Le nouvel exécutif entame son mandat dans un contexte politique, somme toute favorable. Les électeurs ont sèchement sanctionné les Islamistes, et ils ont mis les trois partis de la coalition nettement devant. Au-delà de ces réalités électorales, par ses annonces durant la campagne, cette majorité a suscité de l'espoir, en particulier chez les jeunes. Maintenir cet espoir, le renforcer est la première tâche de ce gouvernement si l'on veut sauvegarder la cohésion sociale. Cet espoir est déterminant. Mais il faut qu'il soit accompagné d'un renforcement de l'adhésion à un corpus de valeurs commun. Le patriotisme, la solidarité, le respect des droits humains, doivent signifier l'attachement des Marocains à un projet national, encore faut-il qu'il soit clairement identifié. Cela ne signifie nullement l'unanimisme, qui n'est ni souhaitable, ni possible. Les divergences peuvent s'exprimer, même sous forme de clivages, sur l'opportunité des choix, l'efficacité des choix, mais pas sur les consensus qui fondent le projet national. L'histoire nous apprend que ce n'est pas la comptabilité nationale avec les variations des indicateurs qui font les nations. Être performant sur les chiffres n'impacte pas le vivre ensemble. On a vécu, au Maroc et ailleurs, des périodes de croissance, qui ont profité aux uns et pas aux autres, les autres étant les plus nombreux, ce qui ne renforce pas la cohésion. L'adhésion est une force motrice. La réunion autour d'un référentiel de valeurs commun permet à toute structure de dépasser les crises. Mais il faut qu'il y ait un cap clair, des décisions, des résultats qui démontrent qu'on est sur la bonne voie. Cela renforce l'espoir, les convictions et fait de l'adhésion une force motrice. On ne peut pas réclamer, indéfiniment, du patriotisme à des couches qui se sentent marginalisées, sans espoir, surtout quand il s'agit de la jeunesse. Cela n'est pas valable uniquement en politique. Toute structure a besoin pour fonctionner d'une charte de valeurs, même non écrite. Cela va de l'association de quartiers aux plus grandes entreprises. Les gens ont besoin de donner un sens à leur action pour donner le meilleur d'eux-mêmes. Dans notre groupe média , ce n'est pas parce que nous avons les moyens les plus importants, mais parce que nous avons des équipes formidables. Leur point fort c'est que chacun adhère aux valeurs de patriotisme, d'universalisme, de tolérance, de convivialité. Cela fait d'eux un bloc solidaire et performant.