Le Tribunal de Commerce de Casablanca a encore une fois autorisé la Samir à continuer ses activités pour trois mois. Une bonne et mauvaise nouvelle, selon le Front National pour la Sauvegarde de la raffinerie la Samir (FNSS). "Les bénéfices obscènes des hydrocarbures au Maroc sont estimés à 8 milliards de dirhams chaque année" - La Samir a été autorisée par le Tribunal de Commerce de Casablanca, le 15 avril, à continuer son activité pour trois mois, en vue de sauver la raffinerie et les employés. Quand est-ce que cette société pourra-t-elle continuer son activité normalement ? - Cette autorisation est donnée par le Tribunal de Commerce de Casablanca tous les trois mois, et ce, depuis le 21 mars 2016, date où la société Samir a fait l'objet d'une procédure de liquidation judiciaire décidée par le Tribunal de Commerce de Casablanca. Ainsi, la Samir est autorisée à poursuivre ses activités et sauvegarder ainsi l'emploi des travailleurs. Si l'atteinte de ces objectifs échoue, le Tribunal de Commerce sera obligé de ne plus autoriser la Samir à continuer ses activités, pour ensuite passer à ce qu'on appelle la liquidation judiciaire simplifiée, avec pour conséquence la fermeture de la société et le licenciement des salariés et des fonctionnaires. C'est la raison pour laquelle nous avertissons toutes les parties prenantes de ce dossier, dont le gouvernement, d'assumer leurs responsabilités pour aider la Samir à rester sur le bon chemin. - Quelle est l'ultime solution, selon vous ? - Nous croyons fort que le gouvernement, qui a préféré la distribution au raffinage, doit passer en revue ses choix. Dans ce cadre, nous proposons la cession de cette compagnie de raffinage à l'Etat. C'est une solution plausible, à laquelle il faut répondre favorablement, avant qu'il ne soit trop tard. - A quel point la solution que vous proposez, à savoir la cession des actifs de la Samir à l'Etat, sera-t-elle bénéfique ? - Le dossier de la Samir a beaucoup de bienfaits pour le pays, et pour les Marocains, sur tous les plans. Autrement dit, les Marocains perdront beaucoup de choses en cas d'arrêt des activités de la Samir. La reprise normale des activités de la Samir participera à l'augmentation du stock national des hydrocarbures, ce qui impacte directement leurs prix sur le marché au Royaume. Selon nos calculs, l'actuel prix de vente d'un litre du diesel, après la libéralisation des prix des hydrocarbures à la fin de 2015, décidée par le gouvernement de Benkirane, dépasse le prix qui devait être placé, avec une différence allant jusqu'à 1,30 dhs par litre. Au total, les bénéfices obscènes des hydrocarbures au Maroc sont estimés à 38 milliards de dirhams depuis cette date. Autrement dit, 8 milliards de dhs sont perdus chaque année. Autre bénéfice, quand on dispose d'une raffinerie, on dispose des moyens de pression pour acheter les matières premières les moins chères. En cas d'absence de cette raffinerie, le seul choix dont on dispose est l'importation des produits finis à prix élevés. - Devant le dossier de la Samir, le gouvernement est réticent. Pourquoi, selon vous ? - L'histoire témoigne que l'actuel gouvernement, qui s'inscrit dans la continuité du gouvernement de Benkirane, qui a causé l'arrêt de la Samir, est un gouvernement qui nous a fait vivre des catastrophes sur tous les plans. Il essayait depuis le début de mettre ce dossier de côté pour en faire bénéficier les lobbies, au détriment du pouvoir d'achat des Marocains. Nous espérons que d'ici les prochaines élections électorales, la Samir soit sauvée. Tribunal de Commerce de Casablanca Une lueur d'espoir a encore jailli Jeudi 15 avril, le Tribunal de Commerce de Casablanca a décidé d'autoriser la poursuite de l'activité de la Samir pour 3 mois supplémentaires. Il est envisagé, à travers cette disposition, de permettre la poursuite de la reprise de la production par l'entreprise et de protéger les intérêts des créanciers et les droits des travailleurs. "Si le tribunal ouvre les portes de l'espoir à travers ces dispositions afin de sauver cette entreprise nationale, alors que fait le gouvernement marocain pour protéger les intérêts associés à cette entreprise, d'autant plus que de nombreuses offres portaient sur le rachat de l'entreprise et n'ont pas abouti ?", s'interroge El Houssine El Yamani, président du Front National pour la Sauvegarde de la raffinerie la Samir, également secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz. Et d'ajouter : "L'Etat peut-il demander l'acquisition des actifs de la société de Samir du fait qu'il détient plus de 60% de la dette ou soumet une renonciation à sa dette afin de faciliter une solution au transfert judiciaire ?". Pour mémoire, en 2016, le même Tribunal de Commerce avait rendu un jugement de liquidation judiciaire de la société «Samir», seule raffinerie au Maroc, après l'arrêt de la production, à l'été 2015, en raison de l'accumulation de ses dettes, qui s'élevaient à plus de 40 milliards de dirhams.