Taille de la délégation ministérielle française, « provocation » sur la question du Sahara, soutien au mouvement pro-démocratie du Hirak... sont autant de raisons qui attisent les flammes de la crise diplomatique entre Paris et Alger. Depuis samedi, les médias algériens ne prennent pas de repos suite à l'annulation de la visite prévue ce week-end à Alger du Premier ministre français Jean Castex, sous prétexte que la délégation française, composée de trois ou quatre ministres, n'est pas suffisante. « On est en droit de s'interroger sur le jeu trouble des autorités françaises », écrit l'éditorialiste du quotidien algérien francophone El Watan sous le titre: « Graves hostilités françaises ». « Le report de la visite de Castex confirme la profondeur du fossé entre l'Algérie et la France: la rupture s'amplifie », renchérit le journal arabophone El Khabar. Une pomme de discorde bien plus significative serait le conflit artificiel autour du Sahara marocain. La République en Marche, parti du président Macron, a annoncé jeudi la création d'un comité de soutien à Dakhla. Une initiative qui se profile comme grave erreur de la diplomatie française, selon Alger, dans sa qualité de parrain du Polisario. Le même jour, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a réitéré « le soutien de la France au plan d'autonomie marocain comme une base sérieuse et crédible » pour régler ce conflit. Une autre ligne rouge pour Alger, qui prétend depuis plusieurs années ne pas être partie prenante du conflit. La décision d'ouvrir un bureau à Dakhla est considérée comme « une provocation » de la France, insiste Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM) à Genève, dans un entretien accordé à El Khabar.