Chiffres alarmants Près de 20 hôtels ont fermé définitivement à Ouarzazate. Une liste de 23 noms d'établissements concernés circule actuellement sur les réseaux sociaux. Un responsable du tourisme dans la région, confirme l'information. Mais exclut de la liste 4 hôtels. Selon lui, ils ne sont pas encore fermés. Mais, le seront sûrement prochainement, si la crise actuelle perdure. D'après l'expert en tourisme et l'ex directeur du conseil provincial du tourisme de Ouarzazate, Zoubit Bouhout, Ouarzazate est en déclin et le tourisme est en régression continu depuis 2018. En chiffres, la destination de Ouarzazate a enregistré le deuxième plus fort taux de croissance des nuitées au Maroc en 2017, avec une hausse de (+37%), ce qui représentait plus du double du taux de croissance enregistré au niveau national (+15%). Cependant, « à partir de 2018, Ouarzazate a commencé à connaître année après année une vraie dégringolade », souligne Bouhout ajoutant qu'à l'heure où le secteur touristique marocain enregistrait un taux de croissance des nuitées de (+5%), en 2019 par rapport à 2018, Ouarzazate a connu une baisse de (-2%) alors que toutes les autres destinations marocaines ont connu une croissance positive ». Le même expert note que la situation s'est aggravée à cause de la pandémie. Et Ouarzazate sera alors l'une des destinations les plus touchées du Maroc .Si en 2020, le Maroc a enregistré une baisse de moins (-78%), Ouarzazate elle, a connu une chute de 83 % en termes d'arrivées touristiques. En 2021, bien que le Maroc ait connu une reprise relative avec un nombre d'arrivées qui est passé de 2,8 millions de touristes en 2020 à 3,7 millions de touristes en 2021, soit une augmentation de +32%, Ouarzazate n'a pas pu décoller et a finit par enregistrer une recul net de 8 %. Cette année, le constat reste le même. La reprise que le secteur du tourisme a vécu depuis le début de 2022 dans différentes villes marocaines, n'a pas concerné la destination qui n'a pu récupérer que 14% jusqu'à fin avril 2022 par rapport à la même période en 2019. Un taux de recouvrement jugé le plus faible en comparaison avec ceux enregistrés dans les destinations touristiques, qui ont pu atteindre des scores plus importants notamment Rabat avec 47% , Tanger avec 46% et 42% pour Agadir, 36% pour Casablanca et 33% pour Marrakech. Ce déclin a été discuté le lundi 4 juillet lors de la session des questions orales à la chambre des représentants lorsque la représentante du PAM de la région Draa-Tafilalet, Imane Lamaoui a interpellé la ministre du tourisme autour de la crise touristique que vit la destination. Le sujet a fait aussi l'objet d'une lettre ouverte envoyée cette semaine, par certains responsables touristiques, au chef du gouvernement Aziz Akhannouch et au ministre de l'intérieur Abdelouafi Laftit. Pourquoi un tel déclin? Sollicité par l'Observateur du Maroc et d'Afrique, un représentant du secteur dans la région, qui requiert l'anonymat, nous confirme le constat. Selon lui, le tourisme à Ouarzazate est sinistré, malgré tous les efforts consentis pour promouvoir la région et les budgets consacrés à cette opération. On comprendra alors que le problème n'est pas lié à la promotion touristique de la destination. Là où le bas blesse: l'accessibilité. Et les avis sont unanimes sur ce point. Comment ? La ville de Ouarzazate reste faiblement connectée au reste du monde. «Déjà la projet d'aménagement de la route nationale 9, de 180 km, reliant Marrakech à Ouarzazate accuse un retard énorme. Cela fait 8 ans que les travaux ont démarré. Et la route n'est toujours pas prête », déclare le responsable qui met l'accent aussi que le problème des lignes aériennes. «On souffre d'un manque cruel au niveau de la programmation de vols envers la destination. Et cela entrave réellement la promotion touristique de la région », ajoute le même interlocuteur. Ce dernier reconnait par ailleurs qu'il y a un engouement particulier envers la destination, de la part de touristes en provenance de l'Espagne, du Portugal...mais, il insiste sur la problématique de l'infrastructure. «Comment encourager un investisseur à investir dans une région enclavée, faiblement connectée par l'aérien, et où les hôteliers jettent l'éponge l'un après l'autre ? Difficile », conclut notre source.