A Ouarzazate, le tourisme bat de l'aile. «A l'heure où le tourisme a commencé à se redresser dans de nombreuses destinations touristiques marocaines, Ouarzazate fait face à une crise structurelle et le secteur est en régression continue depuis 2018.», résume l'expert en tourisme et l'ex directeur du conseil provincial du tourisme de Ouarzazate, Zoubir Bouhout qui prévoit une chute drastique d'au moins -64% en termes de volume de nuitées au cours de l'année 2022 en comparaison avec 2019. Les statistiques du ministère de tourisme pour les dix premiers mois de 2022, indiquent une baisse de -65% du nombre d'arrivées et de -61% sur le volet nuitées par rapport à 2019. «En 2022, Ouarzazate aura bouclé les 5 années les plus pires pour le secteur du tourisme enregistrant ainsi un recul d'environ 40 ans», alerte Bouhout. Tous les marchés émetteurs sont concernés notamment le marché français avec une baisse de -62%, le marché italien avec un recul de -66%, celui espagnol (-75%) ou encore le marché anglais (-79%) et allemand avec une chute de l'ordre de -88% Les raisons d'un déclin En 2017, Ouarzazate a enregistré le deuxième plus grand taux de croissance du nombre de nuitées (+37%) , soit plus du double du taux de croissance des nuitées enregistrées au niveau national (+ 15 %). Depuis, le secteur a pris un coup dur et la situation n'a cessé de s'aggraver au fil des années. Les chiffres en attestent. 2018 a été marquée par les premiers signes de la dégringolade avec un taux de croissance des nuitées d'à peine 4% au moment ou la moyenne nationale a été de 8%. En 2019, tous les indicateurs ont été au rouge. Et Ouarzazate est devenue une zone sinistrée enregistrant un déclin de -8%. 2020 a été encore plus chaotique pour l'activité. Et le nombre de nuitées est passé de 380 000 nuitées en 2019 à seulement 71.607 nuitées en 2020, soit une baisse de 81 % contre un recul de 72% observé à l'échelle nationale. Lors de la reprise, « le nombre de nuitées n'a augmenté que de 6 %, alors que le taux de croissance avoisinait les 32 % au niveau national. En outre, le taux de récupération a été estimé à environ 34% pour Ouarzazate, soit moins de la moitié du taux de récupération enregistré au niveau national (73%) », analyse Bouhout ajoutant par ailleurs que la crise due à la covid-19 ne peut à elle seule, expliquer les défaillances de ce secteur vital. Fermeture en cascade des hôtels L'expert pointe du doigt l'enclavement aérien et terrestre, le manque d'attractivité des investissements ainsi que la faiblesse des budgets de promotion. D'après un professionnel du secteur dans la région qui requiert l'anonymat, le problème n'est pas lié à la promotion. Il reconnait que les budgets dédiés à cette opération sont faibles par rapport à d'autres régions, mais insiste surtout sur la problématique d'accessibilité. «La ville de Ouarzazate reste faiblement connectée au reste du monde », déplore t-il ajoutant que la destination souffre d'un déficit important au niveau de la connexion aérienne. « Et c'est plutôt cela qui entrave réellement la promotion touristique de la région », insiste-t-il. La chute de l'activité touristique dans la région a conduit à une accélération du rythme de fermeture des établissements touristiques et par conséquent à une baisse drastique de la capacité d'hébergement. « Ce sont plus de 20 hôtels qui ont fermé définitivement leurs portes à Ouarzazate dont 5 établissements en 2022 », fait savoir Bouhout ajoutant «qu'aucune initiative sérieuse n'a été prise par responsables locaux pour pallier cette carence».