«Quand on pense qu'une femme dirigea ce pays immense dont l'Algérie était au centre, et quand on pense à la condition actuelle de la femme algérienne, on mesure le recul. A plus de deux millénaires de distance on peut s'interroger : qu'est devenue la Kahina ?». Plus de 20 ans après sa disparition, l'actualité continue à donner douloureusement raison à Kateb Yacine. L'Algérie de 2011 est une Algérie machiste, violente, insultante à l'égard de la moitié de sa population. Près de 70% des Algériennes sont battues par leurs maris. Dans la rue, les mâles leur signifient qu'elles ne sont pas les bienvenues dans cet exclusif «territoire public». Alors, pour sortir en paix, ne pas se faire «nettoyer» comme «les prostituées» de 2001 qui avaient pour seul tort de vivre seules, elles s'imposent uncouvre-feu nocturne et sont 7 sur 10 à se couvrir la tête d'un hidjab. Entravées dans leur liberté de mouvement, bridées dans leur liberté d'être. Et humliées dans les textes. Le code de la famille timidement réformé en 2005 en fait des mineures à vie, alors qu'aux yeux de la constitution et du code pénal, elles sont entièrement responsables de leurs actes. Plus nombreuses à l'université, elles travaillent, produisent des richesses et sont souvent chef de famille. La république de Bouteflika fait ainsi nager les Algériennes en plein paradoxe, et sous le prétexte de préserver sa fameuse concorde civile, caresse les islamistes dans le sens du poil en refusant d'abroger le tutorat matrimonial et la répudiation. Des fondamentalistes dont le spectre est loin de s'être dissipé, plus de 10 ans après la décennie fratricide. Pendant ce temps, et alors que l'Armée nationale populaire d'Ahmed Gaïd Salah peine à éradiquer les groupuscules terroristes proliférant dans les maquis depuis leur allégeance à Al Qaïda, les «islamistes des villes» profitent du musèlement imposé aux médias et à la société civile par les autorités depuis 19 ans sous couvert d'état d'urgence, pour ériger les mosquées comme unique tribune d'une jeunesse masculine asphyxiée, oisive et indigente, dans le pays des 200 milliards de dollars de devises. Des fils du peuple qui font ressortir leur frustration sur les femmes, éternelles bouc-émissaires du malaise social. Mais, si en Tunisie, les caméras du monde entier ont immortalisé les clameurs des filles de Habib Bourguiba et de Gisèle Halimi dans la révolution de jasmin, en Algérie, la lutte des femmes pour la démocratie est d'autant remarquable qu'elle se fait dans l'ombre, et qu'elle est le fait d'une poignée de militantes contre des régiments rétrogrades. Les descendantes de Djamila Bouhired, le porte-fanion des moudjahidates acculée à vivre à crédit à ses 77 ans et qui demandera à Bouteflika en 2009 de cesser «l'humiliation» des anciens combattants de la liberté, continueront donc à semer les graines de «la révolution des jupons», doivent-elles y laisser leur vie. Pour leur dignité et celle de leurs enfants, filles et garçons, bourgeons du «printemps arabe». Femmes algériennes Code de la famille, code de l'infamie… Mouna Izddine L'Algérie a mal à sa féminité. En 2011, alors que leurs voisines marocaines ont réussi voilà 8 ans déjà à faire jeter aux orties une Moudawana rétrograde, et que les graines de l'égalitarisme semées par Bourguiba ont porté leurs fruits dans une révolution du jasmin menée côte-à-côte par les Tunisiennes et leurs compatriotes masculins, les Algériennes, elles, mineures éternelles aux yeux de la loi, continuent à subir les pires injustices. Les islamistes, les traditionnalistes et elles Pointé du doigt par les féministes, l'opposition et une partie de la gauche, un code de la famille anachronique et misogyne, en totale contradiction avec les réalités sociales et le texte de loi fondamentale. La Constitution algérienne prévoyant, dans son article 29, l'égalité devant la loi «sans que puisse prévaloir aucune discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d'opinion ou de toute autre condition ou circonstance personnelle ou sociale». Parmi les dispositions de ce «code de l'infamie», l'obligation de la présence d'un tuteur pour toute candidate au mariage, ou encore la contrainte pour l'épouse de payer son divorce, si le motif de ce dernier n'est pas présent dans une liste restrictive de causes de séparation recevables par le juge. Les détractrices de ce texte, appuyées par une poignée de progressistes du «sexe