Plus d'un an après la fin de la contrebande, puis de la fermeture totale du passage frontalier entre Sebta et Fnideq, la population de la localité a investi le soir du vendredi 5 février les artères de la ville. Une manifestation qui a entraîné des heurts avec la police. Et ce qui devait arriver, arriva le vendredi 5 février ! Ce jour-là ou plutôt cette soirée-là, au bout d'une longue patience des populations, cordialement ignorés par le gouvernement, les habitants de la petite localité de Fnideq qui vivotaient grâce aux revenus de la contrebande, ont décidé d'investir la rue pour se faire entendre, se faire voir. Une manifestation sauvage, sans réelle coordination, dont le mot d'ordre était « ouvrez la frontière ! » et qui serait venue suite à un appel lancé sur les réseaux sociaux dont la source reste inconnue. Un appel qui a n'a pas été pris à la légère par les autorités, vu que des témoins affirment qu'un important renfort été déjà déployé le vendredi 5 février dans la matinée. « Ce qui s'est passé hier à Fnideq est le résultat d'une année extrêmement difficile pour les habitants de la ville, dont une majeure partie a vu son niveau de vie chuter manière catastrophique. Certains se sont vus obligés de vendre leurs possessions pour assurer leur survie et celles de leurs familles », explique Mohamed Abgar, avocat et membre du mouvement citoyen For The City of Fnideq. Un mouvement local qui tente depuis plusieurs mois d'attirer l'attention des autorités locales et centrales sur la détérioration des conditions de vie dans la ville de Fnideq. « Le plus marquant dans les événements du vendredi soir, reste la présence massive des femmes parmi les manifestants, surtout dans une zone conservatrice comme le Nord », souligne l'avocat. Pour les membres de ce groupe de réflexion, ayant adressé un manifeste baptisé « l'appel de Fnideq » au chef du gouvernement, la situation dans la ville ne peut être abordée que du côté sécuritaire. « Si le wali ou tout autre figure de l'autorité avait choisi de dialoguer avec les gens hier, la situation aurait pu être désamorcée dans le calme, les gens demandent seulement des solutions à la crise qu'ils traversent », avance un membre du groupe de réflexion. Selon les autorités locales, « un groupe d'individus a organisé vendredi un sit-in non autorisé au niveau du boulevard Mohammed V, en violation des dispositions de l'état d'urgence sanitaire ». La préfecture de M'diq-Fnideq a par ailleurs, reconnu une intervention des forces de police pour disperser les manifestants. La préfecture a dressé un bilan de 6 blessés dans les rangs des forces de l'ordre victimes de jets de pierre et de 10 civils transférés à l'hôpital suite à des bousculades ayant entraîné des évanouissements. La ville jadis florissante a vu son activité économique s'arrêter net avec la décision prise par Rabat à la fin 2019 de mettre fin au flux de contrebande qui transitait par le passage frontalier la reliant à Sebta. Une situation qui s'est aggravée avec les effets de la pandémie qui a fortement limité l'activité touristique de la région. Plus que la contrebande, beaucoup d'habitants de la ville disposaient d'emplois dans la ville occupée. Des jobs perdus depuis la fermeture totale de la frontière décidée en mars 2020. Les membres du groupe local de réflexion appellent par ailleurs à mettre en place une réelle feuille de route pour accompagner les habitants de la région dans cette réorientation de l'activité économique. « Nous ne souhaitons pas une reprise des activités de contrebande, nous appelons simplement à la mise en place de réelles mesures d'accompagnement en faveur des habitants de la ville », précise Abgar, pour qui les événements du vendredi 5 février font craindre un effet boule de neige dans la région et surtout de creuser encore plus la défiance de la population locale envers l'Etat. A l'heure où nous mettions en ligne, une information diffusée par le média électronique Alyaoum24 faisait état d'une réunion au sommet ... au cas où cette information que nous n'avons pas pu confirmer auprès de la wilaya de Tétouan s'avérerait véridique, on dira que mieux vaut tard que jamais.