Les agrégats de monnaie M3 et M1 ont respectivement progressé de 8,7 et 9,6% en 2003. Pour 2004, la valeur de référence de la progression de la masse monétaire au sens étroit (M1) est fixée dans une fourchette de 6,5 à 7,5%. L'évolution de la situation monétaire en 2004 reste toutefois largement tributaire de celle de l'état des finances publiques... L'abondance de liquidités en 2003, inhérente essentiellement à la privatisation de la Régie des Tabacs qui rapporté à l'Etat plus de 14 Mds de DH, aura conduit Bank Al-Maghrib à initier des interventions régulières sur le marché. Néanmoins, le travail de la Banque Centrale dans ce sens a été atténué grâce à l'affectation de la moitié de la recette de privatisation au Fonds Hassan II pour le développement économique et social. De plus, «la constitution d'un solde créditeur du Trésor auprès de BAM, ainsi que les retraits massifs de billets de banque durant la période estivale ont permis de différer l'apparition des excédents de liquidités jusqu'au début du mois de septembre». Dans cette optique, outre le relèvement du ratio de la réserve monétaire de 14 à 16,5%, dès le 4 septembre (tout en portant la rémunération des avoirs constitués à ce titre de 0,50 à 0,75%), BAM a procédé à des opérations de reprises de liquidités à 3,25% et utilisé pour la première fois la technique des swaps de change. Ainsi, selon Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, qui s'exprimait à l'occasion du 13ème Conseil National de la Monnaie et de l'Epargne tenu la semaine dernière à Rabat, compte tenu de la politique monétaire initiée en 2003, «la progression des agrégats de monnaie a atteint 8,7% pour M3 et 9,6% pour M1, soit un rythme excédant la limite supérieure de la norme monétaire de 7,5 à 8,5% fixée au début de l'exercice». Une progression qui, de l'avis de Jouahri, «tient à l'accroissement plus important que prévu des avoirs extérieurs nets et des crédits à l'économie». Au niveau des contreparties de la masse monétaire, les avoirs extérieurs ont connu une augmentation de 15%, tandis que le crédit intérieur à caractère monétaire a enregistré une hausse de 7,9%. Par ailleurs, l'encours global des concours bancaires à l'économie s'est élevé à 234 Mds de DH, soit une évolution de 8,3%; avec un encours de crédits accordés aux entreprises et aux particuliers d'un montant de 215 Mds de DH, en hausse de près de 7,9%, et dont près de la moitié a bénéficié à un nombre restreint d'opérateurs. Parallèlement, les créances en souffrances, qui s'élèvent à 43 Mds de DH à fin décembre 2003,représentent 18,7% du total des crédits distribués, contre 17,7% en 2002. Toutefois, précise Jouahri, «cet accroissement reflète davantage le reclassement de ces créances conformément aux nouvelles dispositions édictées par BAM». Perspectives 2004 Avec des perspectives d'évolution de l'activité économique qui laissent entrevoir une croissance du PIB à prix constats de 3%, et compte tenu d'un objectif de hausse des prix ne dépassant pas 2%, la valeur de référence de la progression de la masse monétaire au sens étroit (M1) est fixée dans une fourchette de 6,5 à 7,5%. «L'évolution de la situation monétaire en 2004 reste toutefois largement tributaire de celle de l'état des finances publiques, et plus particulièrement de la réalisation des recettes de privatisation prévues pour 12 Mds de DH par la Loi de Finances, ainsi que du niveau de leur couverture par des apports en devises ou par des recours au crédit bancaire», fait remarquer le gouverneur de BAM. Sur la base de ces hypothèses, la progression des avoirs extérieurs nets, correspondant à l'excédent prévisionnel de la balance des paiements, atteindrait environ 10 Mds de DH ou 7,8%, tandis que les crédits à l'économie devraient augmenter de 20,5 Mds de DH ou 8,3%. Pour autant, estime Jouahri, «le respect de l'objectif monétaire retenu en 2004 implique le versement, au compte du Fonds Hassan II pour le développement économique et social, de la moitié des recettes de privatisation et le maintien en permanence d'un solde créditeur du compte du Trésor auprès de l'Institut d'émission à un niveau équivalent à celui de 2003». Dans ces conditions, poursuit-il, «Bank Al-Maghrib continuera à gérer l'excédent de liquidités d'un montant de 7 Mds de DH accumulé au cours de l'année précédente». D'ores et déjà, pour faire face à la surliquidité, BAM a procédé durant la première semaine du mois de janvier à un réaménagement du cadre opérationnel de la politique monétaire «afin de tenir compte des mécanismes de marché et introduire davantage de flexibilité». Dans cette optique, deux nouveaux instruments ont été introduits : la facilité de dépôt permanent à 24 heures, au taux de 2,25%, pour permettre aux banques de placer, à leur initiative et sans limitation, en fin de journée, leurs excédents auprès de BAM; et la reprise de liquidités à 7 jours, par voie d'appels d'offres hebdomadaires à taux variables. L'utilisation de ces deux outils a, non seulement, permis d'éponger les liquidités excédentaires, mais également de maintenir le taux moyen pondéré du marché interbancaire à l'intérieur d'une fourchette dont la limite inférieure est constituée par le taux des facilités de dépôt à 24 heures, soit 2,25%. Encadré 1 Télécompensation et prélèvements bancaires Le système de télécompensation devrait être généralisé aux autres valeurs et étendu sur l'ensemble du territoire national. C'est en tout cas le vu de Jouahri qui appelle le GPBM à se réunir d'urgence avec BAM pour «arrêter un calendrier précis des actions à entreprendre en vue de réaliser ces objectifs». Par ailleurs, le GPBM et l'APSF devront introduire un certain nombre de points dans leur programme de travail 2004, auxquels ils devront rapidement trouver des solutions et les soumettre aux autorités monétaires. Il s'agit, essentiellement, du prélèvement de certaines commissions, alors que la non-rénumération des dépôts à vue est toujours en vigueur, les délais trop longs de recouvrement des valeurs déplacées, ainsi que la crédibilité des actions publicitaires pour les produits bancaires... Encadré 2 Marché de change : Bientôt de nouvelles mesures Le volume des opérations de change interbancaires s'est inscrit en moyenne mensuelle à plus de 5 Mds de DH en 2003 contre 1,5 Md en 2002, tandis que le compartiment des opérations à terme a enregistré une progression de plus de 7 Mds de DH en moyenne mensuelle, au lieu de 2 Mds, l'exercice précédent. Par ailleurs, dans un contexte international caractérisé par une forte volatilité des devises, le Dirham s'est apprécié de 14,3% par rapport au Dollar, mais s'est déprécié de 4% vis-à-vis de l'Euro. Ainsi, outre la mise en place de nouvelles dispositions en matière de couverture des risques sur les produits de base, ainsi que sur les modalités de fonctionnement des comptes en devises, des mesures portant sur la refonte du système de négociation des opérations de change manuel sont actuellement en cours de finalisation pour stimuler la concurrence dans cette activité. Tout autant, en concertation avec les banques, une réflexion est engagée pour déterminer les modalités et le calendrier d'introduction de certaines opérations sur les produits dérivés