fort», ont face à elles un puissant courant conservateur et une «armée» d'islamistes dont le spectre, plus de dix ans après la décennie de cendre et ses 100.000 tués, continue à peser lourdement au-dessus d'une société algérienne profondément patriarcale. Mais pour ces dames de fer, qui ont survécu à cet épisode sanguinaire de l'histoire contemporaine de leur pays, perdu leurs pères, leurs époux, leurs frères, leurs enfants ou leurs amis dans ce conflit fratricide, la capitulation ne fait pas partie de leur vocabulaire de combattantes pour la dignité. Car cette bataille pour l'égalité est avant tout un combat pour la vie, pour la continuité, dans une Algérie meurtrie. Une Algérie apaisée, pansée des blessures du passé, et égalitaire, c'est l'avenir qu'entrevoient toutes ces militantes chevronnées pour leurs enfants, garçons comme filles, Algériens de demain. Explications. Il était une fois la Charia… en 1984 Tout, ou plutôt l'éveil, a commencé, pour ainsi dire, le 9 juin 1984. Ce jour-là, date noire dans le calendrier du féminisme algérien, le parlement décrète le Code de la famille, texte de loi régissant les relations au sein de la cellule conjugale et familiale, du mariage au divorce en passant par l'autorité parentale et l'héritage. Censé se substituer au code civil algérien de 1975 basé sur le droit musulman, le nouveau code s'inspire en fait davantage, et même largement, de la charia. Après un premier recul forcé en 1981, l'Assemblée Populaire Nationale (APN) parvient à voter en catimini la «loi numéro 84-11». C'est que les pouvoirs publics craignaient un soulèvement similaire à celui provoqué 3 ans plus tôt par le débat parlementaire autour d'une première mouture du code du statut personnel. Au menu de la discussion en question, entre autres, «la longueur du bâton destiné à flageller les femmes insoumises»... La mouvance féministe, fortement politisée en cette orée des années 80, avait réagi au quart de tour, investissant les abords de l'APN pour dénoncer ce texte de loi machiste, et appeler Chadli Benjedid à empêcher sa promulgation. Parmi elles, des membres d'organisations politiques de gauche et d'extrême-gauche clandestines (comme le Parti de l'Avant Garde Socialiste, le PAGS), des étudiantes anonymes, mais aussi des activistes célèbres, à l'instar de l'ex-détenue et écrivaine Zhor Zerari, de l'ancienne résistante Fettouma Ouzeguène ou encore de la secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louiza Hanoune. Soutenu par les maquisardes de la guerre de Libération nationale, bénéficiant toujours d'une certaine aura dans une Algérie post-indépendante en construction, le mouvement parviendra à faire retirer le projet de loi (voir genèse du code de la famille sur www.algerie-dz.com). Mineure à vie, majeure dans la vraie vie. Mais trois ans plus tard, «le code de l'infamie» est voté, à l'insu des principales concernées. Informées seulement par voie de presse, à l'instar du grand public, se sentant trahies, les militantes sont en rogne : «Nous savions qu'un autre texte de loi était en train de se préparer, avec la collaboration active des habituelles femmes alibis. Ces femmes qui ont fait carrière dans les appareils d'un régime grand distributeur de privilèges, un régime qui avait déclaré la guerre à la moitié de la population avant de l'étendre à toute la société», se remémore ainsi Louiza Hanoune dans «Une autre voix pour l'Algérie» (interview de Ghania Mouffok). Comme les autres fondatrices du Comité des femmes pour l'abrogation du code de la famille, la militante syndicaliste est convaincue que le pouvoir algérien est parvenu à faire adopter le code de la discorde en tirant profit du climat de confusion régnant sur le pays depuis les violentes émeutes de 1982, et de l'engagement de nombre de féministes en faveur de la libération des prisonniers politiques. Résultat des courses: les Algériennes sont assujetties à un texte qui ne fait que légaliser le statut de mineure à vie dans lequel les traditions socioreligieuses, sous prétexte de paternalisme protecteur, les maintient depuis toujours, les retirant de la tutelle du père pour mieux les soumettre à celle du mari. Mais cette fois-ci, l'injustice est écrite noir sur blanc, et les Algériennes savent que ce code les fera entrer dans un bras de fer encore plus éreintant avec le gouvernement, avec une coupole sous la coupe du parti unique du FLN, mais aussi avec