Au moment même où la révolution populaire au Soudan poussait le président Omar el-Béchir à la sortie, Mo Ibrahim a exhorté le président aujourd'hui déchu à démissionner. C'était dans une interview exclusive qu'il a accordée à Fréjus Quenum de la Deutsche Welle, durant le week-end Mo Ibrahim sur la gouvernance organisé debut avril 2019 à Abidjan. Son appel n'a pas été entendu et on en voit aujourd'hui les conséquences. Un vrai désastre contre lequel s'insurge la Fondation Mo Ibrahim. Connue par son militantisme pour la démocratie en Afrique et contre la violence dans le continent, cette organisation vient de publier un communiqué intitulé «Massacre à Khartoum». Fidèle à son esprit fondateur et à l'esprit de son fondateur, la Fondation dénonce les tueries dont sont victimes des civils soudanais. Exprimant sa profonde réoccupation, l'organisation rappelle que la situation a empiré récemment avec une répression armée brutale contre des manifestants pacifiques. L'organisation s'inquiète du fait que le comité militaire, qui a renversé Omar al-Bashir en avril, et qui dit protéger les manifestants, ait libéré des «Janjaweed 2.0». Par ailleurs, la Fondation Mo Ibrahim soutient l'Union africaine dans sa décision de suspendre l'adhésion du Soudan, dans l'attente du passage à un régime civil. En même temps, elle met la communauté internationale face à ses responsabilités en dénonçant sa lenteur et sa grande hésitation à soutenir les aspirations démocratiques du peuple soudanais. «Malheureusement, certaines puissances régionales, dirigées par l'Arabie saoudite, semblent se ranger aux côtés de l'armée avec des résultats désastreux. La Chine porte atteinte à sa réputation et à sa réputation en Afrique en bloquant la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnant la violence du Conseil militaire de transition. Nous n'avons pas vu un seul tweet de la Maison-Blanche pour soutenir le peuple soudanais et la démocratie», proteste la Fondation. Son espoir est de voir la communauté internationale s'unir en usant de tous les moyens possibles afin d'encourager toutes les parties à reprendre les négociations politiques, conduisant dès que possible à un gouvernement dirigé par des civils, afin d'organiser des élections libres et équitables dans un espace politique ouvert. "Un régime civil démocratique est le seul moyen d'assurer une bonne gouvernance durable à tous les Soudanais et la stabilité dans cette région instable", conclut la Fondation.