Si l'on se tient à la date annoncée par les salariés grévistes de Shell du Maroc, dans leur préavis de grève, il ne reste plus que quelques jours avant la conclusion du deal portant sur la vente de Shell du Maroc. Le document annonce, en effet, un accord entre le géant mondial Royal Dutch Shell et l'éventuel acheteur pour lundi 17 mai. Au fur et à mesure que cette date approche, les interrogations se font plus grandes sur l'identité du repreneur. Mais avant d'en parler, des sources concordantes tiennent à signaler une précision de taille. En effet, il n'est pas question que le groupe Royal Dutch discute séparément la vente de la filiale marocaine ou de n'importe quelle autre filiale dédiée à un seul pays. Le deal de la cession des activités en Afrique portera sur les 21 filiales dont la liste a été présentée dans le communiqué officiel annonçant la cession. En clair, Shell ne cédera qu'à un seul acheteur l'ensemble des filiales africaines dont il veut se désengager. De ce fait, ce ne peut être qu'un opérateur de grande envergure qui peut se porter candidat. L'ensemble des experts et opérateurs du métier que nous avons interrogés désignent l'opérateur libyen Oilibya comme étant cet éventuel repreneur. Certains vont même jusqu'à dire que les négociations entre Royal Dutch Shell et Oilibya sont bien avancées. Au-delà des spéculations autour de l'avancement des négociations, le deal Shell-Oilibya repose sur des arguments logiques. En effet, la société, dont les liens avec le leader libyen Maâmmar Kadhafi et sa famille ne sont un secret pour personne, est parmi les rares opérateurs pétroliers omniprésents dans le continent noir. Le groupe libyen ouvrirait une partie du capital de la filiale marocaine rachetée à des institutionnels locaux. Il dispose en effet de filiales dans 22 pays africains. La tête de pont de ces structures a récemment été déplacée à Casablanca. Elle se dotera de locaux flambants neufs au sein de CasaNearShore. Malgré cette omniprésence, Oilibya crie sur tous les toits que ses ambitions de croissance ne sont encore qu'à leur début. La société a déclaré à maintes reprises qu'elle est partante pour saisir les nouvelles opportunités de croissance en Afrique. La reprise du réseau Shell est l'une des plus juteuses. En attendant des annonces officielles du groupe, ces analyses et déclarations demeurent des suppositions. Des sources proches du dossier affirment qu'un haut responsable de la filiale africaine du groupe fera le déplacement de Johannesbourg (Afrique du sud) à Casablanca pour étayer le sujet. Cette annonce soutient l'information évoquant une cession à Oilibya, du moment que le siège régional de celle-ci a pignon sur rue dans la capitale économique marocaine. Le groupe libyen ouvrirait une partie du capital de la filiale marocaine rachetée à des institutionnels locaux. La question de la vente à l'échelle continentale étant réglée, qu'en est-il du Maroc ? Théoriquement, la filiale marocaine fera partie du package africain qui sera cédé et sera traité comme les 21 autres filialee de Shell en Afrique. Mais la configuration ne sera pas aussi simple que cela. Une fois la cession des filiales africaines opérée, des sources concordantes dans le milieu des affaires casablancais estiment que le groupe libyen ouvrirait une partie du capital de la filiale marocaine rachetée à des institutionnels locaux. Le nom de l'ensemble ONA-SNI revient le plus souvent. Des sources concordantes soutiennent cette hypothèse mais ne la confirment pas. Au sein du groupe ONA-SNI, des sources hauts placées n'ont ni confirmé ni infirmé cette information. Mais le groupe n'est pas le seul à être cité ; on parle également du groupe Akwa et plus exactement de sa méga filiale Afriquia SMDC. Mais des experts de la place indiquent que le groupe n'est pas financièrement prêt à le faire. Cette supposition a été faite avant l'annonce d'une levée de fonds d'Afriquia Gaz portant sur 800 millions de DH, sur cinq ans. Cette somme serait-elle destinée à aider le groupe pour reprendre l'activité gaz de Shell ? Rien n'est moins sûr. Cela dit, bon nombres d'opérateurs et d'experts du secteur envisagent un montage impliquant Oilibya, ONA et Akwa dans le cadre de la reprise de Shell du Maroc. Mais personne ne peut encore confirmer cette supposition. Social Le top management choisit de temporiser Les salariés de Shell du Maroc ont tenu parole. Cadres et opérateurs de la société ont fini par faire grève devant le siège de l'UMT au début de cette semaine. Une action largement médiatisée, puisque même la chaîne satellitaire Al Jazeera l'a couvert dans son journal maghrébin. Face à cet engagement syndical soutenu médiatiquement, le top management de la société a choisi de temporiser. Les négociations entre personnel et dirigeants à permis de réduire la grève illimitée en une action de 24 heures. Dans son communiqué officiel, Mohamed Raïhani, le country manager de Shell au Maroc précise : «nous avons déjà indiqué que les préoccupations du personnel seront la priorité dans toutes nos relations avec tout nouvel acquéreur potentiel. Dans l'intervalle, je peux donner l'assurance que le personnel sera traité de façon équitable dans le respect des pratiques mondiales de Shell et des lois applicables au Maroc». La déclaration n'évoque pas le dossier des indemnités qui constitue le principal point de discorde entre Shell du Maroc et son personnel.