l'homme de rue. Décennie de cendre et de sang, sur l'autel de l'intégrisme Le multipartisme, instauré par le référendum de février 1989, fait fleurir des associations féministes aux quatre coins de l'Algérie, d'Alger à Tlemcen, en passant par Oran, Constantine ou Tizi Ouzou. Au gouvernail de ces organisations non gouvernementales, nombre de militantes du mouvement protestataire des deux décennies précédentes. Mais, devant le raz-de-marée islamiste au premier tour des législatives de fin décembre 1991, le gouvernement annule le second tour, annonce le départ de Chadli Benjdid, fait rentrer Mohamed Boudiaf du Maroc pour le nommer à la tête du Haut Comité d'Etat le 16 janvier 1992, proclame l'état d'urgence le 9 février, puis dissout le Front Islamique du Salut de Abassi Madani le 4 mars. Boudiaf est assassiné le 29 juin. Le pays s'ancre alors dans une sombre décennie de guerre aveugle entre l'armée et les islamistes, notamment l'Armée Islamique du Salut (AIS), le bras armé du FIS. Dans cette guerre «où on ne sait plus qui tue qui», des milliers de femmes, de jeunes filles et de fillettes sont sacrifiées sur l'autel de la barbarie intégriste, citadines ordinaires tuées dans des attentats à la voiture piégée dans les grandes villes, villageoises violées puis égorgées dans les douars de Kabylie, intellectuelles agressées et menacées de mort, écrivaines, journalistes, chercheuses et artistes forcées à l'exil par les fatwas des prêcheurs de la haine. 27 ans barakat…et la bataille n'est pas gagnée Malgré tout, les militantes des droits de la femme ne désarment pas. Le 8 mars 1997, sous Liamine Zéroual, un collectif de 14 ONG parvient à rassembler une pétition d'un million de signatures dans l'espoir de faire adopter 22 amendements au code de la famille. Six ans plus tard jour pour jour, le 8 mars 2003, les femmes se fédèrent à nouveau sous le slogan «Code de la famille, 20 ans barakat», réclamant à travers une campagne médiatique poignante, relayée par les Algériennes résidant à l'étranger, l'abrogation de cette loi arbitraire. Promise par les élus à chaque échéance électorale, ajournée sans cesse par le gouvernement, la fameuse réforme n'arrivera qu'en février 2005, sous Abdelaziz Bouteflika. Mais tronquée. Sous la pression des islamistes, craignant de faire échouer la «concorde civile» si chère au président algérien, le gouvernement de Ahmed Ouyahia introduit de timides amendements, mais conserve des dispositions discriminatoires à l'égard des femmes, comme la répudiation ou la polygamie (voir encadré). Et c'est aujourd'hui l'essence même des revendications des Algériennes, décidées à se faire reconnaître à leur juste valeur, et arracher leurs droits à une citoyenneté à part entière. «La jeunesse masculine algérienne se défoule sur les femmes.» Ourida Chouaki, Présidente de l'Association Tharwa N'Fadhma N'Soumeur. Entretien réalisé par Mouna Izddine L'Observateur du Maroc. En quoi le code de la famille dont vous réclamez l'abrogation vous paraît-il en contradiction avec la réalité de la femme algérienne ? Ourida Chouaki. Ce code dénigre le rôle primordial de la femme algérienne au sein de son pays. Ce code est aveugle à la réalité de la moitié de la population algérienne. Les Algériennes aujourd'hui sont présentes dans toutes les sphères. Nous exigeons un code de la famille civil, laïque et qui consacre l'égalité entre les sexes. C'est dans ce sens que nous lançons actuellement une campagne de plaidoyer, sous le slogan «Kif Kif devant la loi». La ligue algérienne des droits de l'homme, des associations de jeunesse et des militants progressistes seront à nos côtés, pour montrer que ce combat concerne tous les Algériens démocrates, et pas seulement les féministes. Justement, vu de l'extérieur, la pression des islamistes sur le gouvernement algérien paraît démesurée, eu égard à ce que l'intégrisme a causé comme tort aux Algériens. Il s'agit de faire la distinction entre le terrorisme, l'islam politique et l'islamisation de la société. En Algérie, depuis l'état d'urgence instauré voilà 19 ans, les espaces d'expression ont été quasiment réduits à néant. Seules les mosquées offrent une tribune aux gens, les jeunes en particulier. A côté, le carcan familial est tout aussi, sinon plus pressant, que celui de la religion. Rien ne se décide sans l'accord parental, il existe une véritable crainte du bannissement familial au sein de la société