Les élections législatives et présidentielle, annoncées comme les plus controversées de l'histoire de la Namibie, ont donné la victoire au parti au pouvoir, la Swapo, et à sa candidate à la Présidentielle, Netumbo Nandi-Ndaitwah. Elle a réussi à remporter le siège présidentiel avec 57,69 % des voix, devenant ainsi la première femme Présidente du pays. Mais, l'opposition, menée par le nouveau venu «les Patriotes indépendants pour le changement» (IPC), a annoncé qu'elle ne reconnaît pas les résultats du scrutin qui s'est achevé le 30 novembre après quatre jours de vote et qui s'annonce désormais comme le plus disputé depuis l'indépendance du pays. Le candidat des IPC à la Présidentielle, Panduleni Itula, a dénoncé des irrégularités «flagrantes, indéniables et inacceptables». Ces élections ont également vu le parti des Patriotes indépendants pour le changement remporter une part importante des sièges de l'opposition à l'Assemblée nationale, avec 20,2 % des voix. C'est la première fois dans l'histoire de la Namibie qu'un parti politique nouvellement enregistré remporte une part aussi importante des sièges au Parlement. Le parti au pouvoir a connu sa pire année électorale avec seulement 53,37 % des voix. De l'avis de nombreux politologues, le scrutin du 27 novembre dernier a suscité un sentiment de colère et de méfiance chez de nombreux citoyens et partis politiques, en raison d'une série de dysfonctionnements techniques, de problèmes logistiques dus à la forte affluence et des irrégularités. Les partis d'oppositions ont exprimé leur colère, surtout après que la Commission électorale a connu des pénuries sporadiques de bulletins de vote à travers le pays. Pis encore, certains bureaux de vote ont également été contraints d'ouvrir tard dans la journée en raison de dysfonctionnements techniques et d'un manque de matériel électoral. Le 23 décembre 2024, le principal parti de l'opposition, l'IPC, a déposé deux requêtes judiciaires demandant que les résultats des élections nationales et présidentielles du pays soient déclarés invalides. L'opposition demande également aux tribunaux de déclarer que la décision de prolonger de deux jours la durée des élections dans certaines régions seulement contrevient à la Constitution namibienne et à certaines parties de la loi électorale du pays. Selon le président de l'IPC, Panduleni Itula, personne n'a le pouvoir de prolonger la durée du scrutin. Dans une déclaration sous serment déposée auprès de la Cour suprême, M. Itula allègue que «le rapport et le résultat de l'élection contestée sont remplis d'illégalités graves de la pire espèce». Le parti des Patriotes indépendants pour le changement relève également que les erreurs techniques qui ont entaché les élections présidentielles et législatives ont entraîné une suppression des électeurs, de nombreux électeurs n'ayant pas pu voter en raison de ces dysfonctionnements. Réponse du berger à la bergère : La présidente de la Commission électorale, Elsie Nghikembua, a déclaré que les arguments de l'IPC n'étaient «absolument étayés par aucune preuve» et ne répondaient pas aux exigences légales pour contester l'élection. Suite à ce bras de fer entre les principaux protagonistes, les tribunaux namibiens ont ordonné, le 13 décembre dernier, à la Commission électorale d'autoriser les partis politiques à inspecter le matériel électoral. Le matériel électoral indiquait le nombre total de votes exprimés, les votes rejetés, les bulletins gâchés, les votes comptés dans chaque bureau et le nombre total d'électeurs qui ont voté en dehors des circonscriptions où ils s'étaient inscrits. En attendant l'issue de cette tempête juridique, les analystes s'accordent à dire que le parti au pouvoir, l'Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO), a «perdu sa domination incontestée». Le politologue Henning Melber fait constater, à cet égard, qu'alors que le parti règne encore sur le nord du pays et dans les centres urbains, les électeurs ont tourné le dos à l'ancien mouvement de libération. «La Swapo aurait intérêt à garantir sa légitimité et sa confiance sur la base d'élections véritablement libres et équitables», soutient-il, arguant que l'organisation de nouvelles élections serait la voie de sortie la plus évidente afin de regagner l'image d'une société démocratique.