Régression. Le mot revient comme un leitmotiv pour qualifier la situation des droits des femmes au Maroc. Associations des droits de l'Homme, syndicats et organisations féminines s'élèvent pour dénoncer la poursuite des « violations » des droits des femmes et la « régression des acquis », à l'occasion de la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars de chaque année. « La situation des droits des femmes au Maroc est en régression depuis l'avènement du PJD à la tête du gouvernement. A commencer par la représentativité de la femme au sein même du gouvernement. Le cabinet de Benkirane compte une seule femme. La femme marocaine peine à accéder aux postes à responsabilité au niveau des différents ministères », déplore Driss Sedraoui, président de LMCDH (Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'Homme. Ce militant des droits de l'Homme dénonce la violation des droits des femmes «soulalyattes» qui ne peuvent pas posséder de terre. Ces femmes mènent depuis des décennies un combat sans merci pour jouir de ce droit. « Malgré les circulaires publiées par le ministère de l'Intérieur pour faire bénéficier les femmes au même titre que les hommes du droit à la terre, le statut quo persiste. Ces circulaires ne sont pas appliquées », renchérit Driss Sedraoui, qui déplore le nombre élevé des décès des femmes lors de l'accouchement faute de soins. « Les femmes sont privées de leurs droits les plus élémentaires. Elles sont victimes de violence et de harcèlement sexuel», regrette-t-il. Il appelle à mettre fin à l'impunité des auteurs d'actes de violence à l'égard des femmes et des filles ainsi que la promulgation d'une loi protégeant les femmes de la violence. Même son de cloche chez l'AMDH (Association marocaine des droits humains). « La situation des droits de la femme régresse. Plusieurs facteurs en témoignent. Augmentation des cas de violence à l'égard des femmes, de viol et de harcèlement. La femme enceinte peine à accéder aux soins. Les droits économiques et sociaux de la classe ouvrière ne sont pas respectés », dénonce l'organisation, présidée par Khadija Ryadi. La femme marocaine confrontée à une législation injuste L'AMDH saisit cette occasion pour réitérer son refus concernant la décision gouvernementale de confier le projet de création de la Haute autorité de la parité et de la lutte contre toutes les formes de discrimination, prévue dans la constitution, au ministère de la famille, de la femme, de la solidarité et du développement social. « Le comité scientifique chargé du projet de loi relatif à la création de l'instance de parité a été institué sans concertation avec les organisations non gouvernementales des droits de l'Homme, féminines et syndicales », souligne l'AMDH, qui insiste sur l'indépendance de l'instance de la parité. De son côté, la fédération nationale de la santé affiliée à l'UMT (Union marocaine du travail) appelle à faire du 8 mars un jour férié et payé. « Nous réitérons notre appel à faire du 8 mars un jour férié et payé en guise de reconnaissance des efforts déployés par les femmes ouvrières en particulier les femmes travaillant dans le secteur de la santé », souligne dans un communiqué cette centrale syndicale qui appelle à « l'amélioration de la situation sociale, économique et professionnelle des femmes employées dans le secteur de la santé ». L'Organisation de la femme du secteur agricole et forestier, affiliée à la Fédération nationale du secteur agricole dépendant de l'UMT (Union marocaine du travail) profite du 8 mars pour dénoncer les « violations » des droits de la femme rurale en particulier la classe ouvrière agricole. L'organisation syndicale crie « haro » sur « les violations flagrantes des droits humains» et impute à l'Etat la responsabilité de cette situation « déplorable » de la femme ouvrière agricole. De son côté, la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes (FLDDF) s'indigne également de la « régression » des acquis. « Il est regrettable de constater que les milieux conservateurs tentent de détourner et dénaturer les acquis constitutionnels. Les femmes marocaines restent de fait sous le joug d'une législation injuste en vigueur et continuent à souffrir de mentalités dominantes patriarcales masculines rétrogrades et de pratiques de traitements dégradants des femmes portant atteinte à leurs droits fondamentaux », déplore Bouchra Abdou, coordinatrice de la FLDDF qui poursuit : « Violence, harcèlement, viol…les femmes continuent de souffrir le calvaire dans l'indifférence totale du gouvernement qui tente de déprécier les exigences de l'égalité et de la parité ». La FLDDF appelle ainsi à la réforme du système de justice pour assurer un accès rapide des femmes à la justice et une plus grande équité dans les domaines du fonctionnement de la justice et de l'égalité des sexes. Elle revendique également l'accélération de la mise en place de la loi-cadre pour lutter contre les violences faites aux femmes et l'interdiction définitive du mariage précoce avant l'âge légal de 18 ans.