Les banques américaines ont largement dépassé leurs homologues européennes depuis la crise financière. Par Michael Wursthorn Le rapprochement sabordé entre Deutsche Bank AG (DB -1,92%) et son concurrent allemand CommerzbankAG (CRZBY 3,09%) a démontré l'inégalité de la reprise entre les banques des deux côtés de l'Atlantique ainsi que les répercussions des décisions prises au cours de la crise financière. L'éventuelle fusion des banques en Allemagne était censée mettre Deutsche Bank – acteur mondial du commerce et des activités relevant de la banque d'investissement – sur la voie de la rentabilité et de la stabilité. Au lieu de cela, le groupe est désormais vulnérable, car ses principales activités mondiales continuent d'être à la traîne derrière ses concurrents américains. En outre, les derniers rapports sur les résultats des banques montrent que l'écart transatlantique se creuse. Après avoir révélé la semaine dernière que les négociations avaient été rompues, Deutsche Bank a annoncé un bénéfice net de 200 millions d'euros ( 222 millions de dollars) pour les trois premiers mois de l'année, et une nouvelle chute des revenus de son activité banque d'investissement. Dans le même temps, JPMorgan Chase & Co., la plus grande banque américaine, a annoncé un bénéfice de 9,18 milliards de dollars au premier trimestre, soit plus de 40 fois celui de Deutsche Bank. Les actions de la banque américaine ont augmenté d'environ 17% depuis le début de l'année et sont valorisées à près de 1,6 fois la valeur comptable. Citigroup Inc., l'une des banques américaines les plus durement touchées par la crise financière, a déclaré avoir gagné 4,7 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de l'année. Ses actions ont augmenté de 34% cette année, la mettant sur la bonne voie pour égaler ses gains annuels record depuis sept ans. Deutsche Bank, pour sa part, n'a augmenté que de 5,4% cette année, après avoir glissé de 5,7% la semaine dernière. Le groupe est valorisé à seulement un quart de la valeur comptable. Les différences reflètent une rentabilité très variable. JPMorgan a annoncé un rendement des capitaux propres de 12,6% pour 2018, et Citigroup de 9%. Quant au rendement de Deutsche Bank, il s'est établi à 0,4%. De manière plus générale, les banques européennes, et pas seulement la Deutsche Bank, luttent depuis la crise financière. Cela tient en partie à la faiblesse de l'environnement macroéconomique, à la crise de la zone euro et aux taux d'intérêt négatifs qui pèsent sur les bénéfices. « Si les banques européennes recherchent un rebond ou une amélioration de la rentabilité et de la croissance, elles doivent le faire dans un environnement à un taux stable ou à la baisse », a souligné Ken Leon, directeur Recherche sur les actions chez CFRA. « C'est difficile ». Les banques européennes ont également pris du retard en raison des décisions prises pendant et après la crise. Aux Etats-Unis, les banques ont été contraintes d'être financées par le gouvernement, de reconnaître plus rapidement les pertes et d'établir un bilan plus solide. En Europe, les banques ont été plus lentes dans l'apurement de leurs registres de prêts ou dans l'augmentation des réserves de fonds propres. « Les banques américaines ont été traitées très tôt pour recapitaliser leurs activités », a indiqué Devin Ryan, analyste senior chez JMP Securities LLC, spécialisé dans les banques d'investissement. « Nombre d'éléments montrent que les banques américaines sont en bien meilleure position aujourd'hui qu'il y a dix ans et mieux qu'en Europe ». Les banques américaines sont considérées aujourd'hui parmi les plus fortes du monde. En Europe, les banques continuent d'avancer à petits pas. Et presque toutes les grandes entreprises financières négocient sous leur valeur comptable, ou de leur valeur nette, signe de la défiance des marchés. Deutsche Bank est l'un des exemples les plus extrêmes, à la fois en termes de valorisation et de taille du marché. Citigroup et Deutsche Bank illustrent parfaitement le contraste. Avant la crise, la valeur marchande de Citi était d'environ 200 milliards de dollars supérieure à celle de la banque allemande. Au milieu de 2009, Deutsche Bank valait près de 30 milliards de dollars de plus. Alors que Citi sortait de l'impasse et commençait à assainir son bilan, sa valeur marchande affichait une progression continue au-dessus de celle de Deutsche Bank. Aujourd'hui, Citi vaut encore environ 150 milliards de dollars de plus que Deutsche Bank.