‘Mohammed Zainabi et Margot Chevance' Dans le business, il y a des signes qui ne trompent pas. Le Forum « Cap Guinée, une économie à construire, des opportunités à saisir », organisé par la CGEM le 9 septembre à Casablanca, a fait le plein. Les représentants de plus de 500 entreprises, dont 140 guinéennes, ont pris part à cet événement. Ils ont empli à cette occasion la grande salle de l'hôtel Royal Mansour, au point que certains sont restés debout faute de places disponibles. De toute évidence, il y a des opportunités d'affaires à saisir. Ce n'est pas là un scoop, puisqu'en mars dernier, pas moins de 24 accords ont été signés à l'occasion de la visite royale en Guinée. Tous sont porteurs de nombreux projets dans divers secteurs. « Il s'agit maintenant de transformer l'essai », souligne le vice-président de la confédération patronale marocaine. Insistant sur le co-investissement, Salaheddine Kadmiri va plus loin, ne voyant dans le bilatéral qu'une étape vers le développement régional. C'est aussi l'avis du chef du gouvernement guinéen. « La Guinée est le hub de l'Afrique de l'ouest », a affirmé Mohamed Said Fofana, qui est venu participer au Forum de Casablanca pour « confirmer les bonnes dispositions de son pays à l'égard du Maroc et de ses investisseurs ». Tous les intervenants guinéens ont d'ailleurs salué la décision marocaine de maintenir ouvertes les lignes aériennes avec leur pays qui est touché de plein fouet par Ebola. Mais au-delà de la reconnaissance et des bons sentiments, Mohammed Diare, ministre guinéen de l'Economie et des finances ainsi que son concitoyen Morlaye Diallo, qui préside la Chambre guinéenne de commerce, de l'industrie et de l'artisanat, ont explicité aux investisseurs intéressés tout le potentiel que représente aujourd'hui la Guinée nouvelle. Surnommé, à raison, le château d'eau d'Afrique, ce pays regorge de gisements miniers encore inexplorés, recèle d'immenses terres fertiles encore en friche et ses atouts touristiques ne demandent qu'à être mis en valeur. La période d'instabilité politique n'est désormais qu'un triste souvenir et la Guinée figure dans le top 20 des pays les plus réformateurs, selon le dernier rapport Doing Business. Résultat, ceux qui y ont déjà tenté l'aventure ne le regrettent pas. Parmi eux, Kamal Mekouar. Il est à la tête de Itqane, une société marocaine de BTP que les Guinéens présentent comme une référence dans leur pays. Il faut donc maintenant « aller plus loin », insiste Mohamed Boussaïd. Le ministre de l'Economie et des finances a rappelé que la Guinée est le 8e fournisseur du Maroc (avec des exportations d'environ 172 millions de DH en 2013) et son 18e client (avec 931 millions de DH en 2013). Du reste, le volume des investissements marocains dans ce pays ne représente que 6% du volume des IDE marocains en Afrique (83,2 millions de DH en 2012). C'est très peu ! Salaheddine Mezouar, qui préside le comité de suivi des accords maroco-guinéens, joint sa voix à celle de Boussaïd et appelle à des investissements croisés pour aller de l'avant. Rien ne doit être négligé dans ce sens, ni les investissements unilatéraux privés, ni les partenariats privés-privés et encore moins ceux publics-privés. En tout cas, au-delà des déclarations, on verra ce qui sortira, à court terme, des sept ateliers sectoriels organisés lors de ce Forum et les nombreuses rencontres BtoB qui ont eu lieu par la même occasion. En attendant, Mohamed Diare a rassuré son monde sur les possibilités de rapatriement des bénéfices, sur la stabilité du cadre fiscal et la transparence dans la passation des marchés. « En Guinée, vous serez dans votre deuxième pays », a-t-il martelé, avant de lancer : « Guinée is back ! » ❚ « Notre souhait est que les entreprises marocaines s'intègrent dans le tissu économique guinéen et vice-versa ». « Notre avenir ne pourra pas être indépendant de celui de l'Afrique. Le Maroc regarde la région de la CDEAO avec beaucoup d'intérêt. Le succès de la Guinée est aussi celui du Maroc ». « La Guinée est un pays aux énormes potentialités, résolu à poursuivre des politiques stratégiques sectorielles ambitieuses. Le pays a procédé à d'importantes réformes institutionnelles, économiques, financières et judiciaires. La réhabilitation des infrastructures porteuses de développement (routes, autoroutes, réseaux ferroviaire etc.), est une priorité. Nous voulons faire de la Guinée un hub et une porte d'entrée sur le marché de l'Afrique de l'Ouest. La Guinée est prête à accueillir les investissements ». « Les quatre atouts compétitifs de la Guinée sont les mines, l'agriculture, l'eau et le tourisme. 40 milliards de tonnes de réserves de bauxite et 20 milliards de tonnes de réserves de fer, 6 millions de terres cultivables, une pluviométrie abondante et des sites touristiques à développer. Nous avons besoin d'accroître les investissements et les interventions des entreprises marocaines en Guinée. Nous sommes demandeurs ». « Nous souhaitons faire profiter au secteur privé guinéen de l'expertise des Marocains, notamment en matière d'agriculture, d'énergie et d'agro-industrie. Nous attendons de voir se tisser des partenariats et pourquoi pas trouver des financements pour certains projets porteurs guinéens ». « Nous avons initié un partenariat dans le transport au niveau de trois secteurs : la création d'une compagnie aérienne communautaire avec la RAM comme partenaire stratégique, un protocole d'accord avec un consortium d'entreprises marocaines (Addoha, Cimaf et la CDG) pour l'exploitation et le développement de la zone Est du port de Conakry et enfin l'aménagement d'une plateforme logistique à 70km de la capitale en partenariat avec MEDZ. C'est un partenariat riche et fructueux ». « La visite de SM le Roi Mohammed VI en Guinée en mars dernier a permis d'aller beaucoup plus loin. La Guinée est un pays qui inspire confiance. C'est notre second pays. J'encourage vivement les entreprises marocaines à s'y installer. En plus, les liaisons aériennes entre Casablanca et Conakry permettent de faire l'aller/retour en moins de 48 heures ». « Notre groupe a créé en Guinée 250 emplois directs et 500 emplois indirects. Il y a une forte complémentarité de compétences entre nos deux pays, avec l'existence d'une proximité culturelle et géographique. Le marché est très concurrentiel. Le monde entier est présent à Conakry. Le seul frein à l'installation concerne les infrastructures. Les autorités guinéennes ont néanmoins des oreilles attentives ».