Les hommes ne veulent pas rester en marge du débat et du processus de refonte du Code de la famille. Estimant que la réforme en gestation actuellement n'est pas l'affaire des féministes uniquement, certaines associations défendant des droits spécifiquement masculins veulent que les voix des hommes se fassent aussi entendre à ce sujet. Vendredi dernier, l'Instance chargée de la révision du Code de la famille a recueilli les propositions de l'Association marocaine de défense des droits du père et des enfants et de l'Association marocaine de défense des hommes victimes de violence. " Nos propositions visent la préservation de l'intérêt suprême de la famille "; commente Driss Bourzik, président de l'Association marocaine de défense des droits du père et des enfants. De son côté Nabil Bouri de l'Association marocaine de défense des hommes victimes de violence, affirme défendre la même cause de " la Famille" y compris les droits des femmes, des enfants et de l'homme. Le masculisme prend le dessus La liste des revendications émises restent assez, voire extrêmement "masculiniste". Exemple, l'Association marocaine de défense des hommes victimes de violence refuse aux femmes le droit de partage des biens après le divorce. Estimant que c'est un concept "intrus" et à l'encontre des préceptes de l'Islam et du rite malékite, l'association rejette ainsi l'une des principales propositions des associations féministes visant à protéger les droits des femmes et de leurs enfants. Restant fidèle à sa mission première, l'association réclame la création de cellules spéciales au sein des tribunaux et des commissariats pour la prise en charge des cas d'hommes victimes de violence féminine. L'association n'a pas manqué l'occasion par ailleurs pour critiquer le rôle limité des assistantes sociales dans ces situations précises. Ils ne cèdent rien Tandis que les féministes dénoncent la violence économique dont souffrent les femmes, les défenseurs des hommes contre-attaquent en réclamant l'égalité dans les devoirs. En clair, ils veulent imposer à la femme active fonctionnaire ou employée ou celle aisée de prendre en charge ses enfants si le père est dans l'incapacité ou trouve du mal à subvenir à leurs besoins. Alléger les responsabilités des hommes ne suffit cependant pas à ces associations. Ces dernières défendent farouchement la polygamie et estime que c'est un droit essentiel à ne pas bafouiller. Autres acquis auxquels il n'est pas question de renoncer pour les associations masculinistes : L'héritage ( croix sur l'égalité), la tutelle légale des enfants (plutôt mourir !). Jamais sans ma tutelle Les défenseurs des hommes refusent catégoriquement qu'une mère puissent voyager avec ses enfants en dehors du pays sans l'autorisation du père. Si la mère décide d'immigrer ou de s'installer dans un autre pays, le droit de garde devrait tomber automatiquement. Le même traitement est réclamé si la mère refuse au tuteur le droit de visite. Dans leur plaidoyer, les hommes refusent à la femme le droit de faire recours au divorce "chikak". Elle est obligée de rester avec le mari pendant deux ans au moins avant de lui accorder le droit de réclamer le divorce "Pour s'assurer de la "sagesse" de sa décision" !!! Garde partagée De son côté, l'Association marocaine de défense des droits du père et des enfants (AMDDPE) a proposé d'incriminer le fait de "remonter les enfants contre leurs géniteurs" (Comment prouver un tel acte ?). L'association a également réclamé la mise en place d'un système judiciaire spécialisé dans les affaires familiales urgentes pour accélérer les procédures. Rejoignant certaines associations féministes, l'AMDDPE a proposé l'adoption de la garde partagée des enfants, en cas de divorce, pour protéger l'intérêt suprême des enfants. L'accès du mari aux données confidentielles de son ex-femme "pour protéger ses enfants", l'élargissement du champ d'action des cellules de lutte anti-violence pour inclure les hommes et les enfants victimes de mères agressives, l'arrestation des femmes refusant le droit de visite aux pères... sont autant de propositions formulées par l'association auprès de l'Instance chargée de la révision du Code de la famille. La voix des hommes sera-t-elle entendue ? Le nouveau code de la famille nous le dira.