La question de la violence à l'égard des femmes refait surface. Les organisations de défense des droits de l'Homme réitèrent leur appel à l'adoption d'une législation spécifique sur la protection des femmes. La Ligue démocratique pour les droits des femmes (LDDF) monte au créneau. L'organisation féministe a organisé, mercredi 14 octobre, un sit-in devant le ministère de la Justice en guise de protestation contre la persistance de la violence à l'égard des femmes. Selon la LDDF, la législation spécifique à la protection des femmes, promise il y a longtemps par le gouvernement, accuse du retard. La LDDF dénonce dans un communiqué rendu public la recrudescence des cas de violence à l'encontre des femmes, notamment des coups et blessures, des brûlures, en plus de la torture physique et psychologique, le harcèlement sexuel et même le meurtre. C'est ainsi que la question de la violence à l'égard des femmes refait surface. Contactée par ALM, Khadija Ryadi, présidente de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), a affirmé que la violence exercée à l'égard des femmes est étroitement liée au rang de la femme qui lui est accordé par la société. «Rien ne se fait au Maroc pour promouvoir la situation de la femme marocaine au sein de la société. Nous revendiquons depuis longtemps une loi spécifique pour la protection de la femme. Le gouvernement nous a promis cette loi, mais jusqu'à ce jour, il n'y a toujours rien de concret», a dénoncé Mme Ryadi, ajoutant que le Maroc est tenu par l'article 5 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes qui invite les Etats à déployer les efforts pour établir l'égalité entre les deux sexes. Selon cette militante des droits de l'Homme, il y a un autre problème qui se pose au niveau des sanctions. «Les personnes coupables d'avoir violenté une femme échappent souvent aux sanctions. L'exemple le plus typique est le cas du viol. La loi marocaine permet au violeur d'une mineure d'échapper à la peine s'il accepte de se marier avec sa victime», précise Mme Ryadi, soulignant que la violence ne se limite pas seulement à la violence familiale mais s'étend à la violence économique, l'analphabétisme et le chômage. Même son de cloche pour l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH). Jointe par ALM, Amina Bouayach, présidente de cette organisation, a mis l'accent sur la nécessité de la mise en place d'une législation spécifique pour la protection des femmes. «Au Maroc, la violence exercée à l'encontre des femmes est plus qu'un fait, c'est un véritable phénomène social. C'est presque une fonction morale aux yeux de la société. C'est regrettable comme constat. Certes, on a commencé à discuter de ce problème à visage découvert, ce qui constitue déjà un pas important mais il faut révéler aussi que l'action menée par les intervenants dans ce domaine reste très limitée», déplore Mme Bouayach. La présidente de l'OMDH dénonce, en outre, le fait que les responsables de la violence à l'égard des femmes ne sont souvent pas mis devant leur responsabilité pénale. Rappelons que le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité avait élaboré une stratégie visant la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Il s'agit notamment de la création d'un numéro vert national au profit des femmes et jeunes filles victimes de violences, ainsi que la signature de conventions de partenariat avec les départements de la Justice, de la Santé, la Direction générale de la Sûreté nationale, la Gendarmerie royale et la société civile. Des campagnes de lutte contre la violence à l'égard des femmes sont également organisées chaque année. Ceci dit, les mesures prises par le département du Développement social sont loin de convaincre les militants des droits de l'Homme de leur efficacité.