Le PJD semble bel et bien décidé à lutter jusqu'au bout pour éviter l'adoption de la nouvelle mouture de lois électorales et notamment l'amendement portant sur le quotient électoral. C'est une séance électrique qu'a connue la Commission de l'Intérieur de la Chambre des Conseillers le soir du mardi 9 mars. En effet, cette réunion, qui était consacrée à une lecture détaillée de la nouvelle loi éléctorale, s'est transformée en second round de la tumultueuse plénière de la 1ère Chambre du 5 mars. Les parlementaires du PJD ont, en effet, réitéré leur opposition aux amendements introduits par l'Intérieur, notamment sur la question du quotient électoral qui suscite l'ire des élus du parti de la lampe. Selon des personnes ayant assisté aux travaux de la commission, le débat aurait été plus qu'animé entre le chef du groupe PJD de la seconde Chambre, Nabil Cheikh, et Larbi Mharchi, membre du groupe du PAM. « Nihilistes, modernistes, fauteurs de troubles », les noms d'oiseaux ont fusé d'un côté comme de l'autre. Inflexible, le ministre de l'Intérieur a également été la cible des députés du PJD, à l'image de Nabil Cheikh qui a interpellé Abdelouafi Laftit en s'écriant : « L'on ne peut pas échapper au pire à chaque fois ». Une phrase qui fait allusion sur un ton menaçant à la période des printemps arabes. « Nous ne comprennons pas la posture victimisante du PJD sur cette question du quotient électoral. C'est un amendement qui concerne l'ensemble du paysage politique, toutes formations confondues, et pas seulement le PJD », déclare ainsi Abdeslam Lebbar, président du groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme » à la Chambre des Conseillers. Pour ce dernier, ce nouveau coup de gueule du PJD contre les nouvelles lois électorales n'apporte que plus de confusion au citoyen lambda sur la gestion de la chose publique. « Est-ce que le chef du Gouvernement représente l'Exécutif ou son parti ? Ces amendements sont en préparation depuis un moment et le PJD, comme d'autres partis, a participé à leur rédaction. Aujourd'hui, l'on ne comprend pas la position du PJD, surtout que le parti est en minorité. Il se doit donc de respecter le jeu démocratique », souligne Lebbar. Une nouvelle tentative de stopper l'adoption de cette nouvelle mouture de la loi électorale qui, comme celle du 5 mars, a essuyé un échec. La proposition de loi devrait ainsi suivre le circuit législtatif et sera présentée aujourd'hui même en Commission pour que les différents groupes présentent leurs amendements, avant d'être présentée en séance plénière le vendredi 12 mars. Repère L'amendement de la discorde Le PJD s'était éperdument cramponné au maintien de la formule actuelle, prétextant qu'il s'agit d'une réforme « antidémocratique », alors que l'explication résiderait dans le fait que ce changement causera une perte conséquente de 40 sièges pour le parti aux prochaines élections, selon des sources parlementaires contactées par nos soins. Sur ce point, le Parti de l'Istiqlal a présenté un amendement commun avec les groupes de l'Opposition (PAM et PPS), approuvé par la Commission de l'Intérieur. Le nouveau calcul permettrait d'assurer une meilleure représentativité des électeurs, d'un côté, et une reconfiguration des circonscriptions électorales, de l'autre. L'autre mesure phare apportée par la réforme est la révocation du seuil électoral, qui était fixé auparavant à 3%. Ce seuil éliminatoire n'entravera plus les petites formations qui pourraient rêver désormais de se faire représenter au Parlement.