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Fnideq : la population rejette l'aumône et réclame de vraies solutions
Publié dans L'opinion le 22 - 02 - 2021

Las des promesses d'une satisfaction à venir, les habitants de Fnideq ont encore une fois investi la rue, vendredi 19 février, protestant contre la détérioration de leur situation économique et rejetant les mesurettes gouvernementales.
Nous l'avions prédit sur les colonnes de « L'Opinion », mais désormais le constat est sans appel. Les habitants de Fnideq continueront à manifester, tant que le gouvernement ne met pas en place des solutions concrètes, qui répondent à leurs revendications, de sorte à atténuer leur misère.
D'ailleurs, interrogé à ce propos, Abdelaadim Ben Blal, membre du Conseil National du Parti de l'Istiqlal et militant pour les droits de l'Homme à Fnideq, nous informe que dans une notification adressée au gouvernement et aux responsables provinciaux et régionaux, les Istiqlaliens avaient « exhorté ces derniers à entreprendre des mesures concrètes, à même d'atténuer la misère de la population locale ».
À l'image des manifestations du 12 février, cette récente mobilisation (19 février) s'est déroulée de manière pacifique, contrairement aux protestations du 5 février, où les manifestations se sont terminées par des heurts entre une partie des manifestants et les forces de l'ordre et qui ont abouti à l'arrestation de quatre jeunes de la ville.
Distribution de paniers alimentaires et de bons d'achats : une action rejetée par la population locale
Suite à la première sortie de la population de la ville, le Wali de la région aurait, selon une source proche du dossier, tenu plusieurs réunions avec des acteurs politiques et associatifs afin de trouver des solutions à même d'atténuer la tension.
Les actions entreprises par les responsables de la région restent loin de convaincre la population de Fnideq. Celle-ci, loin de baisser les bras, continue de manifester son mécontentement pour la troisième semaine consécutive. Les habitants campent sur leurs positions, clamant la « réouverture du passage frontalier » et la « création d'opportunités de travail » alternatives à la contrebande qui, autrefois, faisait l'économie locale.
« Des demandes légitimes et justifiées d'une population abandonnée depuis la fermeture de la frontière avec la ville occupée de Sebta il y a plus d'un an », nous explique Abdelaadim Ben Blal, ajoutant que « le gouvernement n'a prévu aucune alternative après l'arrêt de la contrebande dans la région ».
En outre, le début des travaux dans la zone franche commerciale de Fnideq constitue l'action principale entreprise par les responsables de la région pour apporter une solution durable en l'absence de l'activité de contrebande. Une mesure saluée par tous les experts et les acteurs associatifs et politiques de la région contactés par nos soins, cependant, tous s'accordent à affirmer que cette action seule est loin d'être suffisante pour contenir l'énorme taux de chômage qu'a impliqué la fermeture des frontières.
« Cette zone profitera effectivement à une poignée d'investisseurs et créera quelques centaines d'opportunités d'emploi », nous explique Goudi Lhou, secrétaire de la section Fnideq du Parti de l'Istiqlal, qui fait remarquer que la ville compte des dizanes de milliers d'habitants.
Des maux sociaux déplorables
« Le calvaire de la population de Fnideq est non seulement économique, mais il porte également un trait social significatif », souligne Goudi, qui énumère certains exemples de la situation détériorée que vit la ville.
En raison de la fermeture des frontières et des restrictions résultant de la crise sanitaire, bon nombre de familles se sont retrouvées séparées, « puisque certains membres habitués à passer la semaine dans la ville occupée de Sebta, pour des obligations professionnelles, s'y sont retrouvés coincés », nous explique le secrétaire de la section Fnideq. Pour visiter leurs proches, ajoute-t-il, « il sont obligés de se déplacer jusqu'à Malaga, puis de prendre un avion pour Tanger, avant de pouvoir arriver à Fnideq. Alors qu'ils étaient habitués à un déplacement de 10 minutes pour rejoindre leurs familles ».
Aussi, Goudi rapporte que plusieurs jeunes, affectés par l'arrêt brutal de l'activité économique de la ville, s'aventurent aujourd'hui à atteindre à la nage la ville occupée, afin d'y trouver un moyen de subvenir à leurs besoins fondamentaux. Pour l'heure, force est de constater que mises à part quelques mesures de court terme, les habitants de Fnideq ne voient toujours pas le bout du tunnel et persistent à revendiquer des solutions durables.

