C'est parti pour la COP 27. Le coup d'envoi a été donné dimanche à Charm el-Cheikh, en Egypte. Chefs d'états, chefs de gouvernements, dirigeants d'organisations régionales et internationales concernées par les questions environnementales et climatiques et responsables d'institutions financières internationales, se pencheront jusqu'au 18 novembre sur les actions urgentes à entreprendre pour limiter les dégâts du réchauffement climatique. La conférence s'est ouverte avec une nouvelle alerte lancé par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un message vidéo diffusé à cette occasion. Selon lui, «Alors que la COP27 commence, notre planète envoie un signal de détresse. Cette "chronique du chaos climatique" montre "tellement clairement que le changement se produit à une vitesse catastrophique, dévastant les vies sur tous les continents ». Un rapport de l'organisation météorologique mondiale (OMM) note les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées. «Mais cela ne renverse pas la tendance de long terme ; c'est seulement une question de temps avant qu'il y ait une nouvelle année plus chaude», a insisté l'agence spécialisée de l'ONU. L'un des enjeux du sommet sera de réussir à faire payer les pays riches pour les « pertes et dommages » subis par les pays en développement, en première ligne face aux conséquences inévitables du changement climatique. Déséquilibre flagrant ! La COP 27 est l'occasion pour le continent africain de rappeler son faible poids dans les émissions de gaz à effet de serre et ses difficultés à se développer sans miser sur les énergies fossiles. En effet, le continent africain est le moins résilient face au changement climatique. Abritant 17% de la population mondiale, le continent ne pèse en réalité que 3% des émissions de gaz à effet de serre. Un Américain moyen produit 14 tonnes de CO2 par an, contre 10 tonnes pour un Européen et moins d'une tonne pour un Africain. Vague de chaleur, sécheresse, stress hydrique, inondations... Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà clairement visibles. Selon le dernier rapport du Giec, ces phénomènes vont sans aucun doute s'aggraver au cours de la prochaine décennie. Dans son document sur les perspectives économiques en Afrique 2022, la banque africaine de développement estime que le poids du changement climatique sur les économies du continent et les moyens de subsistance des Africains est disproportionnellement élevé en rapport à leur faible participation dans les émissions mondiales de carbone Ainsi, Les représentants de 24 pays africains ont rappelé début septembre, lors d'une réunion au Caire visant à préparer la COP 27, « l'impact disproportionné du changement climatique sur le continent compte tenu de sa faible empreinte carbone ». Ce lundi, le président en exercice de l'Union africaine (UA), Macky Sall s'exprimant en marge de la COP27 a estimé : que « Le moment est venu de mettre sur la table la responsabilité de chacun et qu'elle en ait une conscience collective mondiale. Soit, nous sauvons la planète, soit elle disparaît avec nous ». Un financement qui se fait attendre Il y a plus de 10 ans, à Copenhague, les pays développés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars par an, jusqu'à 2020 aux pays pauvres pour les aider à s'adapter au changement climatique. A terme, l'aide n'a pas dépassé les 83,3 milliards de dollars d'après l'organisation de coopération et de développement économiques. L'objectif n'a donc pas été atteint et a été reporté à 2023. Non seulement, l'Asie reste le principal bénéficiaire des financements versés avec 43% bien loin devant l'Afrique avec seulement 26% du total. Aujourd'hui, il y a urgence. Plus ce financement tarde, plus les dégâts seront plus lourds. « Les coûts estimés des mesures pour réduire l'exposition des pays en développement aux impacts du réchauffement sont cinq à dix fois plus élevés que les financements dirigés vers cette adaptation", s'était inquiétée l'ONU lors de la COP26 à Glasgow l'année dernière. Les pays africains ont besoin de ce financement pour investir dans les énergies renouvelables et limiter le recours aux énergies fossiles. Ils exigent alors que les plus gros émetteurs historiques de gaz à effet de serre paient leur juste part. C'est dans ce sens que Macky sall a été catégorique lors de la COP27 : « Si l'argent n'est pas là, nous allons recourir aux mêmes sources énergétiques pour les aspirations du développement de l'Afrique ». « Depuis 2020, la communauté s'était engagée à mettre 100 milliards de dollars par an, jusqu'en 2030. On n'a pas encore les premiers 100 milliards. Alors que l'Afrique, à elle seule, a un besoin estimé par le GIEC de 85 milliards par an d'ici à 2030, pour pouvoir respecter les objectifs de réduction de la température de la planète à moins de 1,5 degré », a insisté le président de l'UA pointant le non-respect des rendez-vous pour les financements promis. COP 27. Une forte présence marocaine Le Maroc, qui avait accueilli la COP22 à Marrakech en 2016, est fortement présent lors de cet événement avec une délégation présidée par le prince Moulay Rachid, qui devrait donner lecture à un message adressé par le Roi Mohammed VI. Des ministres, hommes d'affaires, militants associatifs, universitaires... ont fait aussi le déplacement pour porter la voix du Maroc et participer aux différentes sessions thématiques de la conférence qui sera également l'occasion d'exposer la feuille de route nationale dans le domaine de énergies renouvelables et mettre l'accent sur les défis actuels et tirer profit davantage des financements climatiques prévus.