Vous êtes ici : Actualités / Economie / Sukuks, nouveau gisement de financement pour le Maroc Depuis la crise déclenchée en 2008, les investisseurs et les Etats ne cessent de cumuler les contreperformances et la conséquence de leurs négligences du risque, d'où le recours à la titrisation ainsi qu'à la finance islamique pour diversifier leurs modes de financement. Le démarrage des émissions de Sukuks a démarré au début des années 2000 avec quelques émissions souveraines notamment au Moyen Orient. Le Maroc est doté d'une réelle chance de coordination avec un gouvernement coopératif, une économie en croissance stable par rapport aux autres pays voisins ainsi qu'un appétit non négligeable de la part des investisseurs locaux et internationaux fluidifiant ainsi le gisement d'une finance islamique, a précisé Anass Patel, président de 570 Asset Management, a l'occasion d'un workshop organisé par la bourse de Casablanca jeudi 27 juin sous le thème des «Sukuks, nouveau gisement de financement pour le Maroc». Le montant des émissions a quasiment grimpé de façon exceptionnelle. Il est passé de 7,2 milliards de dollars à plus de 144 milliards de dollars, de 2004 à fin 2012. Cette progression n'est pas prête de s'arrêter, selon Ali Alami Idrissi, associé fondateur d'Optima Finance Consulting lors de l'événement avant de poursuivre «Le sujet reste donc relativement nouveau. Certaines problématiques attendent encore d'être cernées. Par contre, l'intérêt est là, aussi bien de la part des Etats que de la part des émetteurs, au sein des pays musulmans que des pays non musulmans. Plusieurs opérations de Sukuks ont été initiées par des entreprises occidentales notamment l'émission de General Electric qui a émis un montant de 500 000 Dollars. Des titres financiers hybrides négociables S'exprimant lors d'une rencontre sur les «Sukuks», le nouveau gisement de financement pour le Maroc», Anass Patel a expliqué que ce workshop ambitionne de vulgariser la finance islamique et les obligations islamiques, dites Sukuks soulignant que ces derniers pourraient trouver leur place sur le marché marocain, en tant que nouvelle alternative de financement à l'instar du financement bancaire et la titrisation. Les Sukuks, sont définis par Anass Patel comme étant un instrument protéiforme à différentes saveurs et consistances qui donnent lieu à des rémunérations (dites coupons) liés à la performance d'un actif sous-jacent et non à des intérêts fixés d'avance comme c'est le cas pour les obligations conventionnelles. Il souligne également que les Sukuks sont des titres financiers hybrides négociables dont la rémunération et le cas échéant, sont indexés sur la performance d'un ou plusieurs actifs sous-jacents détenus directement ou indirectement par l'émetteur. Leurs porteurs bénéficient d'un droit assimilé à un droit de copropriété direct ou indirect sur ce ou ces actifs. Le ou les actifs concernés sont des services, des biens ou des droits à l'usufruit de ces biens ou droits. Ils sont avant tout des instruments de rendement lié à l'économie réelle exigent que tous les financements soient acheminés directement à des fins productives, par opposition à des activités purement spéculatives. Le président de 570 Asset Management n'a pas manqué de préciser que l'origine de la valeur doit venir de la production et l'exploitation d'un bien tangible. Il a aussi mis l'accent sur les risques liés à la finance islamique et plus précisément aux Sukuks notamment le risque de marché (taux, devises), le risque de crédit, de liquidité, de sous-jacent/contrepartie ou encore le risque dit de conformité ou opérationnel. Après avoir expliqué que les Sukuks sont identifiés dans le même arsenal juridique que la titrisation, la directrice générale de Maghreb Titrisation, Houda Chafil, a indiqué que son département et le ministère de l'Economie et des Finances travaillent ensemble sur la loi 33-06 concernant la titrisation des créances introduisant les Sukuks. Les différentes formes de Sukuks ont été présentées, citant notamment les Sukuks «Ijara», comme une forme très prisée par les investisseurs qui se prêtent plus au financement de projets touristiques et de certains projets d'infrastructures, les Sukuks «Al Istisnaa», un fonds qui émet les Sukuks pour financer de lourds projets industriels, manufacturiers ou immobiliers, les Sukuks «Salam» ou encore «Al Wakala».