"Si les jeunes étaient plus présents dans la scène politique, la crise sanitaire aurait été mieux gérée", c'est ce qu'estime Aziz El Fekkaki - Durant les premiers mois de la crise sanitaire, des jeunes ont fait preuve de citoyenneté et de solidarité. Comment évaluez-vous les actions qu'ils ont pu mener ? - Depuis le déclenchement de la pandémie, les jeunes ont joué un grand rôle de sensibilisation, sur les réseaux sociaux et sur le terrain. Ils ont pu organiser des campagnes de sensibilisation et se sont déplacés dans les zones reculées pour aider les familles dans le besoin. Si ces jeunes étaient encadrés politiquement, en leur permettant de faire partie des institutions partisanes et des communes, leurs activités auraient été plus fructueuses. Ils auraient pu aider les administrations centrales à mieux gérer la situation épidémiologique. Malheureusement, le ministère de l'Intérieur avait remarqué que des politiciens exploitaient des aides accordées aux communes, au profit de leur campagne électorale. D'où est venue la décision d'arrêter toutes les activités des communes. Si on a investi l'esprit associatif des jeunes dans les décisions politiques, on aurait pu mieux gérer cette crise. D'autres idées auraient pu voir le jour. En général, aucune attention n'a été accordée aux jeunes dans les plans des politiciens. - Que reprochez-vous aux jeunes acteurs publics à cet égard ? - Aucune jeunesse partisane ou jeune responsable, n'a pris la peine de parler des jeunes. Aucun communiqué ou alerte n'a été publié (e) pour faire étalage du calvaire de la jeunesse, notamment ceux qui n'ont pas pu bénéficier de l'aide financière de l'Etat. On aurait pu proposer d'intégrer, dans chaque ville et région, des volontaires, qu'on forme au préalable, qu'on placera dans les hôpitaux de campagne, sous surveillance des infirmiers et des médecins. Ainsi, on aurait pu soulager ces médecins. Ce sont des idées que les personnes qui géraient la crise n'ont pas pu entrevoir. - Que recommandez-vous pour mieux intégrer les jeunes dans la prise de décisions, au niveau régional et national ? - A mon sens, la seule solution est que les jeunes intègrent les partis politiques, dont les bras sont ouverts à tout le monde. Avec tout le respect que nous devons aux politiciens, la majorité d'entre eux ne peuvent pas comprendre les besoins des jeunes. Nous devons tirer des leçons de l'expérience de ces personnes. Je suis membre d'un parti politique depuis 2010, et un peu moins actif depuis 2017, faute de temps, que j'ai complètement consacré à l'Association. Mon adhésion au parti politique m'a permis d'acquérir un savoir et un savoir-faire. J'encourage les jeunes à intégrer des partis politiques, pour en profiter moralement, et développer leur culture générale. - Vous avez programmé une tournée dans les douze régions du royaume, sous le thème "Les jeunes et la régionalisation avancée, quel modèle de développement pour demain" ? Les débats des jeunes ont été interrompus par la pandémie. Où en êtes-vous actuellement ? - Au-delà de renforcer la participation des jeunes citoyens au développement de leurs régions, de valoriser la place de la régionalisation et de renforcer le rôle de la démocratie participative dans le développement des régions, l'Association apportera une valeur ajoutée, concrète. Nous comptons remonter les recommandations et les visions des jeunes de toutes les régions, à la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) avant qu'elle ne présente son rapport final à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à la fin de l'année. Recueillis par Safaa KSAANI Portrait Il défend les droits des jeunes Aziz El Fekkaki, né en 1992 à Témara, est issu d'une famille « pauvre », déclare-t-il avec fierté. Il s'est trouvé obligé de travailler très jeune, pour subvenir à ses besoins et aider ses petites sœurs à finir leurs études. Ses conditions de vie ne l'encourageaient pas à briller à l'école, mais lui ont permis de briller dans le domaine associatif. Durant ses années passées au lycée "Les Orangers" à Rabat, Aziz a organisé, volontairement, plusieurs évènements, notamment dans le développement personnel et le don du sang. Ce n'est qu'au 15 décembre 2012 qu'Aziz a décidé de créer une association, baptisée "Jeunes du 21ème siècle". Depuis ce tempslà, l'association s'est engagée dans le développement personnel des jeunes. Son engagement émane de la conscience qu'il a acquise en auto-apprentissage. La faible participation des jeunes sur la scène politique, qui est la cause principalement défendue par Aziz, a des raisons. "Le facteur majeur est le manque de confiance vis-à-vis des acteurs politiques, qui sont absents sur le terrain et dans la vie quotidienne des Marocains. C'est un fait et un sentiment ressenti par toute la population et pas uniquement par les jeunes", nous explique-t-il. Quant à la régionalisation avancée, qui fait partie des stratégies politiques, " elle n'est pas encore maîtrisée par les politiciens. C'est encore plus difficile pour les jeunes de l'assimiler. Notre rôle en tant qu'association est de vulgariser ce concept aux jeunes", tient-il à souligner. S. K. Repères Une tournée interrompue par la pandémie Entre le 6 mars et jusqu'au 13 juin, les membres de l'Association « Jeunes du 21ème siècle » comptaient organiser une tournée dans les douze régions du Royaume pour débattre de la régionalisation, sous le thème « Les jeunes et la régionalisation avancée, quel modèle de développement pour demain ? ». Point de départ : la région Souss-Massa. Un choix qui n'était pas fortuit. « Le choix de cette région intervient suite au discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI, à l'occasion du 44ème anniversaire de la Marche Verte, le 6 novembre dernier, où SM a appelé au développement de la région Souss-Massa, qui peut faire office de hub économique pour le Royaume, en devenant le point de liaison entre le Nord et le Sud du Royaume », nous affirme M. Aziz El Fekkaki, président de l'Association « Jeunes du 21ème siècle ». Le rapport de la CSMD n'échappe pas à la pandémie Prévue a la fin du mois de juin dernier, la remise du rapport de la Commission Spéciale pour le Modèle de Développement (CSMD) a été reportée à la fin de l'année en cours. Un report qui s'explique par la crise générée par le Coronavirus, qui a bousculé l'agenda de la Commission. Le rapport doit, pour rappel, être soumis à SM le Roi Mohammed VI.