Bank Al-Maghrib entend bien exercer sa mission de superviseur du marché financier national. Anticipant sur les dispositions de ses nouveaux statuts, la Banque centrale a engagé une série de réformes. Les nouveaux statuts de Bank Al-Maghrib font le bonheur de son gouverneur Abdellatif Jouahri. Lors de sa dernière sortie médiatique, mardi 14 mars, ce dernier a évoqué les différents chantiers initiés en matière de systèmes et moyens de paiement. Selon l'article 10 de ses statuts, la Banque centrale a toute latitude de prendre «les mesures visant à faciliter le transfert de fonds et veille au bon fonctionnement et à la sécurité des systèmes de paiement». Et c'est dans ce cadre que Bank Al-Maghrib «veille à la sécurité des systèmes de compensation et de règlement-livraison des instruments financiers et s'assure de la sécurité des moyens de paiement et de la pertinence des normes qui leur sont applicables ». Et c'est ainsi que l'institution dirigée par Abdellatif Jouahri a mis en place une série de mesures, visant, en concertation avec la communauté bancaire, la modernisation, la sécurisation et le bon développement des différents systèmes et moyens de paiement. Premier chantier ouvert par la Banque centrale : la télécompensation. A commencer par le déploiement des virements dont le démarrage a eu lieu le 17 septembre 2004. Actuellement de J+1, J étant la date de présentation, ce délai gagnerait à être réduit. Sur le moyen terme, l'action de la Banque centrale vise la CNSS et tous types de virements nécessitant une pièce justificative, les virements en provenance de l'étranger et ceux concernant les marchés nantis en faveur du Trésor. Quant au déploiement des avis de prélèvement, dont le démarrage de la télécompensation a eu lieu le 16 septembre 2005, l'objectif est d'atteindre un délai de règlement de j+3. Le chèque, cet autre moyen de paiement, est également dans la ligne de mire réformatrice d'Abdellatif Jouahri, dont les prérogatives, signalons-le, viennent d'être renforcées par le contrôle financier de la CDG, de la CCG et des opérations financières de la poste. En matière de dématérialisation, projet officiellement lancé en novembre 2004, le chantier devrait aboutir en mai 2006 à la migration de l'ensemble de la place financière vers le nouvel applicatif SIMT V3. Une circulaire vient d'être élaborée au niveau de la Banque centrale et concerne la normalisation de la formule du chèque. En parallèle, les banques devraient pour leur part étendre l'échange dématérialisé à l'ensemble des régions du Royaume. Mais la grande fierté d'Abdellatif Jouahri demeure les avancées réalisées au niveau du système de Règlement brut en temps réél (RTGS) qui permettra notamment d'assurer la sécurité et la rapidité des échanges, en conformité avec les normes internationales, de réduire les risques de règlement (risque de crédit, de liquidité ou encore le risque systémique) et de faciliter la gestion monétaire et le fonctionnement du marché financier. Prévu pour juin 2006, il aura pour nom « SRBM » (Système de règlements bruts du Maroc) et concernera toutes les opérations interbancaires sans exception. Sécuriser les Cartes bancaires En matière de sécurisation du paiement par cartes bancaires, l'objectif de la communauté financière est d'assurer la conformité du système national aux standards internationaux ainsi que de réduire le risque de fraude; réunions et campagnes de sensibilisation sont tenues régulièrement. Mais en attendant la migration vers les cartes à puce EMV, il y a toujours lieu d'imposer la saisie du code confidentiel lors des transactions de paiement. En outre, le projet des contrats porteurs harmonisés devrait être soumis à l'appréciation de la Banque centrale.