Vous êtes ici : Actualités / A La Une / Nouvelle approche face à la corruption L'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) a adopté depuis quelques années une nouvelle approche de prévention et de lutte contre la corruption. Sélectionnant des secteurs-clés, l'ICPC adopte une approche sectorielle basée sur une approche scientifique et sur le partenariat avec les professionnels et les institutionnels. Dans ce cadre, l'Instance a fait appel à l'organisme de recherche et de conseil spécialisé dans le domaine de l'anti-corruption « U4 » (anti-corruption resource center) afin de produire un rapport d'analyse évaluant l'efficacité des mesures entreprises depuis quelques années. Bilan d'étape satisfaisant « Le bilan est positif, avec quelques recommandations », déclare Yassine Foukara. Et pour cause, « c'est la première fois dans la région MENA qu'une telle approche a été mise en œuvre. C'est une approche basée sur le partenariat, sur la participation volontaire du secteur et sur une approche scientifique d'analyse des risques qui donne lieu à une stratégie. En termes de recommandations, U4 suggère la création d'une commission conjointe composée de représentants de haut niveau des deux institutions dès la signature de la convention de partenariat avec le secteur et l'organisation de réunions périodiques de suivi et d'évaluation, l'organisation de campagnes de communication et de sensibilisation internes auprès des différentes catégories de professionnels, des campagnes ayant pour principaux objectifs de montrer la volonté politique des responsables du secteur, d'impliquer les différentes catégories de personnel et de les informer des différents travaux communs afin qu'ils soient préparés et qu'ils participent activement à ces travaux. Un impact visible à partir de 3 ans « Le changement prend du temps car c'est un processus de changement. Je pense qu'une durée moyenne de trois à quatre ans sera suffisante pour un impact visible », déclare Yassine Foukara. « Cela n'empêche pas qu'en cours de route, on observe des bribes de changement. A titre d'exemple, dans le secteur de la santé, il y a un nombre important de mesures telles que l'interdiction des médecins du public de pratiquer dans le secteur privé ainsi que la réduction des prix des médicaments qui ont été mises en place », ajoute-t-il. Un approche novatrice L'approche sectorielle, adoptée par l'ICPC, vise à élaborer une stratégie sectorielle efficace et ciblée afin de lutter contre la corruption dans les secteurs ayant un impact direct sur les citoyens. « La prévention et la lutte contre la corruption nécessitent des moyens humains et financiers très importants car la corruption est répandue un peu partout. Pour lutter de façon efficace et effective contre cette corruption, il faut nécessairement adopter une approche stratégique globale qui va s'attaquer à la corruption de tous les côtés », explique Yassine Foukara ». L'approche sectorielle dans le domaine de la prévention et de la lutte contre la corruption analyse les spécificités de la corruption et ses manifestations au niveau de chaque secteur. L'importance de cette approche réside dans sa capacité à élaborer une cartographie des risques et à identifier des foyers potentiels de corruption en vue de proposer des mesures concrètes de prévention et de lutte contre la corruption, ayant un impact direct et un résultat palpable. « Dans le cadre de cette approche, l'ICPC a choisi une approche sectorielle pour la mise en œuvre de sa stratégie globale pour plusieurs raisons. Tout d'abord, pour une raison de priorisation et de ciblage : on cible les secteurs qui ont le plus d'impact sur les citoyens et ce sont souvent ces secteurs où il y a le plus de risque de corruption et nous ciblons également les secteurs qui ont déjà des programmes de lutte contre la corruption », explique Foukara, ajoutant que « la seconde spécificité de l'approche sectorielle adoptée par l'ICPC est le partenariat avec les acteurs dans le secteur concerné, qu'il s'agisse d'institutions ou de professionnels ». Cinq secteurs prioritaires ont été déterminés par l'ICPC. Il s'agit de la santé, de l'éducation, de l'habitation et l'urbanisme, de la justice et du transport routier. Des conventions ont été signées entre 2010 et 2011 avec les ministères de tutelle, à l'exception de la justice. « Dans le cadre de ces partenariats la première action que nous menons généralement est la réalisation d'une étude de diagnostic et d'évaluation du système d'intégrité au sein du secteur, de la gouvernance du secteur et de la corruption dans le secteur. Cette étude qui est très globale nous permet d'élaborer une cartographie très précise des risques de corruption dans le secteur. Il est donc plus facile de proposer une stratégie dédiée avec des mesures concrètes et pratiques pour lutter contre la corruption », explique Yassine Foukara.