Le confinement n'a pas fait que des mécontents. Au Maroc, il a suscité un incroyable bouillonnement et une urgence de se réinventer de repenser son approche artistique. Plusieurs photographes se sont ainsi constitués en collectifs donnant ainsi naissance à un Art alternatif en dehors du cadre, au-delà de toute limite et qui casse les codes traditionnels de la photo. Alors que le Maroc subit les foudres du Covid-19, tout comme le reste du monde, un souffle nouveau éveille la scène artistique, mue par un désir de renouveau. Naissent alors plusieurs collectifs de photographes et créatifs marocains KOZ, Noorseen ou encore Interval, qui ont soif d'un renouveau artistique sans précédent. La création de ces « collectifs du renouveau » répond à une sorte « d'urgence et à un désir de reprendre le contrôle sur notre narration régionale, d'avoir une présence, un discours et être plus inclusifs », explique Amina Debbiche, co-fondatrice d'Interval. L'idée est en fait de « cesser d'être suiveurs » pour gagner le rang « d'acteurs ».
Créé en mai 2020, le collectif vise « d'élargir l'accès à l'art et la culture et de créer des ponts et dialogues entre les artistes locaux et ceux de la scène internationale», affirme Hamza Slaoui, se référant à leur première exposition digitale « IM(PULSION) », réunissant près de 21 artistes de la scène marocaine.
KOZ
Ensemble pour un système alternatif Si pour le photographe M'hammed Kilito, membre fondateur de KOZ, « L'envie était là, depuis longtemps », c'est le confinement qui a été un véritable « catalyseur ». Au nom du partage, de la singularité des visions, et d'un « désir de professionnalisation en dehors des circuits institutionnels », ce collectif, telle une « famille ou un refuge » est selon l'artiste autodidacte Imane Djamil, une opportunité de « passer par un système alternatif pour avoir les codes de ce métier » qui se dessine en creux. Pour Yasmine Hatimi et Seif Kousmate, le collectif permet ainsi d'évoluer ensemble en tant qu'artiste, ce qui est propice à tout progrès individuel.
Marouane Beslem. Casa Lovers Sortir de l'anonymat Biberonnés à Internet et à sa surabondance d'images, las des clichés galvaudés sur le Maroc, les photographes Amine Houari (66kchifa), Marouane Beslam, Yassine Sellame, Jalal Bouhsain ou encore Fatima-Zohra Serri, membres de Noorseen, estiment que leur regroupement est un excellent moyen de sortie de l'anonymat car il leur permet d'assurer une bonne visibilité. Ensemble, ils veulent se démarquer de la masse et « se distinguer de l'amateurisme d'Instagram », conclut Amine Houari.
Houari Mohamed Amine. Look at the past
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