Dimanche 20 novembre, la ville d'Oujda est secouée par un massacre ayant emporté la vie de trois femmes. L'auteur du crime est un voisin âgé de 42 ans. Sans raison apparente, comme l'affirment des sources policières, cet homme fait irruption dans le domicile des victimes, les attaque à l'arme blanche avant de les achever. Agées respectivement de 19, 45 et 76 ans, les trois femmes sont de la même famille. Une quatrième victime s'en est sortie de cette tentative de meurtre avec des coups et des blessures ayant nécessité son hospitalisation en soins intensifs. Un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), explique comment les éléments de la police d'Oujda ont été contraints de faire usage de leur arme de service afin de neutraliser le présumé tueur. Ce dernier s'était barricadé dans la demeure des victimes. Il a été finalement arrêté après avoir été touché par balles au niveau des membres inférieurs. Le suspect est actuellement placé sous surveillance médicale à l'hôpital en attendant la stabilisation de son état de santé. D'après le communiqué de la DGSN, il sera soumis ensuite aux procédures de l'enquête ordonnée par le parquet compétent afin d'élucider les mobiles et circonstances de ces multiples meurtres. Autre ville, autre meurtre et autre arrestation. Cette fois-ci à Agadir. Une femme a été retrouvée morte à son domicile au quartier Anza. La victime portait des traces apparentes de strangulation. Aussitôt l'enquête ouverte, la police d'Agadir va identifier le meurtrier qui serait selon les premiers éléments, l'ex amant de la victime. Deux jours après, le meurtrier présumé est localisé à Taounate et arrêté en coordination avec la police locale, le samedi 19 novembre 2022. En garde à vue actuellement, le suspect, 53 ans, devrait s'expliquer et dévoiler le mobile de son crime. Des milliers de victimes Des récits et des crimes qui viennent s'ajouter à la longue liste d'histoires et de vies fauchées par la violence basée sur le genre. Un destin tragique que des milliers de femmes partagent d'ailleurs à travers le monde comme l'affirment les rapports onusiens. Selon le dernier en date, au moins 87.000 femmes ont été tuées de manière intentionnelle dans des pays pauvres comme dans des pays riches. Parmi ces 87.000 victimes, 57% ont été tuées par leurs conjoints ou par des membres de leurs familles, affirme l'ONUDC (Office des Nations unies contre les drogues et le crime). Plus d'un tiers (30.000 femmes) ont été tuées par un ex-conjoint ou un conjoint actuel, « quelqu'un en qui elles auraient normalement dû avoir confiance» note le rapport. Même constat du côté de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans un rapport datant de fin 2017 : Pas moins de 38% des meurtres de femmes sont perpétrés par leurs partenaires intimes masculins. D'après les auteurs de l'étude, ces meurtres ne sont généralement pas la conséquence d'actes spontanés ou isolés, mais plutôt d'une accumulation de violences liées au genre, au caractère possessif de la relation mais aussi de la jalousie et de la peur de l'abandon. Partenaires tueurs Le rapport de l'ONUDC révèle également que l'Asie détient le macabre record du plus grand nombre de femmes tuées (20.000) par leurs conjoints ou des membres de leurs familles, talonnée par le continent africain avec 19.000 victimes. Les Amériques du Nord, Centrale et du Sud suivent avec un total de 8000 mortes, l'Europe avec 3000, tandis que l'Océanie arrive en dernier avec 300 femmes tuées en 2017. « Mais c'est en Afrique (Afrique du Sud, Sénégal, RDCongo, etc.) que les femmes et les jeunes filles risquent le plus d'être tuées par leur compagnon ou un membre de leur famille (69%) » ajoute le rapport onusien. Violences physiques avec coups et blessures, violences psychiques, harcèlement moral et verbal avec insultes et maltraitance, violences sexuelles... la liste est longue et assez variée. Les chiffres sont d'ailleurs éloquents : Plus de 54 % des femmes marocaines sont concernées par les violences et environ un tiers d'entre elles ont été déjà victimes de plus d'une forme. C'est ce que révèle la deuxième enquête nationale sur la prévalence de la violence faite aux femmes et dont les résultats ont été dévoilés en mai 2019. Des chiffres accablants d'autant plus que cette même enquête révèlent que 54,4% des fiancées et 52,5% des femmes mariées on été victimes de violence et ceci au niveau national.