Dans son rapport général de l'année 2020, le Ministère Public annonce l'enregistrement de 15.743 appels de dénonciation par le numéro vert anti-corruption. Un chiffre qui porte le total des appels reçus depuis le lancement de ce service en 2018 à fin 2020 à 51.881appels avec une moyenne de 100 appels par jour. Une nouvelle application a été lancée en 2020 permettant de recueillir les doléances des citoyens même en dehors des horaires administratifs. « Ainsi les plaignants peuvent dénoncer les corrompus en français, arabe ou en amazigh. Les plaintes sont enregistrées et traitées ensuite par les fonctionnaires en charge du service. Ces derniers recontactent d'ailleurs les plaignants pour procéder ensuite à l'arrestation des suspects en flagrant délit » explique le rapport en question. Résultats encourageants Une procédure qui a permis en effet de réaliser « des résultats encourageants » en deux ans et demi d'existence, comme cela est affirmé auprès du Ministère Public. « Ceci malgré le fait que certains suspects arrivent tout de même à échapper au couperet car vigilants ou parce que le plaignant se rétracte à la dernière minute », explique le rapport. Des exceptions qui n'affectent pourtant pas les résultats probants de cet outil anti-corruption comme le montrent les derniers chiffres. Ainsi, ils étaient 164 suspects à être surpris en flagrant délit en 2020, suite à un appel de dénonciation reçu par le numéro vert avec en moyenne une arrestation par semaine. Quant aux valeurs des pots-de-vin engagés, le rapport dévoile que les sommes d'argent peuvent être modiques et ne dépassant guère les 50 dhs ou faramineuses comme c'était le cas pour une affaire où il était question d'un pot de vin de 300.000 dhs. Si les affaires de corruption touchent tous le territoire, la région Marrakech-Safi reste cependant l'épicentre du fléau avec 37 flagrants délits (via le numéro vert). Le rapport note d'ailleurs que les secteurs et les services avec lesquels traitent les citoyens au quotidien sont les plus concernés par la corruption. En tête des suspects arrêtés, viennent les moqadems ou les auxiliaires d'autorité avec 46 arrestations, suivis de près par les agents de police, ceux de la gendarmerie royale, la protection civile, les eaux et forêts et les forces auxiliaires avec 32 arrestations. Ces derniers sont talonnés par les fonctionnaires des collectivités locales avec 26 arrestations, le secteur de la santé et les intermédiaires avec respectivement 13 et 16 arrestations. La justice et l'équipement sont également touchés avec 7 et 5 suspects débusqués. Des arrestations qui ont donné lieu à des jugements, des peines de prison et autres amendes et dans quelques cas des acquittements. Les peines privatives de liberté infligées aux suspects par les tribunaux marocains vont de six mois à plus de deux ans de prison sans oublier les peines en sursis, selon la même source. Le citoyen, la clé « Malgré l'importance de ces résultats, la ligne directe pour dénoncer la corruption ne peut à elle seule lutter et venir à bout du fléau. Cette lutte c'est l'affaire de tous et à tous les niveaux : prévention, éducation, sensibilisation, bonne gouvernance, transparence des procédures et des services publics. Ceci dit le citoyen reste la pièce maitresse et la clef de la solution en dénonçant tout agissement corrompu », appelle le Ministère Public. Pour encourager les citoyens à mettre à profit le numéro vert, ce dernier insiste d'ailleurs sur l'aspect facile, rapide et surtout confidentiel de ce mécanisme. Rappelons que le Ministère Public a lancé en 2018, une ligne téléphonique directe dédiée à la réception des dénonciations d'actes de corruption. Ce numéro vert ( 0537718888 ) s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption. « Le but étant de dénoncer ces actes au moment précis et avec l'efficacité nécessaire pour contrôler les cas de corruption ou de chantage et informer ainsi les autorités de ces faits », explique alors le Ministère Public. Un centre d'appels supervisant tous les appels a été équipé de moyens technologiques de traitement des cas. Cette structure transmet les appels au juge en charge, après s'être assurée qu'ils se rapportent à un crime de corruption. Les juges coordonnent de leur côté avec le procureur général et le dénonciateur de ces actes afin d'arrêter le suspect, en « flagrant délit ».