« Plus d'un tiers des Français a été confronté en 2018 aux privations multiples. S'ils étaient 37% en 2017, ils sont désormais 39% (+2 points) à avoir connu un moment de leur vie une situation de pauvreté », peut-on lire dans le nouveau baromètre publié, ce mardi 11 septembre 2018, par le spécialiste français des sondages Ipsos en partenariat avec l'organisation française « Secours populaire ». La proportion de personnes affirmant leur crainte de la pauvreté, même si celle-ci ne se transforme pas toujours en réalité, est toujours très forte chez les Français. Ils sont 59% à avoir connu la pauvreté ou à s'être dit qu'ils étaient sur le point de la connaître. Un chiffre qui continue d'augmenter avec + 2 points depuis 2016, relève le baromètre. Ainsi, 57% des personnes sondées affirment parvenir difficilement à payer leurs dépenses d'énergie, 45% leur loyer, leur emprunt immobilier ou les charges de leur logement et 38% déclarent avoir des problèmes à payer certains actes médicaux mal remboursés par la Sécurité sociale. Le même sondage révèle qu'un Français sur cinq a du mal à se nourrir sainement : « 21% des Français ont du mal à se procurer une alimentation saine pour assurer trois repas par jour. Ces difficultés sont encore plus importantes pour les plus précaires : près d'une personne sur deux, 48%, dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1.200 euros éprouve des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine pour faire trois repas par jour », écrit Secours-populaire sur son site. Les Français ont bien compris toute l'importance de l'aide alimentaire, commente la même source : 92% estiment qu'il est impératif de préserver le financement de l'aide alimentaire aux plus démunis, 84% sont convaincus que la distribution de l'aide alimentaire permet de repérer d'autres problèmes vécus par les personnes (problèmes de logement, d'accès à la santé, de décrochage scolaire…). S'agissant de l'action de l'Union européenne face aux situations de pauvreté en Europe, 3 Français sur 4 considèrent que l'UE ne s'investit pas beaucoup dans la lutte contre la précarité et la pauvreté. Les personnes interrogées fixent le seuil de pauvreté à 1.118 euros et considèrent qu'avec un revenu inférieur l'on peut être considéré comme pauvre. Selon Secours-populaire, ‘'ce montant interpelle du fait de sa proximité avec le Smic, tout en restant supérieur au seuil de pauvreté «officiel» calculé sur la base de 60% du revenu médian national qui s'élève à 1.015 euros en 2015 selon l'Insee''. Le sondage a été réalisé par téléphone du 22 au 26 juin 2018 auprès de 1.016 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. La publication de ce nouveau baromètre intervient alors que le gouvernement français s'apprête à annoncer jeudi sa stratégie de lutte contre la pauvreté tournée vers la prévention de la pauvreté dès le plus jeune âge et l'accompagnement vers l'emploi. En 2016, la proportion de la population vivant sous le seuil de la pauvreté en France (environ 1.000 euros par mois) était de 13,6%, soit environ neuf millions de personnes, selon l'Insee. Parmi elles, près de cinq millions ont moins de 815 euros mensuels pour vivre et 3,2 millions moins de 670 euros.