La loi de finances est passée à la première chambre. C'est bien. Néanmoins, voici ce qui perturbe le jeu dans l'arène des législateurs. Faisons le compte: 171 ont voté pour, 56 contre et un député s'est abstenu. Total des votants 228. Or, la Chambre compte 395 députés. Il en manque donc 167. 42%! Je ne sais pas si tout le monde se rend compte de cette anomalie affiligeante. Eh bien ces 167 là personne ne saura jamais ce qu'ils pensent du PLF. Sont-ils pour ou contre? On ne pourra pas le savoir. Leur absence explique autre chose de plus terrible dans une démocratie: l'indifférence envers les affaires centrales des citoyens et du pays. On comprend qu'ils ne sont pas conscients de l'importance de la loi de finances, ce pourquoi ils n'ont pas cru nécessaire de se déplacer pour ce vote. On choisit d'être député, ce n'est pas une mission imposée à laquelle on ne peut pas se soustraire. Et quand on se porte candidat, on s'engage à veiller sur les intérêts des citoyens, pas uniquement des électeurs. Ne pas donner son avis sur une question aussi importante que la loi de finances est une trahison envers les électeurs et aussi envers la constitution marocaine. C'est le Parlement qui légifère, rien ne se fera sans lui. Par conséquent, chaque député doit avoir son mot à dire. C'est une obligation morale. D'ailleurs il faudrait voir comment la rendre légale. Il n'est possible de continuer à voir des élus qui ne pensent rien, ne décident rien, ne débattent de rien, ne veulent rien... à part l'indemnité grassouillette qui tombe chaque fin de mois, le macaron sur le pare-brise qui leur donne un super pouvoir sur les routes... des gagne-petits qui n'ont rien compris à la politique et aux institutions. Maintenant il faut agir. Les noms de ces députés doivent être publiés dans les médias, affichés dans toutes les annexes administratives et partout où c'est visible par le maximum des citoyens et avec leurs photos. Un débat public doit être organisé pour savoir si la présence à des moments importants du Parlement doit être rendue obligatoire ou pas. On ne doit pas laisser passer chaque année ce mépris des citoyens et des institutions.