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Avortement : L'hémorragie continue, la loi s'entête
Publié dans L'observateur du Maroc le 11 - 02 - 2023


Meriem et les autres
Quelques mois seulement après le drame de Meriem, 14 ans et morte lors d'un avortement clandestin à Midelt, une autre femme succombe cette fois-ci à Inezgane Ait Melloul. Le 31 janvier, cette nouvelle victime a tenté de mettre fin à une grossesse non désirée d'une manière artisanale auprès d'une guérisseuse. Les choses tournent mal et l'état de la jeune femme se complique alors on la transporte en urgence dans un cabinet de médecine générale. Mais son état s'aggrave et elle est orientée finalement vers un hôpital public... Un peu trop tard car elle décède des suites d'un avortement pratiqué dans des conditions désastreuses.
« Un nouveau drame qui était pourtant évitable si la loi marocaine n'incrimine pas l'avortement », s'insurge la Fédération des ligues des droits des femmes dans un communiqué rendu public jeudi 9 février 2023. Insistant sur le droit et la liberté de choix des femmes, la fédération rappelle que la décision d'avorter est une affaire personnelle qui peut être motivée par plusieurs raisons mais qui peut sauver des vies et éviter des destins tragiques.
Mon corps, mon choix
« La fille d'Inezgane et avant elle Meriem et bien d'autres femmes ont perdu leur vie, ont souffert de graves séquelles suite à des avortements clandestins à cause d'une loi inadaptée et incapable de suivre l'évolution de la société marocaine », dénonce la FLDF. Cette dernière revient à la charge pour renouveler ses réclamations de décriminalisation de l'avortement. « Nous exigeons la légalisation des interventions volontaires de grossesse et le respect du libre arbitre des femmes concernant leur corps », réclame-t-on à la fédération.
Au-delà du droit à un avortement médicalisé sécurisé, la FLDF remonte à « la source du mal » et renouvelle ses doléances par rapport au respect des libertés individuelles. « Une réforme du Code pénal s'impose en urgence avec une reconsidération des libertés individuelles, la dépénalisation des relations hors mariage tout en garantissant l'égalité entre les sexes et le respect de la dignité des femmes », insiste-t-on auprès de la fédération des ligues des droits des femmes.
Grand débat
L'épineux débat autour du droit à l'avortement est relancé après chaque nouveau drame. Dans la ligne de mire des activistes féministes et ceux des droits humains, l'article 490 est considéré comme la source du mal. Incriminant les relations hors mariage, il constitue l'un des obstacles majeurs à la légalisation de l'avortement.
« C'est le silence qui est dangereux. A notre niveau, on essaie de médiatiser, de parler au maximum de ces cas là. En même temps, on n'arrête pas de réclamer par tous les moyens légaux possibles l'abolition des ces lois moyenâgeuses », nous explique Narjiss Benaazzou, présidente du Collectif 490, au lendemain de la mort de Meriem.
« Au Maroc, de 600 à 800 femmes avortent quotidiennement. Des relations sexuelles hors mariage existent bel et bien et des femmes tombent enceintes tous les jours. A l'ATEC nous avons toujours réclamé le droit à l'avortement et défendu le libre choix pour les femmes désireuses de mettre fin à une grossesse non désirée », ajoute de son côté Bouchra Abdou, directrice de l'association Tahadi pour l'égalité et la citoyenneté. D'après cette dernière, « si l'avortement médicalisé est réglementé, nous allons éviter ainsi de générer des phénomènes sociaux annexes tels les mères célibataires, les enfants de la rue, les bébés abandonnés, les bébés vendus ou jetés dans les poubelles. N'oublions surtout pas le cas de grossesse advenue après un viol individuel ou collectif ».
Pour l'ATEC, la loi doit impérativement respecter le droit à l'avortement et le libre choix des femmes pour arrêter l'hémorragie. « Ceci doit être valable que ça soit dans le cadre de relations officielles ou celles hors mariage, dans une approche profondément humaine. L'important c'est de préserver la santé de la femme qu'elle soit physique ou mentale tout en protégeant son droit à la vie », conclut Bouchra Abdou.


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