dans les soins médicaux. Conscient du fait que la généralisation de la couverture sociale entrainera une hausse de la demande sur les services médicaux, le gouvernement prévoit une réforme globale du système de Santé, en s'engageant à augmenter le budget alloué au secteur. L'objectif principal est le redressement de l'hôpital public par la hausse des effectifs du personnel médical et l'amélioration de leur condition de travail. La réforme du système passe également par une meilleure couverture territoriale. Autre point abordé, la réforme de la politique pharmaceutique et la mise en place d'une organisation de travail basée sur la motivation sont pour le Chef du gouvernement des axes tout aussi prioritaires pour revigorer l'hôpital marocain. Concernant l'éducation, la refonte de l'école publique est tout aussi importante que celle de l'hôpital dans le programme gouvernemental. Aziz Akhannouch a exprimé la détermination de son équipe à réhabiliter le métier d'enseignant par une rémunération plus valorisante, surtout en début de parcours. À cet égard, le Chef de l'Exécutif s'est engagé à redémarrer le dialogue avec les syndicats les plus représentatives du secteur pour discuter notamment de le la hausse des salaires des enseignants en début de parcours. Cette valorisation devrait être réservée aux détenteurs de diplômes d'études des centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation. Ceci dit, "le gouvernement fera de l'investissement dans le capital humain une priorité pour permettre au secteur public et privé de satisfaire ses besoins en matière de recrutement". Tous ces mesures visent à faire du Royaume l'un des 60 meilleurs pays au monde en termes de la qualité de l'enseignement. Pour sa part, la réforme de l'université marocaine figure parmi les objectifs du gouvernement, qui compte, selon M. Akhannouch, d'investir davantage dans les infrastructures et veiller à l'ouverture du monde académique sur les besoins de l'économie nationale. Economie : La création d'emploi au centre de toute politique Sortir le pays de la crise économique due à la pandémie est en tête des préoccupations du nouveau gouvernement, Aziz Akhannouch a fixé cinq priorités en termes de politique économique à savoir la relance immédiate de l'économie nationale, le soutien public au tissu entrepreneurial et aux projets prometteurs, la poursuite des réformes structurelles de l'économie nationale, la mise en place de politiques sectorielles ambitieuses et la promotion de l'inclusion économique des femmes. Le programme gouvernemental veut hausser leur participation dans la vie économique à 30% au lieu de 20%. Un objectif qui s'ajoute à l'objectif de créer un million d'emplois au cours de ce quinquennat. Concrètement, l'Exécutif veut construire sa politique économique sur la base de la création d'emploi, avec une attention particulière aux personnes sans qualification professionnelles. Aziz Akhannouch a fait part de l'ambition du gouvernement de créer au bout de deux ans, plus de 250.000 emplois en faveurs des personnes impactés par la crise du covis-19, sans conditions de qualifications et ce dans le cadre de contrats d'intérim. Ces emplois devraient émaner de grands chantiers publics, lancé en partenariat avec les collectivités territoriales et la société civile. En parallèle, le nouveau gouvernement compte soutenir l'entreprenariat et l'initiative privée en donnant un nouvel élan au programme Intilaka, lancé par le souverain en 2020. Il s'agit d'un des piliers du programme de Relance de l'économie nationale, qui s'articule également sur le soutien aux entreprises nationales et aux projets productifs, par le biais du Fonds Mohammed VI pour l'investissement. Aziz Akhannouch a expliqué que ce fonds sera orienté aussi vers le financement des "industries vertes", la transition numérique et la relance du secteur touristique. En plus, la stratégie de relance sera accompagnée, selon le Chef de l'Exécutif, par une amélioration du climat des affaires, par la mise en place d'une Charte de l'investissement, dans les plus brefs délais. À cet engagement s'ajoute l'accélération de la création de la l'Agence nationale de la gestion stratégique des participations de l'Etat. Une instance dont le but est de veiller à l'optimisation du rendement des établissements et entreprises publics. Décentralisation, gouvernance et régionalisation avancée Tout cela ne pourrait aboutir sans la réforme de l'administration afin de garantir l'amélioration de sa bonne gouvernance. Dans ce sens, l'Exécutif prévoit d'accélérer la reforme de l'administration dans une optique décentralisatrice, tout en activant la régionalisation avancée. A cet égard, il est impératif pour le nouveau gouvernement de transférer davantage de compétences au Conseils régionaux surtout en ce qui concerne les projets de développement et notamment ceux du monde rural. À ce titre, Aziz Akhannouch a précisé que son gouvernement est résolument déterminé à réaliser l'ambition royale de créer une classe moyenne dans le monde rural à travers des projets agricoles générateurs de valeur ajoutée.
Accélérer le temps législatif Concernant des rapports avec l'institution législative, le Chef du gouvernement aspire à une relation de complémentarité de coordination dans le cadre du principe de séparation des pouvoirs. Une relation qui permet à l'opposition parlementaire de jouir pleinement de son rôle de contrôle de l'action gouvernementale. Par ailleurs, il est impératif aux yeux de M. Akhannouch accélérer le temps législatif, et notamment la procédure législative pour adopter les lois et réformer le pays plus rapidement et plus efficacement.