Nous sommes à quelques mois d'élections hyper importantes, puisqu'elles concernent à la fois le local, le régional et le national. Les discours des chefs des partis sont réellement décalés. Ils continuent à déclamer leur antienne contre la presse qui dévaloriserait l'action partisane. C'est factuellement faux, parce que la presse se fait l'écho d'un sentiment public, d'un ressenti. C'est politiquement nul, parce que cela n'imprime pas l'adhésion. On ne peut pas demander aux citoyens de voter contre quelque chose. Les électeurs ne se déplaceront pas pour faire barrage à un mouvement. Ils se déplaceront s'ils font confiance à un projet, à une vision. Les partis politiques, s'ils veulent être au niveau de l'étape historique que nous traversons, doivent agir tout simplement en partis politiques. Selon la science politique, un parti c'est un référentiel, un ensemble de valeurs, un programme; c'est-à-dire un corpus de mesures liées au référentiel et à l'incarnation. Sur les trois strates, la classe politique est défaillante. Aucun parti ne fait référence à ce qui devrait être son ADN. De grands partis, qui ont adopté de vrais projets sociétaux, n'en parlent plus aujourd'hui. Comme si la comptabilité était la seule projection nationale possible. Parlons de l'incarnation. Pour une population aussi jeune, est-il normal de présenter les mêmes visages à chaque échéance électorale ? La réponse est non. Il n'y a aucune possibilité de construction démocratique sans les partis politiques. Ils sont essentiels pour la faire vivre, lui donner du sens. Cette vérité, impose aux partis des devoirs. Il faut sortir des postures, tout parti politique doit proposer aux Marocains un projet, animer le débat public, faire place aux nouvelles générations. Sinon nous aurons un taux de participation si faible qu'il portera atteinte à la légitimité des institutions.