«La femme rurale participe à l'économie du pays à hauteur de 60%. Cependant, sa situation social et économique ne cesse de régresser. Elle ne jouit même pas de ses droits humains les plus élémentaires. Elle est victime d'une marginalisation croissante, de discrimination et de violence ». C'est le bilan établi par l'Organisation de la femme du secteur agricole et forestier, affiliée à la Fédération nationale du secteur agricole dépendant de l'UMT (Union marocaine du travail) à l'occasion du 8 mars, journée de la femme, qu'elle célèbre sous le mot d'ordre « Pas de justice sociale sans une égalité effective entre les hommes et les femmes dans tous les domaines ». L'organisation syndicale dénonce via un communiqué « les violations flagrantes des droits humains» et impute à l'Etat la responsabilité de cette situation « déplorable » de la femme rurale en particulier la classe ouvrière agricole. « Les ouvrières agricoles sont victimes de toutes les formes d'exploitation et de violence. Elles travaillent dans des conditions inhumaines », déplore l'Organisation de la femme du secteur agricole et forestier, qui dénonce la discrimination juridique à leur égard. Le syndicat déplore « l'absence de mesures juridiques et pratiques pour la protection contre le licenciement des ouvrières agricoles enceintes ». Son cheval de bataille : la lutte contre le harcèlement Les ouvrières agricoles souffrent également du manque d'infrastructures de base telles que les routes, l'eau, l'électricité, les écoles et les hôpitaux… L'organisation syndicale réitère à cette occasion ses revendications jugées « légitimes ». Elle insiste sur « l'intégration du genre dans la stratégie agricole » et « la mise en place des mesures susceptibles de garantir l'égalité des chances entre les femmes et les hommes au niveau de la promotion professionnelle, de la formation continue, de l'attribution des responsabilités». Le syndicat profite de l'occasion du 8 mars pour réclamer le respect des dispositions du code du travail et la révision de certaines clauses pour plus de protection de la femme. L'organisation fait de la lutte contre le harcèlement dont sont victimes les ouvrières agricole, son cheval de bataille. Elle mène depuis des années des campagnes de sensibilisation et de dénonciation des abus des patrons. Le syndicat revendique également l'amélioration des conditions de travail et la mise en place des mesures de protection des ouvrières agricoles contre toutes les formes de violence. Pour une instance indépendante Défendant les droits fondamentaux de la femme d'une manière générale, l'Organisation de la femme du secteur agricole et forestier appelle à l'accélération de la mise en place de la Haute autorité de la parité et de la lutte contre toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme comme prévu dans la Constitution. Cette instance tarde à voir le jour. Le sujet suscite depuis quelques semaines une vive polémique surtout après avoir confié au ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social la mission de création de cette instance. Un comité scientifique chargé de l'élaboration du projet de loi portant sur la création de cette instance a été institué. Cela a provoqué la colère des féministes. Celles-ci réclament une instance indépendante et non placée sous la tutelle du gouvernement. Par ailleurs, l'Organisation de la femme du secteur agricole et forestier réclame l'harmonisation de l'arsenal juridique marocain avec les conventions internationales ratifiées par le Maroc. Elle tire à boulets rouges sur le gouvernement actuel qui l'accuse d'être responsable « de la régression de la situation des droits de la femme marocaine ».