Suite aux derniers événements tragiques en France, la question de la laïcité est au centre de tous les débats. Au-delà de l'émotion légitime, de l'unanimisme de circonstance, les problèmes énoncés ne datent pas d'aujourd'hui. Le débat sur la laïcité et le communautarisme est un peu surréaliste. Depuis 10 ans, en France, les pouvoirs publics veulent créer ce qu'ils appellent un islam de France. Sarkozy avait même été à l'initiative de la création de structures censées être représentatives. C'est là, une atteinte grave à la laïcité. Si la laïcité est aujourd'hui en danger, ce n'est pas uniquement le fait des extrémistes. La complaisance des politiques de tous bords y est pour beaucoup. Il n'y a pas de ligne directrice, alors qu'elle est simple à trouver : les lois de la République s'imposent à tous. Sur le voile, les signes religieux à l'école, puis la burka, les leaders d'opinions se sont divisés, affaiblissant la sacralité de la laïcité. C'est une vérité qu'il ne faut pas oublier en ce moment. De la même manière, le débat actuel péche, à mon avis, à deux niveaux. D'abord, on a l'impression que seul l'Islam produit des extrémistes, ce qui est faux. Ensuite, on retombe dans les travers de l'ancien combat laïcard, sauf que les curés ont été remplacés par les Imams. La laïcité n'est pérenne que parce qu'elle respecte et protège toutes les convictions religieuses, en les confinant dans l'espace privé. Toute sélectivité sur ce plan ne peut produire que des effets pervers. On peut s'étonner qu'un autre débat ne soit pas plus présent. La République Française n'a pas pour unique valeur la laïcité mais la liberté, l'égalité, la fraternité. Or, les enfants entassés dans les ghettos qu'on appelle cités, fréquentant des écoles où rares sont les élèves qui parlent français, sont-ils réellement les égaux des autres ? Quand on sait que le taux de chômage des jeunes dans ces cités dépasse les 40%, est-on réellement dans la fraternité ? La déshérence sociale ne justifie en aucun cas la violence, ou pire, le terrorisme. Mais il serait rationnel de la prendre en considération quand on essaye de comprendre pourquoi des jeunes Français, éduqués par l'école de la République, basculent dans la barbarie, suite à de simples clics sur un écran d'ordinateur. La réaffirmation de la laïcité comme valeur cardinale est une nécessité pour la France, pour éviter la division, le clash intérieur. Cette réaffirmation doit être ferme, mais doit aussi passer par un travail pédagogique qui inciterait tous ceux qui ont la parole au respect des croyances des autres. Mais cette réaffirmation ne se suffit pas à elle-même. Le terrorisme des années 90, en France, était importé. Aujourd'hui, la France, comme d'autres pays d'Europe, produit des terroristes. Il y a donc un vrai problème d'intégration. Le meilleur moyen de ne pas le résoudre, c'est de poser la question en termes de compatibilité d'une religion avec la démocratie. Or c'est ce qui se passe actuellement. Le logement, les ghettos, la discrimination à l'emploi sont des chantiers d'une importance vitale. La laïcité est mise à mal mais pas plus que les autres valeurs de la République. Le 11 janvier, des millions de Français ont crié leur attachement à ces valeurs que la France a rendu universelles, les politiques n'ont pas le droit de dénaturer ce message.