Sorti dans les salles françaises il y a 2 semaines, le dernier long-métrage de FAOUZI BENSAIDI a séduit par l'originalité de sa mise en scène, son côté esthétique et la maturité de son langage. Un an et demi après la sortie de son dernier film « Mort à vendre » dans les salles marocaines, le réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi savoure le succès de son oeuvre à l'étranger. Primé au Festival d'Angoulème la semaine dernière pour sa mise en scène et 2 semaines à peine après sa sortie dans les salles parisiennes, le film a emballé l'ensemble de la critique française qui le qualifie désormais de « Mean Streets maghrébin » (Vincent Ostria dans « Les Inrocks »), en faisant référence à l'un des premiers chefs d'oeuvres de Marin Scorsese, et n'hésite pas à parler de l'émergence d'un véritable courant néo-noir. Film atypique mi-réaliste, mi-loufoque, « Mort à vendre » a surpris par son audace et ses plans séquences innovants et esthétiques. Certains estiment que l'oeuvre de Bensaïdi apporte une plus-value esthétique au genre du film noir, à l'instar de l'apport du cinéma asiatique dans les années 90. Pour sa part, Roman Duvic (dans « toutlecine.com ») met en exergue la maîtrise de la mise en scène inventive, la qualité des prises de vue et la force de l'interprétation. Même constat chez Vincent Malausa qui, dans "Les Cahiers du Cinéma", considère Faouzi Bensaïdi et Leila Kilani comme étant des figures d'avant-garde parmi les cinéastes créatifs marocains. Le réalisateur qui met en scène des personnages paumés et marginalisés avoue être attiré par leur côté humain. « J'aime bien les gens qui ne sont pas faits pour être des héros. Je suis du côté des déshérités et des perdants. Leur humanité me touche énormément ». Affirme le réalisateur dans une entrevue accordée à RFI. Un des personnages central du film reste néanmoins la ville de Tétouan, « un lieu pas assez filmé», selon le réalisateur. Après Nourreddine Lekhmari dans «Casa Negra», Bensaïdi a su exploiter l'espace en filmant à son tour le décor urbain d'une autre ville du Maroc d'une façon subtile et esthétique. Sa mise en scène reste profondément inspirée par l'architecture de la ville de Tétouan, les ruelles de sa médina, ses murs oppressants, les lignes d'horizon offertes par la mer et ses falaises imposantes. La critique française parle ainsi de polar modernisé qui permet une relecture recontextualisée du film de genre. En effet, tous les ingrédients y sont réunis : les gangsters, les voyous, les endroits louches, les cadavres dans le coffre des voitures, les prostituées. Bref, un univers glauque sur fond de chômage, dans une atmosphère marquée par la tension sociale et menacée par la montée de l'extrémisme. Un polar atypique salué par Martin Scorsese L'icône incontestée du film noir américain Martin Scorsese a apporté publiquement son soutien à l'affiche du film. Grand connaisseur du cinéma marocain et parrain de la Film Foundation, le réalisateur de «Taxi Driver» qualifie «Mort à vendre» de "fort, dur et lyrique". "C'est un geste qui témoigne d'une générosité sans bornes. C'est une leçon de modestie que de voir un des grands maîtres du cinéma mondial écrire une lettre de félicitations sur le film." Affirme Faouzi Bensaïdi qui se concentre déjà sur ses futurs projets.