(Suite de la page Une) …Seulement, la réalité semble tout autre. Ces divergences d'approches entre le ministère et les associations de jeunesse ont des soubassements politiques. «C'est une affaire très politisée», confie un proche collaborateur du ministre Moncef Belkhayat. «85% des encadrants de l'Organisation des pionniers enfants du Maroc sont membres du parti», confirme Rachid Roukbane, président de l'Organisation et membre du Comité central du PPS. Toutefois tient-il à préciser, «notre organisation, forte de 10.000 membres dont 1.500 encadrants, est une structure indépendante du parti». Un véritable vivier pour le parti pour tout dire. Il en est de même pour les nombreuses associations contrôlées par les cadres de l'USFP. «C'est d'ailleurs en faisant valoir leur force de mobilisation, à travers ces associations de jeunesse, que certains de leurs dirigeants prétendent à des postes avancés dans l'appareil du parti», confie ce membre du cabinet du ministre. Par ailleurs, explique la même source, «nous sommes à quelques mois du lancement du programme des colonies de vacances. Et tout le monde sait combien ces colonies sont politisées. On y trouve de tout : des partis de la gauche, de la droite et les islamistes de tout bord». Sauf que, pour le moment, ni les islamistes encore moins les partis, dits de droite, ne voient utile de participer à cette politique. A l'exception, bien sûr, des groupes parlementaires du Rassemblement constitutionnel unifié (RNI et UC) qui ont mobilisé leur force pour défendre le ministre. Et cela en lui permettant de défendre sa version par le biais de questions orales bien étudiées. En attendant que les deux parties aboutissent à un consensus, le ministre Belkhayat se montre intraitable. Du coup, la coalition du Premier ministre se retrouve divisée en deux clans : les pour et les contre Belkhayat. Le RNI et son nouvel allié, l'UC, d'un côté et l'USFP et le PPS, de l'autre. Et cette polémique est loin de s'apaiser. Les deux parties campent sur leurs positions.Pour le ministère, seules les associations ayant signé un contrat-objectif (quelque 220 pour le moment) bénéficieront de subventions pour les colonies de vacances. Les associations (particulièrement celles proches de l'USFP et le PPS) ne l'entendent pas de cette oreille. «Nous n'allons pas signer un contrat à l'élaboration duquel nous n'avons pas été associés», tranche Rachid Roukbane. «Qu'à cela ne tienne, le ministre est ouvert au dialogue, la seule condition que chaque dirham qu'il accorde comme dotation soit justifié et que les associations s'occupent aussi bien de l'hébergement que de l'encadrement des enfants des colonies», affirme ce proche collaborateur du ministre. «Les associations ne disposent pas de systèmes de gestion et d'administrations financières» rétorque Abdellatif Ouammou. Ces derniers proposent que le ministère ferme les yeux cette année et qu'il mette en exécution sa stratégie «de manière progressive». En attendant que les deux parties aboutissent à un consensus, le ministre Belkhayat se montre intraitable. Et ce ne sont pas les question parlementaires, quel que soit le degré de leur virulence, qui le dissuaderont. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi alors que son parti dispose du premier groupe parlementaire à la première Chambre est 3e à la Chambre des conseillers ? Colonie de vacances Une affaire juteuse Les associations qui encadrent les enfants des colonies de vacances empochent une dotation de 20 DH par jour pour chaque bénéficaire. «Cet argent est perçu par les organisations nationales et n'est pas souvent répercuté au niveau de leurs antennes régionales. En plus, les parents des bénéficiaires déboursent des frais de participation allant de 400 DH à 600 DH», explique ce membre du cabinet du ministre. Alors que l'hébergement et la nourriture sont assurés par le ministère. Le plan de Moncef Belkhayat consiste à déléguer l'encadrement et l'alimentation aux associations avec obligation de présenter un bilan comptable au terme de l'opération. Ce que ses détracteurs refusent. Autre motif de cette levée de bouclier, contre le ministre : les associations se partagent les 50 sites d'estivage du royaume. «Elles en ont fait presque une propriété foncière», ironise notre source. En conséquence : certaines de ces associations ont signé des contrats avec des pays comme l'Egypte, la Syrie ou encore la Palestine pour des programmes de colonies en précisant les sites. D'autres ont signé des conventions avec des entreprises publiques également pour des sites spécifiés. «Cela bien sûr en contrepartie de sommes importantes d'agent», explique notre interlocuteur. Du coup, ces associations se retrouvent, aujourd'hui, incapables d'honorer leurs engagements. A défaut de signer le contrat, elles ne sont pas éligibles à participer au programme de colonies de vacances. Donc point de site et encore moins de subvention du ministère.