Le round du dialogue social du mois de septembre aura-t-il lieu ? À ce jour, le Gouvernement n'a pas fixé de date pour se réunir avec les centrales syndicales les plus représentatives. Aucune invitation n'a été adressée à cet effet aux syndicats. Ces derniers sont dans l'expectative. Ils ne gardent pas pour autant les bras croisés. Selon les syndicats, la rentrée sera chaude. Les instances dirigeantes des organisations syndicales se concertent pour préparer leur riposte. Elles exigent d'abord l'application de l'accord du 26 avril 2011. Unis contre l'indifférence de l'Exécutif L'UMT (Union marocaine du travail) déplore la rupture du dialogue social et impute la responsabilité au Cabinet de Benkirane. « Nous avons lancé plusieurs appels au Gouvernement à travers nos communiqués et nos rencontres pour reprendre le dialogue et se réunir autour de la table des négociations. Cependant, nous n'avons reçu aucun écho favorable de la part du Gouvernement », s'indigne Farouk Chahir, Secrétaire général adjoint de l'UMT. Le numéro 2 de la plus vieille centrale syndicale reproche au Gouvernement son « indifférence » à l'égard des doléances de la classe ouvrière. « Nous voulons que le dialogue social reprenne pour discuter de plusieurs points urgents. C'est le cas des libertés syndicales qui sont bafouées au quotidien. Les délégués syndicaux sont victimes de licenciement, de révocation et d'arrestation sans que le Gouvernement ne bouge le petit doigt pour appliquer la loi et protéger les libertés syndicales », poursuit Farouk Chahir, qui déplore l'augmentation du prix des denrées de première nécessité comme le lait. « La hausse des prix de ces produits alimentaires touche au pouvoir d'achat des citoyens. Le Gouvernement doit donner des explications à ce sujet », exige-t-il. L'UMT réitère sa revendication liée à l'augmentation du SMIG. « Des dossiers nationaux prioritaires comme la réforme de la retraite doivent être discutés. Le dialogue social doit reprendre le plus tôt possible», martèle le Secrétaire général adjoint à l'UMT. Même son de cloche chez la FDT (Fédération démocratique du travail). Son Secrétaire général Abderrahmane El Azzouzi affirme que des réunions ont eu lieu avec d'autres organisations syndicales notamment la CDT pour décider des actions à mener dans le cas où le Gouvernement maintient sa position « d'indifférence et de négligence » des revendications de la classe ouvrière. « Le Gouvernement doit assumer ses responsabilités et respecter le calendrier du dialogue social fixé en deux rounds annuels, avril et septembre. Depuis 2011, il n'y a eu aucune rencontre avec le Gouvernement. Ce dernier doit d'abord appliquer les engagements de l'accord du 26 avril 2011 », insiste Abderrahmane El Azzouzi. De son côté, la CDT (Confédération démocratique du travail) accuse le Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane de « d'atermoiement ». « La classe ouvrière souffre le calvaire avec le Gouvernement Benkirane. Tous nos appels au dialogue ont été voués à l'échec. Au lieu de s'asseoir autour de la table des négociations pour trouver des solutions aux dossiers chauds de la Nation, le Gouvernement préfère tergiverser», regrette le Secrétaire général de la section locale de la CDT, Mustapha Chtatbi, avant de poursuivre : « Nous ne voulons pas d'un dialogue social vide. Nous voulons que les engagements de 2011 soient appliqués puis discuter des autres dossiers en suspens ». « Dans le cas où le Gouvernement maintient sa position, nous allons riposter. Nous sommes en train de discuter les actions à mener. La rentrée sera chaude », promet Mustapha Chtatbi. Le PJD défendu par son syndicat L'UNTM (Union nationale du travail au Maroc), bras syndical du PJD (Parti de la justice et du développement) ne partage pas l'avis des autres syndicats. Cette organisation syndicale défend les « réalisations » du Gouvernement. « Le Gouvernement applique au fur au mesure les engagements de 2011. Il y a plusieurs exemples dont le projet de loi sur l'indemnité pour perte d'emploi et le projet de loi amendant le régime de la sécurité sociale (CNSS). Certes, certains points sont restés en suspens. Nous espérons que le Gouvernement reprendra le dialogue social et fixera une date pour le mois de septembre pour les discuter. Il est vrai que le Chef de Gouvernement a des contraintes notamment pour la constitution de la majorité après le retrait du parti de l'Istiqlal, mais, la reprise du dialogue social est une priorité pour la paix sociale », souligne Abdelilah El Hallouti, Secrétaire général adjoint de l'UNTM. Contacté à maintes reprises, le Secrétaire général de l'UGTM, Hamid Chabat, est resté injoignable. De même que le porte-parole du Gouvernement Mustapha EL Khalfi.