A chaque débâcle de l'équipe nationale, le parlement convoque les responsables du sport national. Mohamed Ouzzine, le ministre de la Jeunesse et des sports a donc répondu lundi aux questions des parlementaires concernant l'élimination de l'équipe nationale dès le premier tour de la Coupe d'Afrique des Nations 2013. Dans une question adressée au ministre par le RNI (Rassemblement national des indépendants), le parti de l'opposition, a demandé des explications sur cet échec. Contrairement à Rachid Taoussi, l'entraîneur national, le ministre a avoué que « c'était un choc pour lui comme citoyen ». « C'est la quatrième fois qu'on est éliminé dès le premier tour. Cela est devenu un complexe chez les Marocains. C'est une souffrance qu'on partage avec tous les citoyens». Le ministre, qui a fait le déplacement en Afrique du Sud, en assistant à deux matchs de l'équipe nationale face à l'Angola et le Cap Vert, a expliqué que cet échec ne concerne pas uniquement la sélection actuelle. il s'agit également d'un problème pour le sport national en général. « Un travail dur nous attend. Il faut commencer par la base pour avoir des champions. Nous n'avons pas une machine à champions. Il faut avoir la longue haleine. Cet échec est le résultat du travail non effectué depuis des lustres, c'est ce qui explique ces années de disette », a souligné le ministre. Le député Rniste qui a posé la question a été précis : « il n y a pas de stratégie nationale pour le sport. Arrêtez de vendre du « bluff » au peuple. Il faut avouer votre échec ». Ces mots ont sorti le ministre de ses gonds, surtout le mot « bluff ». « Si tu n'a pas honte, fais ce que tu veux », a répondu Mohamed Ouzzine. La phrase a créé un tollé au sein de la chambre des représentants. La séance a été perturbée. Le groupe socialiste a pris la parole pour « soutenir » le député qui s'est senti « offensé » par les propos du ministre. Ouzzine a expliqué que la phrase n'était pas adressée au parlementaire. Il a jouté qu'il « n'accepterait pas qu'on dise de lui de « bluffer » les Marocains ». « Nous ne sommes pas là pour cela. Retirez vos propos », a rétorqué Ouzzine, vraisemblablement énervé. « Taoussi découvrait son effectif » Si Rachid Taoussi a annoncé lors de la conférence de presse samedi, qu'il avait trouvé le noyau dur de l'équipe nationale, Mohamed Ouzzine n'est pas de son avis. « Il ne faut pas être dur avec lui (Rachid Taoussi, ndlr). Il faut avouer qu'il n'a pas réussi à former une équipe homogène. Il n'avait pas assez de temps ». La même excuse a été sortie par Taoussi. Le ministre a souligné qu'en « trois mois, il (Taoussi, ndlr) ne peut pas construire une équipe compétitive ». Le coach national avait mentionné uniquement 27 jours. Ouzzine a même ajouté, en technicien cette fois, que « Taoussi, lui-même, découvrait les joueurs pendant la compétition, jusqu'au troisième match (face à l'Afrique du Sud, ndlr) où nous avons pu voir un noyau d'une équipe compétitive ». Ouzzine a donc été obligé de répondre à ces questions, puisque c'est son travail de ministre, mais qui obligera le président de la fédération royale marocaine de football à en faire autant ? Il semblerait que les deux hommes s'évitent, même s'ils disent le contraire. Ali Fassi Fihri n'est parti à Johannesburg que lorsqu'Ouzzine est revenu au Maroc. En outre, le ministre n'a pas octroyé la subvention ministérielle à la fédération. Le ministre considère que l'institution footballistique n'a pas respecté les conditions pour la percevoir. Pour diluer ces « différends » dans l'eau, il semblerait que la FRMF ait pris en charge le voyage du ministre. Karim Alem, proche du président de la fédération et chef de la délégation marocaine pour la CAN, a nié cela lors de la conférence de presse, en dévoilant les détails des dépenses de la FRMF pendant la CAN. Ali Fassi Fihri devrait s'attendre à passer également son oral devant le parlement. Il l'avait déjà fait après la débâcle lors des JO de Londres.