algérienne, et les islamistes ont joué et jouent encore là-dessus pour défendre leurs arguments misogynes. Le poids de la communauté est tellement lourd que même en Kabylie, région anti-islamiste par excellence, la femme subit de graves iniquités, le droit coutumier ne lui accordant même pas le droit à l'héritage. Ne pensez-vous pas que l'égalité des sexes n'est pas une priorité urgente dans l'Algérie actuelle? Cet argument de «priorité», cela fait des décennies qu'on nous le sert, à chaque fois sous un nouveau prétexte. S'imposer des priorités, c'est prendre le risque qu'elles se retournent contre vous. Preuve en est «la priorité de la lutte contre le terrorisme», qui, en resserrant à l'extrême l'étau sécuritaire, a étouffé la rue algérienne, notamment depuis les émeutes de Kabylie en 2001, interdisant jusqu'au moindre petit rassemblement public. Résultat de cette ère de musèlement: la jeunesse descend dans la rue pour faire exploser sa colère, sans encadrement aucun, ni par une opposition politique domestiquée dans sa majorité, ni par une société civile opprimée. Cette jeunesse masculine, qui dans sa majeure partie n'a pas grandi dans la mixité et a été biberonnée au discours islamiste, fait ressortir également sa frustration en se défoulant sur les plus faibles, les femmes en l'occurrence. Contrairement aux Casablancaises, les Algéroises ne prennent jamais le risque de sortir seules la nuit, elles s'imposent leur propre couvre-feu de peur d'être agressées voire violées par des hommes qui ont du mal à les voir autrement que comme des filles aux mœurs légères. En résumé, on ne doit pas décréter des priorités, car tout est priorité dans ce pays, à commencer par la situation de la femme. Or, lutter contre l'inégalité, c'est endiguer l'obscurantisme et l'intégrisme. Avec le climat contestataire ambiant, les Algériennes ont une opportunité inégalable de revendiquer leurs droits, elles doivent pour cela oser s'impliquer dans les manifestations, comme les Tunisiennes, pour faire bouger les choses. Et nous vaincrons, car notre cause est juste. Nabila Djahnine, Le cri d'une femme Nabila Djahnine, figure marquante du féminisme algérien, est venue au monde en 1965, à Béjaïa. Cette architecte rallie très tôt le mouvement associatif féminin et prend part activement aux mobilisations contre le code de la famille, dont elle réclame l'abrogation pure et simple. Nabila Djahnine s'engage en parallèle à corps perdu dans le Parti socialiste des travailleurs au sein duquel elle militera durant de nombreuses années. En 1988, elle crée le Collectif des étudiantes qui sera vite rejoint par des femmes de tous les horizons sociaux. Ce collectif sera rebaptisé en 1990 association Tighri n´Tmettuth, qui signifie Cri de femme en kabyle. Dans la fleur de l'âge, Nabila laissera sa vie dans sa bataille contre l´idéologie répressive du régime et les mentalités rétrogrades de la société. Elle sera assassinée par un groupe armé le 15 février 1995 à Tizi-Ouzou. Ourida Chouaki, Contre le code de l'infamie Partisane chevronnée de l'égalité des sexes, Ourida Chouaki est née en 1954 à Tizi Rached en Kabylie. Dans les années 1970, Ourida milite aux côtés d'autres femmes dans un mouvement d'extrême gauche. Après les émeutes d'octobre 1988, cette universitaire participe à plusieurs marches pour exiger l'abrogation du code de la famille. Face à Ourida et ses camarades laïques, des dizaines de milliers de femmes en hidjab que les fondamentalistes font défiler dans les artères de la capitale pour réclamer, dès 1990, l'application de la charia. En 1997, Ourida crée l'association «Tharwa Fadhma N'Soumer» (du nom de l'héroïne de la résistance à l'occupation de la Haute Kabylie par les armées du Maréchal Rondon au milieu du 19e siècle), qui travaille à la mise en place de lois civiles égalitaires entre les hommes et les femmes. Sa principale revendication reste toujours l'abolition du code de la famille. Fadéla M'Rabet, Dix ans d'exil Fadéla M'rabet a vu le jour à Skikda, en 1936. Elevée dans un milieu oulémiste, son père est un ami proche d'Abdelhamid Ben Badis, figure emblématique du mouvement réformiste musulman en Algérie. En 1954, son père, le premier de Skida à inscrire ses filles à l'école, l'envoie faire des études à Strasbourg. Docteur en biologie, Fadéla M'rabet est maître de conférence et praticienne des hôpitaux à Broussais Hôtel-Dieu (Paris). Elle anime des