Inspiré du philosophe français Michel Onfray qui a créé, en 2002, l'université populaire de philosophie pour répondre à ce qu'il qualifie de nécessité d'éducation collective, qu'il veut libertaire et gratuite, les membres de l'Union des étudiants pour le changement du système éducatif (UECSE) ont fondé leur propre université populaire de philosophie public. Ce jeudi 29 août, l'événement intellectuel «l'flssafa fzenka», littéralement «la philosophie dans la rue», se tiendra devant l'Institut de Cervantès à partir de 18h. Selon les organisateurs, ce rendez-vous pour objectif de discuter de la philosophie et également de vulgariser les concepts philosophiques. L'université populaire de philosophie se veut un espace de libre expression : la parole est à vous pour partagez vos réflexions. «Notre but est d'élever les consciences par le biais de la philosophie. En créant une université populaire de philosophie l'UECSE ne participe pas seulement à l'épanouissement des mentalités des élèves et des étudiants mais prouve aussi que ces derniers ont la capacité de créer une alternative au système éducatif actuel.», constate Anas Hmam, participant et organisateur de la première rencontre de «l'flssafa fzen9a». Le thème de la cinquième activité de l'université populaire a été traité par de nombreux philosophes tout au long de l'Histoire avec des points de vue divergents à chaque époque. Le thème est en l'occurrence le «choix». Qu'est ce que le choix? Est-il libre ou déterminé ? De nombreuses questions existentielles mais qui rappellent notre quotidien. Développer l'esprit critique et banaliser la pensée libre Des étudiants, des professeurs, ainsi que des férus de la lecture notamment celle philosophique assistent aux événements de l'union et en particulier à l'événement «l'flssafa fzenka». L'université populaire de philosophie vise à faire de la philosophie un art accessible non seulement à l'élite mais également aux non initiés. «Ce que l'on veut, c'est que tout le monde : étudiant, élève, chômeur, sans domicile fixe, sans papier, professeur, travailleur au centre d'appel… soit capable de faire de la philosophie.», nous confie Nabil Belkabir, l'organisateur de cette rencontre. Nabil ajoute que s'ils ont choisi la philosophie, c'est parce qu'ils pensent qu'elle peut réellement être le vecteur d'une prise de conscience généralisée et d'un changement des mentalités. «C'est ce dont notre pays a besoin actuellement. Développer l'esprit critique, banaliser la pensée libre, éveiller la créativité de chacun, voici ce que nous permet la philosophie.», analyse Nabil. Chaque rendez-vous attire entre une vingtaine et une cinquantaine de personnes. Cette fois-ci, les organisateurs comptent regrouper plus de personnes à l'approche de la rentrée universitaire. Les gens se déplacent de Casablanca, Kénitra, Khemissate… vers Rabat pour assister aux débats qui durent entre 2 et 4 heures ponctuées par des exposés. « L'flssafa fzenka me permet vraiment de dire tout ce qui me passe par la tête et tout ce que je considère comme important sans jamais pouvoir le dire» confie Nabil, étudiant à l'Ecole de gouvernance et d'économie. «Vivre une expérience philosophique spéciale» L'aspect ouvert de l'événement est très admiré par les participants. Tout le monde peut intervenir et proposer la thématique à débattre lors de la prochaine édition. Certains interviennent, d'autres aiment écouter. « Je trouve que la vulgarisation des propos philosophiques et l'échange entre les participants est très constructif en sachant que l'assistance est disparate.», remarque Hicham El Alaoui, étudiant à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan 2. Hicham affirme qu'il est plus que satisfait, parce que, finalement, il a eu l'occasion de parler philo, chose qui n'était pas possible, malgré le cours de philosophie du lycée, parce que selon lui le système éducatif au Maroc est tellement défaillant, qu'il n'est pas possible d'en profiter « L'flssafa fzenka m'a permis de vivre une expérience philosophique spéciale.», lance Hicham d'un ton très content. L'Union des étudiants pour le changement du système éducatif est toujours en action. Ses membres travaillent d'arrache-pied pour éveiller les consciences et les esprits des jeunes étudiants. Ce dimanche, l'union a organisé un atelier de documentation : Analyse des deux derniers discours du roi Mohammed VI sur l'éducation. Pour la prochaine rentrée universitaire, ses jeunes pleins d'ambition et d'espoir envisagent de mettre en place un tout nouveau concept: le travail au sein des écoles dans des «clubs de conscience estudiantine» qui auront pour objectif d'élever la conscience directement dans les écoles à travers des ciné-club, des clubs de lecture, des débats, des projections… Adil Chadli (journaliste stagiaire)