Généralement peu enclin à communiquer, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) répond à nos questions au lendemain du premier match officiel des Lions de l'Atlas, conduits par un nouveau staff. Un match nul (0-0) à domicile contre l'avant-dernière équipe mondiale au classement FIFA : le football marocain va si mal que cela ? Je suis le premier déçu par ce résultat réalisé face à l'équipe centrafricaine. Mais ce n'est que la première rencontre de cette phase éliminatoire de la Coupe d'Afrique et l'équipe nationale saura, sans doute, se rattraper, d'autant que l'ensemble des équipes nationales nord- africaines n'ont pas été particulièrement performantes à domicile durant cette première journée. Maigre consolation… N'oublions pas que notre football est en pleine restructuration après les crises traversées. Il faut être patient avec notre équipe nationale, composée de joueurs de très haut niveau qui sont animés de bonne volonté. Des voix commencent à s'élever pour demander votre tête. Comment réagissez vous Sincèrement, je ne suis pas à l'écoute des voix portées par une certaine presse à la recherche de sensationnalisme. Le Bureau Fédéral travaille dans la sérénité et le professionnalisme et reste parfaitement concentré sur les objectifs tracés. Quels sont ces objectifs précisément ? C'est en priorité la restructuration de la Direction technique nationale axée sur la formation, que ce soit sur le plan du renforcement des capacités de l'ensemble des acteurs ou des infrastructures. Il s'agit aussi de la construction des équipes de jeunes et de la réforme du football national à travers la mise en place, dès la saison prochaine, d'une ligue professionnelle, en sus de la mue en profondeur du football amateur. Avez-vous les moyens de vos ambitions ? Ce changement de cap est accompagné, bien entendu, d'un renforcement des moyens juridiques et financiers injectés dans le football national, tant à l'échelle des équipes nationales que du championnat dans toutes ses composantes. Quand pourra-t-on récolter les fruits de cette nouvelle stratégie ? D'ores et déjà, une amélioration certaine s'est fait ressentir grâce aux nouveaux textes réglementaires, aux subventions accordées aux clubs, à la dynamique interne des clubs, en plus du saut quantitatif et qualitatif qui sera enregistré grâce à la refonte des droits TV et des contrats de sponsoring. C'est donc avant tout un travail de longue haleine qui nécessite patience et ténacité. Recruter Eric Gerets est-il le choix le plus judicieux ? Nous avons mené des négociations poussées avec plusieurs coachs du top 10 mondial. Nous avons pris notre temps pour choisir le sélectionneur. Nous aurions pu ramener quelqu'un de moyen que l'on aurait remercié au premier faux-pas, retombant ainsi dans les cycles menant à des catastrophes. Nous avons finalement opté pour Eric Gerets. Et tant pis s'il n'est pas encore disponible… Quand on signe avec un entraîneur de cet acabit, il faut accepter ses contraintes. Il se trouve que Gerets restera engagé tant qu'il sera en course pour la “Champions League” asiatique. Il prendra donc ses fonctions au Maroc, au plus tard, en novembre prochain. Êtes-vous certain que le nouveau coach est capable de produire des résultats ? L'annonce de son recrutement a déjà eu un effet positif sur l'équipe nationale, car nous sentons que l'ambiance est meilleure. Les joueurs reprennent progressivement confiance, en ce sens que plusieurs de nos concitoyens qui évoluent en Europe ont tranché pour le maillot national. Vous ne regrettez donc pas ce choix ? Encore une fois, le recrutement de Gerets est un choix réfléchi qui repose sur notre volonté d'offrir au football national le meilleur encadrement possible. L'arrivée récente de Pim Verbeek et ses adjoints est une autre pierre apportée à l'édifice, pour bâtir solidement et de manière pérenne les équipes nationales des jeunes, véritables réservoirs et pépinières de l'équipe nationale première. C'est un investissement majeur pour le moyen et long termes. En attendant, ne risquerez-vous pas de succomber à la pression du public et “lâcher” ce nouveau staff si les résultats ne suivent pas rapidement ? Je reste confiant dans le fait qu'avec ce nouveau staff nous allons pouvoir construire une équipe nationale de très haut niveau, et le Maroc fera d'excellentes prestations aux prochaines Coupes d'Afrique et du Monde. Et pour cela, il faut de la patience et de la persévérance.