Une fois pour toutes, clarifions le débat sur les délocalisations ! «Il est plus facile de briser un atome qu'un préjugé»-Albert Einstein. L'image médiatique du Maroc en France et l'instrumentalisation de cette image dans le débat politique intérieur de l'Hexagone en sont une parfaite illustration. Dernier exemple en date : les délocalisations des centres d'appels au Maroc. Le secteur emploie en France quelque 300 000 personnes dont 60 000 à l'étranger. Le Maroc à lui seul accapare la moitié des emplois délocalisés, soit 30 000 postes. Surfant sur la vague de la crispation identitaire de la société, le Secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, avait décidé de lancer une grande offensive contre les délocalisations des centres d'appels et promis des assises sur ce sujet à la rentrée. Principal pays visé : le Maroc. Après l'agitation qui a accompagné cette annonce, le gel de l'initiative de Wauquiez a été interprété par les médias français comme un retrait décidé en «haut lieu» au nom de l'amitié «franco-marocaine». Bref, l'Elysée aurait fermé les yeux cette fois mais attention à la prochaine vague! La présentation ainsi faite de cette affaire par les médias de l'Hexagone rappelle que les préjugés ont la vie tenace. Une vision colonialiste et paternaliste habite l'esprit de nos confrères tandis que la réalité est toute autre. En effet, si le Maroc peut être accusé d'avoir «volé 30 000 emplois», personne ne se lève à Paris pour mettre en avant le nombre d'emplois que le Maroc crée en France (en ces temps de crise) grâce à des bons de commande bien garnis de l'Etat, des collectivités locales et des grandes entreprises marocaines. Exemple parmi plusieurs autres : Alsthom, qui remporte le projet du TGV (2 milliards d'euros) ; le Tramaway de Rabat (105 millions d'euros) et celui de Casablanca (200 millions d'euros). Ce ne sont pas les seuls cas et les entreprises françaises présentes dans divers secteurs comme l'industrie, l'automobile, les télécoms et les services réalisent de substantiels profits et appliquent des marges aujourd'hui inenvisageables en Europe tout en assurant un flux d'emplois à des cadres expatriés avec des conditions de vie beaucoup plus avantageuses qu'en France. En comparaison, les 30 000 employés des centres d'appels délocalisés, sont payés une misère. Et pourtant, ils aiment travailler pour le développement de l'économie de l'Hexagone et sont mobilisés 24/24 pour faciliter la vie à des millions de citoyens français en quête de renseignements téléphoniques ou de services à distance. M. le Secrétaire d'Etat à l'Emploi aurait dû leur rendre hommage au lieu de les stigmatiser comme des voleurs de jobs. Abdelkhalek ZYNE