M. Sarkozy avait déjà allumé le feu de la contestation au sein de la gauche lorsqu'en 2007, il avait électrifié son audience en annonçant la laïcité positive. Lorsque le Pape Benoit XVI aura rejoint ses terres du Vatican après sa visite de séduction à Paris et de recueillement et célébrations à Lourdes, la polémique relancée par Nicolas Sarkozy sur ses prises de position sur la laïcité résonnera encore avec force. C'est que le président de la République était attendu au tournant par une opposition qui fourbissait ses armes. Nicolas Sarkozy avait déjà allumé le feu de la contestation au sein de la gauche lorsque, le 20 décembre 2007, dans un célèbre discours prononcé à la Basilique Saint-Jean de Latran, il avait électrifié son audience en déroulant avec beaucoup de conviction son concept de «laïcité positive» et en prononçant cette célèbre phrase qui donna des insomnies aux gardiens du temple républicain : «Jamais instituteur ne pourra remplacer le curé ou le pasteur dans la transmission des valeurs. Depuis, pour beaucoup de ses opposants, Nicolas Sarkozy incarne l'homme politique qui menace, à coup de convictions personnelles, de démanteler la laïcité à la française, socle fondateur de la République protectrice des libertés, celle de penser et de croire. La passion affichée du président de la République pour la religion n'a fait qu'augmenter les inquiétudes, réanimer les vieilles polémiques et creuser les anciennes fissures. A l'occasion de la visite du pape, les oreilles étaient tendues de voir comment la président de la République allait expliquer son approche tout en intégrant la somme des protestations qui s'étaient exprimées depuis le discours de Latran et sa visite au Saint-Siège. Deux idées majeures furent développées ; les racines chrétiennes de la France et la laïcité positive. Et Nicolas Sarkozy de tenter d'arrondir le propos tout en confirmant ses convictions : «Nous ne mettons personne devant l'autre, mais nous assumons nos racines chrétiennes (…) Ce serait une folie de nous en priver (des religions), tout simplement une faute contre la culture et contre la pensée. C'est pourquoi j'en appelle à une laïcité positive ». Nicolas Sarkozy s'est lancé dans la définition de ce nouveau concept : «La laïcité positive, la laïcité ouverte, c'est une invitation au dialogue, à la tolérance et au respect. C'est une chance, un souffle, une dimension supplémentaire donnée au débat public». Le discours de Nicolas Sarkozy et les nombreux ministres du gouvernement Fillon qui se pressaient autour du Pape pour exhiber leur ferveur religieuse ont rallumé la polémique. L'opposition emmenée par François Hollande tire à boulets rouges sur le président de la République : «Une fois encore, Nicolas Sarkozy s'échappe du rôle qui devrait être le sien, c'est-à-dire celui de gardien de la laïcité, pour donner ses convictions personnelles». François Hollande a profité de la tribune de la Fête de l'humanité célébrée chaque année par le Parti communiste français pour formuler ses exigence à l'égard du chef de l'état : «Ce que je demande au président de la République, c'est de défendre la laïcité - il en est d'ailleurs le garant - et de ne pas confondre ses croyances personnelles, respectables, et sa responsabilité qui est de permettre l'égalité de tous». Et de lancer cet avertissement en guise se d'alerte qui a de fortes chances de nourrir les débats sur cette vive question dans de multiples forums et au sein de nombreux cénacles : «attention de ne pas donner le sentiment qu'il y aurait un culte qui serait privilégié par rapport à d'autres ou que les cultes auraient une place que la République ne leur accorde pas». La contre-attaque ne s'est pas fait attendre. D'abord, le Premier ministre François Fillon, plus politique, fournit une réponse qui se veut apaisante : «Le président de la République est dans son rôle en souhaitant que l'ensemble des courants de pensée, religieux, philosophiques, cohabitent dans notre pays avec la même volonté de construire». Ensuite la machine UMP conduite par son porte-parole Frederick Lefèbvre monte le ton de la contre-attaque au risque de prendre une posture agressive : «Pourquoi la laïcité positive leur fait-elle si peur? La République doit être sûre d'elle et ainsi savoir tendre la main aux croyants (…) Pourquoi ne marquer son indignation qu'à la venue du Pape au risque de blesser des millions de croyants ? Les vieux "laïcards" de la IIIe République doivent laisser place à une laïcité de notre temps».