émissions à la radio Chaîne III avec son mari Maurice Tarik Maschino de 1963 à 1967 et écrit plusieurs livres. Parmi ses publications, La Femme algérienne et Les Algériennes, deux livres retentissants qui ont valu à Fadéla un lynchage médiatique. Accusée de débauche, elle est radiée en 1967 de son poste d'enseignante au lycée de garçons El Idrissi. Son mari et elles se voient interdire toute activité journalistique et audiovisuelle. Le couple décide alors de s'exiler en France. Pendant dix ans, Fadéla ne retourne pas en Algérie, n'ayant pu renouveler son passeport. En septembre 2003, elle est finalement invitée officiellement au Salon du livre d'Alger par la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Djamila Bouhired, L'âme des Moudjahidates Née en 1935 dans une famille berbère de la classe moyenne, Djamila Bouhired rejoint le Front de libération nationale (FLN) durant ses années d'études. Officier de liaison, elle est membre du «réseau bombes» et assistante personnelle de Yacef Saadi, chef de la Zone autonome pendant la bataille d'Alger. En 1957, blessée dans une fusillade, elle est capturée par les parachutistes. Elle est sauvagement torturée par les militaires français puis condamnée à mort. Sa vie est adaptée au cinéma par Youssef Chahine dans Djamila l'Algérienne, sorti en 1958. Après la campagne médiatique menée par Maître Vergès, elle est graciée et libérée en 1962. Elle travaille avec Jacques Vergès sur Révolution africaine, un magazine sur les révolutions nationalistes africaines. Elle épouse Jacques en 1965. Au bout de sept ans de vie commune, le couple qui a eu deux enfants, Meriem et Liess, se sépare. Agée de 75 ans, Djamila est malade et n'a pas les moyens de se soigner. Indignée devant l'indifférence des autorités algériennes, le porte-fanion des Moudjahidates a décidé de lancer un appel à l'aide à ses concitoyens. Sa missive poignante au président Bouteflika soulèvera un immense élan de solidarité de la société algérienne. Jacqueline Guerroudj, Doyenne de la bataille d'Alger Jacqueline Guerroudj voit le jour en 1919 à Rouen. Elle fait des études de philosophie et de droit, puis s'installe en Algérie en 1948 où elle est affectée comme institutrice près de Tlemcen. Dès le déclenchement de la lutte armée contre l'occupant français, elle prend fait et cause pour l'indépendance de l'Algérie. Avec son mari Djillali, militant d'extrême-gauche, et sa fille Minne Djamila, elle intègre le FLN et milite au sein de noyaux de fellahs communistes dans la région de Tlemcen. En mai 1955, Jacqueline, son mari et leurs cinq enfants sont expulsés d'Algérie. Ils vivront quelques mois à Rouen, chez la famille de Jacqueline. Au début de l'année 1956, la famille Guerroudj est autorisée par les autorités coloniales à rentrer au bercail, mais avec l'interdiction toutefois de s'établir dans l'Oranie. Jacqueline, arrêtée en 1957 en pleine bataille d'Alger, est condamnée à la peine capitale, puis libérée à l'indépendance. Au lendemain de la libération nationale algérienne, elle entreprend une longue carrière à la Faculté d'Alger en tant que bibliothécaire. A 90 ans, elle vit toujours à Alger, où elle se consacre à la rédaction de ses mémoires. Louisa Hanoune, Trotskiste contre machistes Louisa Hanoune est née le 7 avril 1954 à Chefka, dans la wilaya de Jijel. Ses parents émigrent à Annaba après l'indépendance. C'est dans cette ville qu'elle fait toute sa scolarité, jusqu'à l'université où elle étudie le droit. Tout naturellement, elle s'imbibe des idées socialisantes de l'époque. La jeune Louisa milite au sein de l'Organisation socialiste des travailleurs (OST), une organisation clandestine d'obédience trotskiste. Féministe par ailleurs, elle s'engage contre le code de la famille adopté en 1984. En 1985, elle fonde avec ses camarades de lutte l'Association pour l'égalité devant la loi. Ses activités politiques dissidentes lui valent d'être arrêtée en 1986, sous le régime de Chadli Benjedid. Condamnée, elle purge une peine de 6 mois de prison. En 1990, Louisa Hanoune fonde le Parti des travailleurs (PT) dont elle est porte-parole d'abord, puis la secrétaire générale. En 1997, elle est élue députée. Louisa arrache un autre mandat de parlementaire à la faveur des élections législatives de 2007. Son nom entrera dans l'histoire contemporaine algérienne comme la première femme à s'être portée candidate à la fonction présidentielle en 2004.