La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et deux organisations soudanaises des droits humains estiment mercredi qu'une "action urgente" de la communauté internationale est "nécessaire" au Soudan face à la "répression violente" de la contestation dans ce pays. La FIDH et les organisations soudanaises Centre africain d'études sur la justice et la paix (ACJPS) et Sudan Human rights Monitor (SHRM) appellent dans un communiqué "les membres du Conseil militaire de transition (au pouvoir) à mettre fin immédiatement aux violentes attaques perpétrées par les Forces de soutien rapide (RSF) et d'autres forces de sécurité" contre les manifestants. Ces organisations appellent au "déploiement urgent" au Soudan d'"une mission d'enquête internationale dirigée par l'ONU et l'Union africaine" pour "enquêter sur la répression et obliger les personnes responsables à rendre compte". "La communauté internationale devrait aussi considérer (d'imposer) des sanctions ciblées contre les responsables" de cette répression sanglante. Le Soudan est secoué depuis décembre 2018 par un soulèvement populaire qui a entraîné le renversement par l'armée de l'ex-président Omar el-Béchir le 11 avril. Les manifestants exigent du Conseil militaire, qui a pris le pouvoir, qu'il le transfère aux civils. Lundi, le sit-in devant le siège de l'armée à Khartoum, devenu lieu emblématique de la contestation, a été dispersé, les leaders du mouvement accusant les militaires d'avoir commis un "massacre". Selon un comité de médecins proche de la contestation, au moins 60 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées depuis lundi. "Les informations qui nous parviennent sur les violences dans plusieurs quartiers de Khartoum et dans d'autres villes du Soudan nous conduisent à penser que le bilan des victimes est bien plus lourd", selon le communiqué. "Ce massacre marque un tournant dans les événements de ces derniers mois au Soudan. Les espoirs soulevés par la chute de Béchir ont fait place aux craintes que la situation ne dégénère davantage. La communauté internationale doit prendre ces risques au sérieux et fournir une réponse coordonnée et forte afin d'empêcher de nouvelles violences", estime dans le communiqué Mossaad Mohammed Ali, directeur de l'organisation ACJPS. Selon Arnold Tsunga, vice-président de la FIDH, l'UA et l'ONU, "qui ont eu des paroles fortes sur la situation au Soudan, doivent maintenant traduire ces positions en actes concrets et utiliser leur influence pour faire que les auteurs des crimes récents soient tenus pour responsables, empêcher de nouvelles violences et garantir que ces demandes légitimes en faveur de la démocratie, de la paix et de la justice au Soudan soient pleinement respectés".