Après deux augmentations successives, le 15 octobre et le 1er novembre, les prix à la pompe sont en recul dès le début du mois de décembre. Une baisse jugée importante par les professionnels puisque le prix du gasoil a baissé de 1,60 DH et celui de l'essence a reculé de 0,22 DH. Ces changements varient selon les distributeurs à travers le Royaume. Pour le secrétaire général de l'Union nationale du pétrole et du gaz affiliée à la CDT, les prix affichés ne doivent pas dépasser actuellement 14 DH pour le gasoil et 13 DH pour l'essence. Et il justifie son jugement : «Nous relevons les cotations journalières à l'international puis on calcule la moyenne sur 15 jours en prenant en considération le taux de change Dollar/Dirham. A partir de là, nous avons le prix qui devrait être fixé pour le consommateur tout en prenant en considération les marges des distributeurs et des stations-service », détaille El Houssine El Yamani ajoutant que cette méthode de calcul était pratiquée avant la libéralisation. Aujourd'hui, « nous avons libéralisé les prix mais nous avons gardé toutes les pratiques de la non libéralisation. La seule chose qui a changé c'est le prix à la pompe», estime le professionnel. Sur le marché, rares sont les opérateurs qui appliquent ce prix. Selon El Yamani, ce sont les opérateurs nationaux qui appliquent les prix moins chers au niveau des stations-service, surtout celles détenues par les sociétés mères et non franchisées. D'ailleurs c'est ce qui explique la différence de prix au niveau des points de vente de la même marque. Or, si El Yamani insiste sur le fait que tout ce qui s'ajoute aux prix annoncés, à compter du 1er décembre, est dû à la libéralisation des prix et est considéré comme bénéfice net pour les opérateurs, un autre expert dans le domaine des carburants ne partage pas cet avis. Pour lui, les sociétés de distribution détiennent un stock de l'ordre de 630.000 M3 achetés antérieurement aux prix plus élevés et, par conséquent, les sociétés subiront des pertes qui s'élèveront à plus d'un milliard de DH durant les 15 premiers jours du mois courant. El Yamani reste convaincu que la libéralisation des prix est la cause principale de ce yoyo des prix au niveau national. Il note aussi, que même si le cours du pétrole à l'international baisse, les marges de raffinage restent élevées. Car il y a une insuffisance dans l'offre du raffinage du pétrole. Et donc vu que le Maroc ne dispose plus de raffinerie, il est dans l'obligation d'acheter du pétrole raffiné, et cela nous coûte cher. «Avant la crise d'Ukraine, l'écart entre le prix du pétrole brut et celui raffiné ne dépassait pas les 0,50 centimes par litre. Actuellement, l'écart est de 2,98 DH. En juillet dernier, il était de près de 4DH », fait savoir El Yamani. Les prix au Maroc sont changés tous les 15 jours. Pour El Yamani, cela pose problème. «Après cette période, même quand il y a une baisse à l'international, les sociétés continuent d'afficher des tarifs plus élevés sous prétexte qu'elles doivent attendre d'écouler le stock qu'elles ont acheté plus cher. Alors que dans l'autre sens, cela ne s'applique pas », tranche le professionnel ajoutant que ces opérateurs n'appliquent pas encore les nouvelles lois du marché. Et finalement c'est le consommateur qui en paie le prix fort.