« Je suis Monia Rizkallah, musicienne à l'opéra de Berlin, le Deutsche Oper Berlin. Je suis aussi la fondatrice du programme El Akademia Masterclass, un projet de musique classique dédié à la jeunesse marocaine. Nous sommes le 4 avril. Je réside à Berlin, et j'y suis actuellement alors que j'aurai dû me trouver au Maroc, en pleine effervescence, à préparer les festivals de musique classique de Essaouira et de Fès. Aujourd'hui, je suis à la maison, et j'aide dans ses devoirs ma petite fille dont l'école a fermé, comme de nombreuses écoles dans le monde. Je pourrais vous dire ce qui se passe ici, en Allemagne, mais ces informations ne seraient plus actuelles lorsque vous m'écouterez, tellement la situation évolue rapidement. Face à nos peurs, à nos interrogations, nous recevons des consignes, sans aucune garantie. Les consignes ne sont pas partout les mêmes. Certains pays laissent encore la liberté à leurs habitants de continuer à faire presque comme d'habitude. Ce n'est pas le cas en Allemagne et je préfère mille fois devoir me plier aux contraintes, respecter les instructions, pour ensuite avoir le sentiment d'être protégé, et aussi d'avoir protégé mes proches et d'autres moins proches. Ce n'est pas la guerre telle que la connaissent encore certains, mais nous avons un ennemi, commun, invisible et qui se répand par notre intermédiaire. Heureusement, les médecins nous disent que la plupart des personnes qui ont contracté le virus s'en sortent et s'en sortiront in cha Allah. Il n'y a pas de vaccin sur le marché pour le moment. Il nous faut donc suivre les instructions de nos pays respectifs à la lettre. C'est la seule solution pour que nous sortions au plus vite de cette crise. De Berlin, nous avons l'image d'un Roi, que Dieu l'assiste, qui donne des instructions claires : protéger les hommes d'abord. Notre pays, le Maroc, a réagi rapidement et efficacement. C'est une grande fierté. De Berlin, nous avons l'image d'un Roi, que Dieu l'assiste, qui donne des instructions claires : protéger les hommes d'abord. L'été approche. Depuis l'âge de 5 ans, j'attends cette période avec impatience. Elle symbolise la joie de revoir ma famille, mes amis, ma grand-mère Lalla Chouma à Casablanca. Maintenant, c'est ma fille qui se réjouit de revoir sa mamie Khadija. Je crois qu'il est important de se projeter dans « l'après Covid-19 ». Nous avons le droit de penser à un « après Corona », le droit d'avoir des idées positives. Nous pouvons nous informer sur l'évolution de cette crise sanitaire mondiale. Mais pas n'importe comment. Seulement auprès de sources officielles. Il y a un prix à payer à s'abrutir de vidéos aux scénarios catastrophes, de sensationnel vendu par des charlatans sur le web. Ce prix, c'est notre équilibre psychique ! Aujourd'hui, personne ne peut nous certifier ce qui se passera demain ou dans une semaine. Par contre, la terre ne s'est pas arrêtée de tourner, et la planète se rétablit à une vitesse phénoménale, il y a moins de pollution dans le monde, les poissons et les oiseaux reviennent là où ils se faisaient rares. Tandis que le virus se propage, la planète guérit. C'est une grande leçon d'humilité donnée à l'humanité. Je voudrais terminer en rappelant que les hommes aussi sont capables de choses extraordinairement positives. Elles sont, elles aussi, le résultat de cette crise. On voit partout se multiplier les gestes de solidarité et de générosité. Pour ne donner qu'un petit exemple, dans notre maison de l'opéra de Berlin, nous cotisons pour nos collègues moins chanceux. Nous sommes aussi témoins de beaucoup d'initiatives généreuses au Maroc, et j'en suis très fière. Protégeons-nous pour garder la santé physique et gardons-nous en bonne santé morale. Ensemble, essayons de faire au mieux pour que l'on puisse tous se retrouver bientôt. Incha Allah. » Monia Rizkallah