Selon le dernier rapport de suivi de la situation économique au Maroc publié par la Banque mondiale, l'économie marocaine devrait enregistrer une croissance de 3,6 % en 2025. Malgré un contexte mondial incertain, l'organisme note que le Royaume conserve des perspectives solides, portées par des conditions climatiques favorables, une inflation maîtrisée et un réajustement progressif des équilibres macroéconomiques. Un rebond porté par l'agriculture et la demande intérieure Intervenant lors d'une table ronde de discussion autour des conclusions du nouveau Rapport intitulé "Prioriser les réformes pour améliorer le climat des affaires", Javier Diaz Cassou, économiste principal de la Banque mondiale au Maroc a mis en avant le rôle clé du secteur agricole, qui devrait afficher une croissance solide en 2025 grâce à une météo plus clémente. Cependant, la croissance du PIB non agricole devrait légèrement ralentir, conséquence d'un effet de base après la forte reprise de 2024. La demande intérieure, quant à elle, repart à la hausse, entraînant un léger creusement du déficit du compte courant. Un phénomène qui reste sous contrôle, bien en deçà des niveaux historiques. Par ailleurs, le déficit budgétaire continue de se réduire, permettant une stabilisation de la dette publique autour de 67 à 68 % du PIB. Un climat des affaires sous les projecteurs Bien que les fondamentaux économiques du Maroc restent solides, la Banque mondiale insiste sur l'urgence d'accélérer les réformes structurelles afin de renforcer l'attractivité du pays. Ahmadou Moustapha Ndiaye, directeur de division pour le Maghreb et Malte, met en avant les conclusions du programme "Business Ready", successeur du "Doing Business", qui identifie plusieurs défis persistants. Parmi eux, les coûts élevés à l'embauche formelle, freinant la création d'emplois, une efficacité administrative perfectible, nécessitant une clarification des procédures et une numérisation accrue, ainsi que des réformes inachevées, notamment sur les cadres juridiques liés aux procédures d'insolvabilité. L'emploi, un défi de taille Malgré des avancées notables, le marché du travail demeure sous pression. En 2024, environ 162 000 emplois ont été créés, mais cela reste insuffisant face à la croissance démographique. La Banque mondiale rappelle qu'au cours des dix dernières années, la population en âge de travailler a progressé de plus de 10 %, alors que l'emploi n'a augmenté que de 1,5 %. Cette situation, couplée à l'impact du choc inflationniste sur le pouvoir d'achat des ménages, pèse sur les indicateurs de confiance et met en évidence l'urgence d'une accélération des réformes structurelles. Avec une inflation contenue, une stabilité budgétaire en voie de consolidation et un cadre réglementaire en amélioration, le Maroc dispose de solides atouts pour accélérer son développement économique. Toutefois, la Banque mondiale insiste : pour transformer ces opportunités en croissance durable et inclusive, il est impératif d'accélérer la modernisation du climat des affaires et d'adopter des politiques favorisant la compétitivité des entreprises et la création d'emplois formels.