Le Projet de loi des Finances 2021 entre dans la phase de l'examen législatif. Après avoir présenté les principaux traits du nouveau budget devant les parlementaires, le ministre de l'Economie et des Finances Mohammed Benchaâboun, s'est présenté devant les membres de la Commission des finances et du développement économique de la Chambre des représentants pour défendre un budget qui soulève beaucoup de critiques. Investissement public et relance : quelle formule ? Face aux députés, l'argentier du Royaume a défendu les dispositions du nouveau budget, rappelant les 15 milliards mobilisés par l'Etat pour l'effort de la relance en 2020, 21 milliards de subventions aux citoyens en situation de précarité, ainsi que les 46 milliards de soutien aux entreprises. Le ministre de l'Economie a clarifié la stratégie de financement du plan de relance dans le cadre du projet de loi des Finances 2021. En effet, le gouvernement prévoit 230 milliards pour l'investissement public, dont 45 milliards destinés au fond Mohammed VI pour l'investissement et 185 milliards destinés aux dépenses de fonctionnement, ainsi qu'au budget des établissements publics et des collectivités territoriales. Suite aux multiples critiques sur le retard d'exécution des investissements publics, le ministre de l'Economie a rappelé que le taux d'exécution a atteint 78% à la fin de 2019. Jusqu'au mois de septembre 2020, le taux d'exécution du budget de l'Etat n'a pas dépassé 54% avec 49% pour les entreprises publiques. Mécanisme de garantie : quid des associations de microcrédit ? Pour soutenir la relance des entreprises, le gouvernement a conclu un partenariat avec le secteur bancaire pour venir en aide aux entreprises en difficulté dans le cadre du pacte pour la relance économique et l'emploi. Toutefois, les banques ne sont pas les seules concernées par cet effort, a souligné Mohammed Benchaâboun. Le ministre a rappelé que les associations de microcrédit sont également concernées, rappelant qu'elles ont contribué à financer 70% des crédits octroyés dans le cadre de "Damane Express", dédié aux Très petites entreprises et les auto-entrepreneurs. Attachement à la classe moyenne Au-delà de la controverse suscitée par l'imposition de la contribution de solidarité, jugée inique vis-à-vis de la classe moyenne, Mohammed Benchaâboun a affirmé que l'Etat œuvre à consolider les acquis de cette catégorie qui constitue la colonne vertébrale de l'économie nationale, rappelant que le salaire moyen dans la fonction publique a connu une hausse de 44%, ces dernières années, passant de 5600 à 8000 dirhams. La masse salariale constitue 70% des dépenses de l'Etat, a-t-il poursuivi. Pour remédier au problème du creusement des déficits, l'Exécutif entend rationaliser le fonctionnement des établissements et administrations publics. Ainsi, les dépenses ordinaires de fonctionnement de l'administration ont été réduites de 3 milliards de dirhams entre 2019 et 2021, selon les chiffres du ministre. EPP : vers des sociétés anonymes Les établissements et entreprises publics (EEP) seront désormais transformés en sociétés anonymes sachant que ceux qui n'ont plus raison d'être, seront liquidés. Le ministre a toutefois rassuré que cela ne signifie en aucun cas leur privatisation. Ce chantier sera renforcé par une loi de simplification et de digitalisation des procédures administratives, en vue d'atténuer l'ampleur de la bureaucratie qui ronge le secteur public, selon les précisions de M. Benchaâboun. Prémices d'un rétablissement de l'économie nationale ? Mohammed Benchaâboun a fait état d'une amélioration de la conjoncture économique, suite à l'apparition de quelques signes de rétablissement de quelques secteurs, tels que l'export. "Au niveau national, certaines activités sectorielles ont montré des signes de rémission, comme en témoigne la tendance positive des exportations, qui se sont améliorées en août de 6,8% par rapport à la même période de l'année dernière, profitant de l'amélioration relative de la demande extérieure destinée au Maroc", a-t-il indiqué devant les députés de la commission. Il en est de même pour le secteur du BTP qui commence à reprendre son dynamisme, en témoigne les ventes du ciment, qui ont augmenté de 18,6%, a précisé l'argentier du royaume. Par ailleurs, l'ensemble des mesures et actions, qui ont été prises depuis le mois de mars, ont permis de soutenir la demande des ménages à travers le Fonds spécial pour la gestion du coronavirus (Covid-19) d'environ 0,9 point, et de stimuler l'investissement de 0,6 point dans le cadre du plan de relance, atténuant ainsi la contraction de l'économie nationale d'environ 1,5 points de croissance, a-t-il souligné.