La CGEM a réussi le pari d'organiser le premier forum Maroc-Guinée à Casablanca en accueillant plus de 500 entreprises, dont 140 en provenance de la Guinée. L'événement est de taille et participe d'une vision que le Maroc a inscrite comme la nouvelle politique du Maroc en Afrique. En février dernier, Sa Majesté le Roi avait effectué une grande tour-née qui l'avait conduit au Mali, en Guinée Conakry, en Côte d'Ivoire et au Gabon. Avec la Guinée, ce ne sont pas moins de 21 accords de coopération qui ont été signés et des engagements pris dont celui d'édifier un parte-nariat stratégique. En avril dernier, sur invitation de SM Mohammed VI, le président Alpha Condé est venu participer au Salon interna-tional de l'agriculture de Meknès (SIAM) au cours duquel il a rendu un vibrant hommage au Souverain et annoncé que son pays s'ins-pirerait du modèle de développe-ment marocain. On peut en effet considérer que le Forum Cap-Guinée concrétise en quelque sorte la volonté des deux pays à rendre opératoire leur coo-pération. La CGEM a pris l'initiative de réunir les opérateurs et propo-ser une plateforme de travail. Le thème en lui-même est révéla-teur : «Cap Guinée, une économie à construire, des opportunités à saisir». La présence du Premier ministre guinéen, Mohamed Said Fofana, et de plusieurs ministres marocains et guinéens, de chefs d'entreprises publiques et privées et de plusieurs personnalités, de la banque, de l'assurance, des divers secteurs, a donné un ton particulier à ce forum. Pas moins de sept ateliers ont été organisés, portant sur divers secteurs, ainsi que des rencontres BtoB. Ils ont porté concerné l'agriculture, le tourisme, la pêche et l'élevage, l'industrie, le transport, l'amé-nagement du territoire, l'artisa-nat, les investissements et les finances. Les opérateurs de la Guinée ont soumis des propositions concrètes pour drainer les investissements marocains. Ils offrent – par le biais d'un documentaire diffusé lors du Forum – une palette de champs d'intérêt comme les mines, le pétrole, l'énergie électrique et solaire. Ces projets relèvent de la commande publique ou du sec-teur privé. Les deux parties ont finalisé 3 importantes conventions : la première entre les deux dépar-tements de l'Agriculture et de la Pêche, porte sur le développement de l'horticulture dont le Maroc se prévaut pour un transfert d'exper-tise ; la deuxième concerne un colossal investissement en Guinée par le groupe Anouar Invest de 1,4 milliard de dirhams portant sur 6 secteurs d'activité : la conserve de poisson, l'élevage, la minoterie, les ciments, l'immobilier et la bis-cuiterie. Dans la foulée, le groupe marocain Mécomar et le groupe guinéen Sicopress ont conclu un accord pour l'assainissement liquide de la ville de Conakry. Pays riche, ayant vécu des années d'instabilité, la Guinée qualifiée de «scandale géologique» dispose de richesses hydrographiques incomparables, notamment le château d'eau de l'Afrique, d'un riche potentiel minier (un tiers des réserves mondiales de bauxite, or, diamant, fer, manganèse, zinc, cobalt, nickel, uranium). Ces métaux sont largement sous-exploités puisque le secteur minier, à lui seul, contribue à hauteur de 20% au PIB et pour plus de 85% aux exportations du pays, alors qu'il n'assure que 25% des recettes intérieures de l'Etat. Inutile de dire que la Guinée constitue de nos jours, c'est le cas de le dire, le «pays des opportunités» et des partenariats «gagnant-gagnant» ! Le groupe Addoha a posé ses marques dans ce pays, il inaugure une coo-pération inédite en assumant un large programme de constructions de l'habitat social. Mais un appel incessant est régulièrement lancé aux investisseurs marocains pour s'inscrire dans la dynamique lan-cée par le Souverain. Dans le souci de faciliter les procédures et d'encourager les investisseurs, l'accord-cadre maroco-guinéen porte sur la convention de la non-double imposition ; la promotion et la protection des investissements; la pêche maritime ; la coopéra-tion économique et technique ; le transport aérien ; le commerce et les investissements ; l'industrie et le commerce. Il convient de rappeler que la Guinée constitue le 8ème pays africain fournisseur du Maroc, avec des exportations, comme l'a souligné Mohamed Boussaïd, ministre de l'Economie et des Finances, de l'ordre de 172 mil-lions de dirhams au titre de l'an-née 2013. Dans le même ordre d'idées, il a ajouté que la Guinée est le 18ème client africain du Royaume avec 931 millions de dirhams et que le volume des IDE marocains en Guinée atteint 83,2 millions de dirhams correspon-dant à 6% des investissements marocains en Afrique. On estime que le volume des échanges entre les deux pays, liés par l'histoire et une amitié qui remonte aux années de l'indépendance, reste inadéquat à la volonté affichée de part et d'autre de favoriser un climat d'échange à la hauteur de l'ambition politique. La nécessité de mettre en place un «partenariat stratégique» est exprimée avec force, les deux pays s'efforçant de lui donner sens et contenu. Dans les couloirs du Forum, on ne parlait souvent que de «partena-riat Sud-Sud, gagnant-gagnant» et le président de la République guinéenne, Alpha Condé, l'ayant répété lors de son message télé-visée diffusé aux participants. Un appel a été lancé en parti-culier au secteur privé des deux pays afin qu'il joue le rôle qui lui revient, ciblant notamment des secteurs comme le commerce, l'investissement, l'agriculture, les mines, l'immobilier et les infras-tructures. Tous ces projets pour-raientils exister et voir le jour sans le bras financier ? Le Maroc compte mettre à profit la place «Casablanca Finance City» avec l'objectif affiché de procéder à une «intégration financière progressive dans la région africaine, pour canaliser l'épargne vers l'inves-tissement productif». Se faisant l'avocat «pro domo» de cette inté-gration financière, le ministre de l'Economie et des Finances a rap-pelé que CFC vient d'être choisie par la Banque africaine de déve-loppement (BAD) pour accueil-lir le Fonds Africa50 qui dotera l'Afrique d'un mécanisme inno-vant en matière de financement privé pour les infrastructures. Le Forum maroco-guinéen a lancé un appel aux opérateurs du sec-teur privé pour qu'ils s'impliquent davantage et s'inscrivent dans la nouvelle dynamique, inaugurée en mars dernier à Conakry, par les deux Chefs d'Etat.