Nabil LAAROUSSI
3 questions à Abdelaadim Ben Blal
« C'est de travail et de dignité dont les habitants de Fnideq ont besoin »
Abdelaadim Ben Blal, membre du Conseil National du Parti de l'Istiqlal et militant pour les droits de l'Homme à Fnideq, met la lumière sur plusieurs aspects des événements récents de la ville de Fnideq
- Quelle est votre lecture de la situation actuelle à Fnideq ?
- Le soulèvement de la population de Fnideq est tout à fait normal et ses préludes étaient remarquables. C'est le résultat du cumul de plusieurs mois de souffrance et de précarité que vit une grande partie des habitants de la ville, et ce, depuis la fermeture des frontières avec Sebta il y a plus d'un an. Des appels à trouver une alternative ont souvent été émis, sans trouver bon entendeur. D'ailleurs, en tant qu'istiqlaliens, nous avons appelé plusieurs fois le gouvernement et les responsables provinciaux et régionaux à assumer leurs responsabilités envers une population dont la situation économique devient de plus en plus désastreuse.
- Que pensez-vous des mesures gouvernementales entreprises suite aux deux premières protestations ?
- Les revendications de la population de Fnideq sont claires. Ils demandent l'ouverture des frontières et exigent la création d'opportunités d'emploi pour remplacer la contrebande. Ces deux revendications ne sont pas arbitraires ! Elles répondent aux problèmes sociaux et économiques particuliers des habitants de la ville. Il faut comprendre dans ce sens que plusieurs personnes à Fnideq ont un proche à Sebta qu'elles ne peuvet plus joindre aujourd'hui, d'où la demande d'ouvrir la frontière. Par ailleurs, il est clair que la population n'est pas du tout satisfaite de la distribution des paniers alimentaires. C'est de travail et de dignité dont ces gens ont besoin.
- Quelles sont les alternatives que vous proposez ?
- D'abord, il est important de noter que la ville de Fnideq dispose d'une identité touristique et commerciale très attirante. Il serait intéressant et productif d'investir dans l'infrastructure de ces deux secteurs, à l'image de la zone fanche commerciale qui est actuellement en construction, mais qui est loin d'être suffisante.
En outre, il s'agit d'encourager les porteurs de projets à investir dans la ville en leur offrant des facilités et ainsi créer des opportunités d'emploi. Il s'agit également de fortifier, moderniser et de capitaliser sur les infrastructures déjà présentes dans la ville (le port de pêche, à titre d'exemple) et en faire de grands projets à même d'employer le maximum de salariés possibles. Enfin, il est absolument nécessaire que ces mesures soient accompagnées d'un investissement sérieux dans la formation et l'enseignement, pour créer une population qualifiée qui pourrait avancer et améliorer la situation de la ville.
Recueillis par N. L.
Encadré
Pétition : Pour faire entendre la voix de la population de la ville au sein du Conseil de la région
La pétition lancée par le « Groupe de Réflexion pour Fnideq » entame sa dernière ligne droite, nous informe Mohamed Abgar, avocat et membre du mouvement citoyen For The City of Fnideq. Avec 250 signatures dans la ville de Fnideq, 25 à Tetouan et autant à Ouazzane et Chefchaouen, les membres du groupe en question sont rapidement arrivés à rassembler le nombre de signataires nécessaires pour apporter de la légalité à leur initiative et sont actuellement en phase de vérifications et de révisions de formalités, afin de ne laisser aucune faille, « suceptible de biaiser le dossier », nous explique Mohamed Abgar.
Pour rappel, le « Groupe de Réflexion pour Fnideq » a lancé cette initiative citoyenne pour débloquer la situation au niveau institutionnel. Le mouvement a ainsi décidé de recourir aux mécanismes de démocratie participative inscrits dans la Constitution de 2011, en lançant une pétition adressée au Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, à travers laquelle le groupe espère arriver à exiger des alternatives économiques à la contrebande au passage de la ville occupée de Sebta.
À ce titre, notre source a précisé que le processus de signature de la pétition avait débuté vendredi 12 février 2021, dans toutes les préfectures et les provinces de la région. L'objectif de cette pétition est de faire pression sur les responsables de la Région par le biais de mécanismes constitutionnels, de manière à les inciter à programmer des points relatifs à la question, à l'ordre du jour du prochain Conseil, et élaborer en urgence un programme de projets au profit d'une partie de la population.
Repères
L'option paniers alimentaires ne prend pas
Pour les habitants de la ville frontalière, la distribution par les autorités de paniers alimentaires ne constitue point une solution au calvaire qu'ils vivent et ne les a pas empêchés de se mobiliser une troisième fois. D'ailleurs, selon des sources sur place, ces derniers rejettent ses mesures, qualifiées de « charité » par plusieurs habitants de la ville, et condamnent le retard du gouvernement à proposer des alternatives sérieuses. « Nous ne demandons pas l'aumone, nous revendiquons des actions tangibles pour la création d'emplois », clame Imane, jeune diplômée de la ville.
Les quatre jeunes écopent de 6 mois de sursis
Au grand bonheur des habitants de Fnideq, Yassine Razine, Reda Al-Aafiqi, Noureddine Al-Hichu et Mohamed Makdar, ont retrouvé la liberté. Les quatre jeunes, interpellés lors des manifestations du 5 février à Fnideq, suite à des heurts des protestants avec les forces de l'ordre, ont pris connaissance de leur verdict dans la soirée du 16 février. En effet, Le tribunal de première instance de Tétouan a condamné les détenus à six mois de prison avec sursis, pour « violation de l'état d'urgence sanitaire », « rassemblement non autorisé » et « violence contre les forces de l'ordre ».


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