Le groupe se désengage de 21 pays en Afrique. Le processus de vente nécessiterait plusieurs mois. L'ensemble ONA-SNI cité parmi les éventuels repreneurs. Dans quelques mois, le coquillage jaune et rouge qui orne nombre de stations services disparaîtra des routes marocaines. Comme nous l'avions annoncé il y a plusieurs semaines, le groupe Royal Dutch Shell, propriétaire de cet emblème, a décidé de céder ses activités de distribution d'hydrocarbures au Maroc. Et il n'est pas le seul sur la liste. Il fait partie de 21 pays en Afrique, concernés par cette décision. L'annonce officielle date de jeudi matin : Shell «a annoncé aujourd'hui qu'elle étudie différentes options relatives à ses participations dans les activités Aval qu'elle possède dans 21 pays d'Afrique. Bien qu'un certain nombre d'options soient envisagées, le scénario privilégié est la vente de la plupart des entités concernées qui poursuivront leurs activités actuelles, sous réserve de l'issue favorable de négociations et de l'obtention des autorisations requises par la société et les autorités réglementaires». Une manière diplomatique et bien détaillée pour dire que la société va tout vendre. Ce n'est pas un scoop que vient d'annoncer le groupe Royal Dutch Shell. Ce n'était d'ailleurs qu'une question de temps pour que cette décision soit prise en Afrique. En Europe, elle est déjà mise en oeuvre dans de gros marchés tels que la France, la Grèce et le Portugal. C'est une déclinaison de la stratégique globale du groupe qui se base sur le principe «More Upstream, profitable downstream» (plus d'exploration, distribution profitable). C'est dans ce cadre qu'elle a initié le plus gros projet industriel au monde pour l'exploitation et la valorisation de champs gaziers au Qatar. Le Maroc se trouve en tête de liste des 21 pays, suivi de la Tunisie, l'Egypte, l'Algérie et la Côte d'Ivoire. Seules quelques activités de fabrication de lubrifiant seront maintenues en Egypte. «La cession des filiales africaines ne veut pas dire qu'elles ne sont pas rentables. Les entreprises visées par cette revue en Afrique sont rentables et exploitées de manière professionnelle. Elles occupent des positions fortes sur leurs marchés respectifs et offrent de bonnes perspectives de croissance aux propriétaires souhaitant investir dans celles-ci», note Xavier Le Mintier, vice-président exécutif du géant pétrolier anglo-néerlandais. Bien que conscient de cette réalité, le Country Chair (directeur pays) de Shell du Maroc, Mohamed Raïhani, a démenti, jusqu'au bout, la vente de la filiale marocaine. Dans une discussion avec Le Soir échos, il avait précisé que le Maroc faisait partie du profitable DownStream que Royal Dutch Shell voulait garder dans son portefeuille. Finalement, il n'en est plus rien. La question qui se pose actuellement est de savoir qui va racheter Shell du Maroc ? Pour les 21 pays qui composent la liste, le vice-président exécutif du groupe précise que «les premiers signes laissent à penser qu'un certain nombre d'acheteurs sont intéressés par la possibilité d'acquérir ces entreprises qui poursuivront leurs activités et nous allons maintenant entamer une série de négociations, en vue d'obtenir le meilleur résultat possible pour nos actionnaires, nos clients et notre personnel». Dans le cas marocain, ces négociations peuvent durer entre 6 et 12 mois, voire plus. Deux noms se dégagent déjà par rapport aux éventuels repreneurs au Maroc. Il y a d'abord Oil Libya qui avait été annoncé en premier et qui, à maintes reprises, n'a pas caché sa volonté de se renforcer au Maroc. Des sources, internes à la société, nous précisent que le sujet n'est pas à l'ordre du jour, du moins pas pour le moment. Le second candidat ne serait autre que le leader du secteur, le groupe Akwa, via sa filiale Afriquia SMDC. Le président du pôle hydrocarbures du groupe, Adil Ziady, nous avait confié dans une discussion en aparté qu'aucune opportunité de croissance externe n'était exclue. Néanmoins, des sources, internes à la société, nous ont indiqué, jeudi, qu'aucune discussion n'était engagée à ce sujet au niveau opérationnel. Le jour de l'annonce de ce désengagement, des informations ont filtré par rapport à un troisième repreneur. Il s'agirait, selon nos sources, de l'ensemble ONA-SNI. Contacté par nos soins, un haut responsable de la SNI n'a ni confirmé ni infirmé l'information. Il n'a même pas souhaité se prononcer sur l'éventualité que ce deal soit inscrit sur l'échiquier d'investissement des holdings royaux qui ne feront plus qu'un. Cela dit, rien n'empêche que d'éventuels repreneurs, que ce soit ceux évoqués ou d'autres, se mettent à deux, ou à plusieurs, pour reprendre l'affaire. D'autant plus, qu'il s'agit du deuxième opérateur le plus important dans le secteur des hydrocarbures au Maroc. Son réseau compte plus de 300 stations dont près d'une dizaine sur les axes autoroutiers. Ajouter à cela une capacité de stockage importante aussi bien dans le Nord que dans le Sahara. Sans oublier le juteux marché de l'armée que Shell assure depuis des décennies. Si effectivement l'ensemble ONA-SNI est intéressé par le rachat de Shell du Maroc, cela lui permettra une entrée spectaculaire dans un marché considéré parmi les plus rentables de l'économie marocaine.