Le marché monétaire marocain se caractérise actuellement par une sous-liquidité bancaire. Laquelle reflète un déséquilibre persistant sur le marché du crédit. Sous-liquidité. Tel est en tout cas le constat d'Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib (BAM), lors de sa sortie médiatique du mardi 15 juin 2010. «C'est la confirmation d'un déficit bancaire structurel», a fait valoir le gouverneur de la banque centrale. D'un mois à l'autre, le manque de liquidité s'accentue. En dépit de la diminution de la réserve monétaire de 4,8 milliards de DH, le déficit des trésoreries bancaires s'est fixé à 22,3 milliards de DH, contre 21,8 milliards un mois auparavant. D'après Mohammed Berrada, analyste financier et ex-trader, cette tendance pourrait continuer, surtout à cause du ralentissement des crédits à l'économie, sous-tendu par le fléchissement attendu de l'investissement et de la consommation privés. Pour rappel, toutes catégories confondues, les crédits bancaires ont sensiblement ralenti en 2009, après avoir évolué, avec un pic en 2008. Plus récemment, les derniers chiffres publiés par la banque centrale font état d'un taux d'accroissement annuel du crédit bancaire de l'ordre de 15,6%. Tous les spécialistes de la finance s'accordent à dire que l'économie marocaine qui devrait normalement s'engager aujourd'hui dans un mouvement de rattrapage, fondé notamment sur un niveau élevé d'investissement, ne parvient pas à utiliser toute l'épargne qu'elle produit. Cette ressource n'est pas entièrement valorisée actuellement. A. Jouahri préconise alors le renforcement de la bancarisation et l'épargne pour remédier à la situation de sous-liquidité bancaire qui persiste depuis 2007. Pour le gouverneur de BAM, l'objectif d'un taux de bancarisation de 50% en 2010 est vraisemblablement à portée de main, surtout après le lancement de la banque postale, «Al Barid Bank». Le Wali de la banque centrale prône comme autre solution de se tourner vers les MRE. Il juge aussi utile le renforcement de la proximité avec les Marocains résidant à l'étranger. A. Jouahri appelle le système bancaire à déployer plus d'efforts en direction de la mobilisation de l'épargne à long terme dans le but de permettre aux liquidités de «reprendre une certaine normalité». Vu le déséquilibre entre l'épargne longue et le financement des investissements à long terme, le même responsable considère qu'il est inadmissible, maintenant plus que jamais, de trouver des financements de court terme au niveau de l'investissement, estimant nécessaire de travailler en direction des incitations pour la mobilisation de l'épargne à long terme. Il a même saisi l'occasion pour passer en revue la situation économique, monétaire et financière du Maroc durant l'année écoulée, ainsi que les prévisions d'inflation établies par les services de la banque à l'horizon du 3e trimestre 2011.