L'Union des étudiants pour le changement du système éducatif (UECSE) a appelé à la mobilisation de l'ensemble des étudiants du royaume, aujourd'hui à 16 heures pour des sit-in à l'échelle nationale. Le but étant de revendiquer une réforme radicale du système éducatif. Les étudiants en colère comptent aujourd'hui des sit-in de protestation. Ici, le 17 juillet à Casablanca. Créée le 7 juillet 2012, l'Union des étudiants pour le changement du système éducatif (UECSE) est un groupement de jeunes Marocains qui ont pour principal objectif, de débattre, d'agir et de proposer des solutions concrètes afin d'améliorer le système éducatif au Maroc. L'UECSE organise de temps en temps des meetings, des conférences ou encore des tables rondes. Leur premier sit-in aura donc lieu aujourd'hui dans différentes villes du royaume à 16 heures. Les étudiants de Rabat, Salé, Témara, Kénitra se réuniront devant le ministère de l'Education nationale à Rabat (Bab Rouah). Les étudiants de Casablanca, Mohammedia et régions se retrouveront à la Place Mohammed V de Casablanca. Pour les étudiants de la zone Nord, le rendez-vous est pris à la Place des Nations à Tanger. D'autres villes comme El Jadida, Meknès, Safi et Agadir connaîtront aussi des manifestations similaires. Basta l'abêtisation, oui à la transparence Des images pleines de volonté militantiste, des vidéos à l'esprit Ché-Gévarien et des appels aux sit-in pour une réforme radicale du système éducatif pullulent sur la page Facebook de l'UECSE... « Nous vivons dans un pays qui est classé 126e dans l'indice du développement humain. Les citoyens marocains peuvent-ils continuer à ignorer le fait que leur avenir est largement compromis et que le système éducatif est en train de sacrifier des générations toutes entières ? Sommes-nous frappés d'une stérilité intellectuelle pour être incapables de trouver une solution à ce problème ? » Sur Youtube, Wissam, une membre de l'UECSE pose des questions osées et ne semble pas avoir froid aux yeux. Elle n'est pas la seule en tout cas à rouspéter contre le système éducatif marocain. Une liste de revendications est en cours de rédaction. L'UECSE propose entre autres « l'ouverture d'un débat national afin d'intégrer tous les membres de la société civile au cœur du problème de la fragilité du système éducatif marocain. Il faut briser ce silence et inciter tous le monde à réagir. », nous explique Basma Bakri, responsable en communication de l'UECSE. Les membres de cette union aimeraient notamment connaître la vision du gouvernement actuel sur l'éducation d'ici 2020 et 2030. Parmi les revendications de l'UECSE : « Il est plus logique de passer les concours sans seuil car cela permettrait à chaque étudiant d'être au moins jugé objectivement par le concours, tout en respectant les postes budgétaires alloués au recrutement. Il faudra aussi penser à augmenter le budget de l'éducation nationale pour la construction d'écoles dont le Maroc a besoin mais aussi pour revoir le salaire de nos professeurs, leurs effectifs et surtout pour les former convenablement. Les programmes scolaires doivent être revus de A à Z car inappropriés à la qualité des systèmes scolaires qui ont réussi ailleurs. Les offres d'emploi dans de nombreux secteurs sont quasi-inexistantes. L'Etat devrait donner la chance à tous les métiers de coexister. », développe Basma. Un système éducatif « insupportable » Les membres de l'UECSE estiment qu'ils ont « touché le fond » puisque la mention « Bien » ou encore la mention « Très bien » ne les mènent plus là ou ils rêvaient étudier. « J'ai travaillé dur et j'ai eu 17,27 et je voulais accéder à une école d'architecture mais des étudiants pas du tout qualifiés ont pris ma place car leurs enseignants leur ont gonflé les notes. C'est monnaie courante au Maroc », s'indigne une étudiante. Et Basma d'enchaîner : « En gonflant les notes, certaines écoles privées poussent davantage les responsables à augmenter les seuils afin de sélectionner les élèves les plus « méritants » et, au final, on se retrouve avec des bacheliers qui ont des mentions « Bien » mais qui ne peuvent postuler qu'à la faculté ou dans d'autres écoles privées s'ils ont les moyens. » Pire que ça, les membres de l'UECSE pointent du doigt d'autres problèmes tels que le problème de l'équivalence, l'infrastructure des écoles et le manque de matériel, le népotisme et le favoritisme, la privatisation de l'enseignement, le manque de cités universitaires, les inégalités dans la délivrance des bourses et leur insuffisance ou encore le manque de choix des filières dans l'enseignement supérieur… Daoudi rassure Les membres de l'UECSE ont notamment mentionné dans leurs revendications, leur vulnérabilité vis-à-vis de l'annonce de Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, à mettre fin à la gratuité des études supérieures. Devant la chambre des Conseillers, le ministre a démenti très récemment qu'il ait décidé de mettre fin à la gratuité de l'enseignement supérieur en précisant que «la gratuité demeure la règle et le paiement l'exception». Concernant la bourse et la vie dans le campus, le ministre avait annoncé que le nombre de bourses passera de 180 000 à 216 000, le nombre de lits de 54 000 à 90 000 en une année et celui des repas des campus universitaires de 5 à 15 millions au prix unitaire de 1,4 DH. Uniquement, souligne le ministre, les familles « aisées » seront amenées à contribuer financièrement à l'enseignement de leurs enfants. * Tweet * * *